Vous ne vous êtes jamais demandé quelles étaient les histoires derrière ces hommes et ces femmes au marché aux poissons de Nouméa ? Ces travailleurs acharnés, pour qui l’amour de la mer et de la pêche ne s’explique pas. Bien souvent, c’est un loisir voire une passion qui s’est transformée en métier. 

Après avoir rencontré Christophe Pierron, nous avons continué notre tour du marché pour papoter avec Isabelle Lechanteur. Son sourire vous a peut-être déjà fait craquer. Si ce n’est pas son sourire, c’est sûrement son rire ou sa chevelure de feu, incontournable du pavillon de Port-Moselle, où la Calédonienne quitte rarement sa table.  

__

Isabelle, fille et petite-fille de pêcheur du marché

Depuis plusieurs années, cette pétillante Calédonienne de 43 ans n’a de cesse de choyer sa clientèle avec des produits frais, qu’elle achète aux pêcheurs professionnels. Ne vous méprenez pas, Isabelle est aussi une pêcheuse ; un métier hérité de son père et de son grand-père. Elle a tout juste 12 ans quand son père l’emmène attraper du maquereau pour la première fois. Chez les Lechanteur, le poisson se mange extra-frais. 

Isabelle se souvient de sa première pêche comme si c’était hier. “On était dans le canot, en baie de Sainte-Marie. Mon père m’a dit de me mettre à l’avant. Il avait entouré les maquereaux avec son filet et il a attrapé le bambou pour taper sur l’eau sauf qu’il m’a tapé la tête au passage. Ça m’a traumatisé !” confie-t-elle.

Dans la famille, on est du genre blagueur et toujours de bonne humeur. Alors quand Sylvain, son père, partait attraper les seiches, qui se prenait l’encre sur la tête ? Isabelle, bien sûr. Vivaneaux, poissons pélagiques, perroquets à bosse… Monsieur Lechanteur était un vrai passionné. Alors qu’il est en mer le 18 janvier 2021, il disparaît dans le lagon, pris dans une dépression. 

__

Vendeuse aux mille sourires

Isabelle connaît bien le marché, puisqu’elle y passait la plupart de son temps plus jeune, à aider son père à vendre le poisson. Après son décès, elle arrête ses études. “Je voulais entrer dans la Marine. J’aimais bien cette idée de femmes parmi les hommes. Je voulais commander !” rigole-t-elle. Et les hommes n’ont qu’à bien se tenir, car au marché, elle fait partie de celles qui travaillent du matin au soir.


Si elle pêche encore le week-end de temps en temps, elle se consacre aujourd’hui pleinement à la vente des produits du lagon. “J’achète aux professionnels, j’ai beaucoup de respect pour eux.” Sur sa table, thons, crevettes, poulpes ou encore crustacés, Isabelle a de quoi faire dans ses glacières. Ses journées commencent à 3h30 du matin, le temps d’installer sa vitrine, toujours impeccablement décorée et pleine de couleurs. Chaque jour, la Calédonienne réalise la chance d’avoir un emplacement au marché. Quand l’opportunité s’est présentée en 2006, elle n’a pas hésité à se lancer. 

Travailleuse acharnée mais surtout passionnée, Isabelle travaille du mardi au dimanche. Lorsqu’on lui demande si elle pense à prendre des vacances, elle répond que non car “mes clients ont besoin de moi.” Depuis 17 ans, elle n’a jamais lâché son métier, qu’elle sait très difficile, ni sa clientèle, qu’elle chouchoute au quotidien. En passant par son stand, on peut aussi lui demander quelques conseils culinaires. Son plat favori ? “Le poisson en papillote. Le plus simple, c’est le meilleur !” 

Port-Moselle
Le pavillon des poissons © Ville de Nouméa

__