100 000 000. Ce chiffre symbolique mais pourtant trop peu précis est un cap : la barre des cent millions de requins pêchés chaque année est franchie depuis plusieurs années. Depuis une grosse vingtaine d’années, l’exploitation commerciale des « dents de la mer » a connu une forte progression pour différentes raisons. Cette chasse déraisonnée, au-delà de son caractère lugubre, a un impact non-négligeable sur tout l’écosystème aquatique. Résumé des causes et des effets de cette pratique frénétique…
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Des populations en chute libre depuis les années 70
Difficile de quantifier précisément l’impact écologique de la pêche au « sharks » tant les lobbyings sont puissants et les chiffres réels cachés par les réseaux de pêche internationaux parfois frauduleux. Néanmoins, une chose est certaine : les populations mondiales de requins (et de raies) ont diminué de 71% depuis les années 70 ; des captures souvent accidentelles mais également ciblées : la viande mais également les ailerons, les branchies, la peau et l’huile de leur fois sont des « mets » très prisés par certaines populations du globe.
« On estime que 63 à 273 millions de requins ont été débarqués au début des années 2000, un pic de surpêche aux conséquences durable »
Nathan Pacoureau & Autres résumé par National Géographic
Les causes de cette surpêche sont nombreuses car les règlementations en matière de pêche sont parfois inexistantes dans certains pays et que la plupart des régions du monde sont dépourvues d’outils de surveillance ; lorsque les zones sont réglementées, les pêcheurs se dirigent vers les eaux internationales où les pratiques de pêche sont très peu codifiées. Ajoutons à ces facteurs l’opacité du secteur industriel sur cette surpêche, la non-déclaration automatique des prises et le fait que seulement 1,5% des océans ont été déclarés « protégés » et vous aurez une petite idée des causes de cette catastrophe écologique.
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Des causes multiples…
Le constat, terrible et ce, quelle que soit l’image que véhiculent ces prédateurs, a des impacts écologiques profonds ; d’une part, les requins ont tendance à se reproduire et à arriver à maturité plus lentement qu’ils sont « prélevés » ce qui a causé le classement de trois-quarts des espèces océaniques mondiales parmi la (trop longue) liste rouge des espèces menacées publiée par l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN). D’autre part, du fait de leur position dominante dans la chaîne alimentaire aquatique, les requins jouent un rôle précieux dans la préservation de l’ensemble des écosystèmes marins.
Ainsi, les populations marines de « mesoprédateurs » deviennent rapidement incontrôlables et épuisent rapidement les ressources maritimes – notamment les poissons mangeurs d’algues envahissantes – tout en endommageant les différents écosystèmes à l’équilibre fragile. Par ailleurs, les requins, via leurs excréments et leur aller-retours incessants entre les grands fonds et les eaux peu profondes, apportent des nutriments essentiels au développement des espèces vivantes dans les eaux peu profondes. « De la bouffe pour tous les petits » si l’on peut résumer ainsi les choses…
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… qui déséquilibrent en profondeur les écosystèmes maritimes ET terrestres
Et ça ne s’arrête pas là ! En effet, « fun fact », les requins sont des réservoirs de carbone car leur corps est constitué de 10% à 15% de ce gaz ; lors des morts naturelles, ils coulent avec leur carbone au fond de l’océan mais, une fois pêchés, ils représentent une nouvelle source d’émission de CO2. D’autre part, en « protégeant » certains herbiers gigantesques à travers le globe des tortues et autres brouteurs, ils permettent également à l’océan de se régénérer et de jouer son rôle de capteur de CO2. Les squales seraient alors un moyen complémentaire de combattre le réchauffement climatique.
Autre effet néfaste de cette pêche intensive, les requins jouent un rôle essentiel dans la bonne santé des coraux ; en effet, du fait d’une réaction en chaîne liée à la structure de la chaîne alimentaire, l’absence des super-prédateurs entraîne aux augmentation des prédateurs intermédiaires, tels que les vivaneaux par exemple, qui se goinfrent de poissons-perroquets habituellement consommateurs d’algues et donc régulateurs et gardiens de la bonne santé des récifs. Ainsi, avec la prolifération de ces différentes espèces d’algues, les coraux étouffent et finissent par mourir, entraînant logiquement la disparition d’espèces de poissons qui vivent en symbiose avec ces derniers. CQFD.
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Un « nouveau » fléau écolo
La surpêche des squales est donc un fléau écologique de plus à ajouter à la longue liste de ceux face auxquels l’humanité est confrontée ; ajoutons à ce massacre la menace évidente qui concerne les sources de nourritures locales, notamment dans certaines îles du Pacifique, et des pertes financières liées à la fermeture des compagnies de pêche plus responsables, à taille humaine, et vous aurez toutes les raisons de considérer que les requins sont essentiels à notre qualité de vie sur terre.
« Je regrette vraiment la décimation de la population de requins à cause du film et du livre ».
Un « mec connu » du cinéma qui se serait bien passé de cette mauvaise publicité
Et c’est Steven Spielberg lui-même qui le clame depuis la sortie des « Dents de la mer » en 1975 !
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