À l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC), le thermomètre du climat était à la hausse ce mardi 22 juillet. Et pour cause, la deuxième édition du Forum calédonien du changement climatique a rassemblé scientifiques, institutionnels, associations, étudiants et simples curieux pour une journée engagée et résolument tournée vers l’action. Les objectifs étaient de faire le point sur les avancées de la stratégie climat du territoire, mettre en lumière les projets de recherche, valoriser l’engagement des jeunes générations et, surtout, ne pas rester les bras croisés face aux bouleversements déjà bien tangibles. 

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Une journée riche pour réfléchir, débattre et agir 

Organisé par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, en partenariat avec l’UNC, le forum a rassemblé un public varié dès 8h du matin autour d’un bon café (car on ne sauve pas le monde à jeun). Toute la journée, les échanges se sont succédé au rythme des tables rondes, mini-séminaires, débats thématiques, présentations de projets de recherche et performances artistiques. Le tout accompagné d’un village de stands où associations et organismes engagés dans l’action climatique ont présenté leurs initiatives. 

La matinée a posé les bases. Entre politique d’adaptation, climat et océan, premiers résultats de projets scientifiques comme CLIPSSA et MaHeWa, engagement du monde économique et surtout, la voix de la jeunesse, qui a su rappeler à tous qu’elle n’était pas seulement spectatrice, mais actrice des changements à venir ! 

L’après-midi s’est poursuivi avec des mini-séminaires pour creuser des thématiques diverses, telles que les solutions fondées sur la nature, la gestion de l’eau ou encore le rôle de l’alimentation dans la transition écologique. Et pour finir en beauté, la journée s’est clôturée autour d’un ciné-débat pour nourrir les esprits avec deux projections : “De la mer à la mère, il était une fois la vie” et “Nations of Water”. 

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Le coup de cœur de la rédac’, une table ronde qui fait des vagues 

Parmi toutes les interventions du jour, la table ronde sur les liens entre océan et climat en Nouvelle-Calédonie a été notre coup de cœur de la journée. Animée par Soizic Fleury, « Océan et climat en Nouvelle-Calédonie : enjeux, défis et opportunités” a rassemblé une belle brochette d’experts, mêlant sciences, représentations coutumières, politiques publiques et dynamiques régionales. Autour de la table, Christophe Menkes et Catherine Sabinot, respectivement chercheur et climatologue et ethno-écologue à l’IRD ; Yves Letourneur, professeur à l’UNC ; Anne-Claire Goarant de la CPS ; Jérémie Katidjo Monnier, membre du gouvernement en charge du Parc Naturel de la Mer de Corail (PNMC) ; Ailé Tikouré, représentant coutumier (Vision Kanak de l’Océan) ; Lise Enezian (AFD) ; et François Le Borgne (PNMC). 

Christophe Menkes a ouvert le bal avec un rappel, si aujourd’hui nous savons que le climat change, c’est grâce à la recherche scientifique. L’observation des systèmes planétaires ne laisse plus de place au doute ; tout est en mouvement, et pas dans le bon sens. Depuis les années 1950, la température du lagon calédonien a pris un degré, la mer monte, les vagues de chaleur marine se répètent, et l’acidification des océans met en péril tout l’univers calcaire, des coraux aux coquillages. L’océan montre des signes de saturation… 

Yves Letourneur a ensuite rappelé l’importance de la formation. À l’UNC, les étudiants sont sensibilisés aux enjeux climatiques dès les premières années. L’université forme les esprits de demain. Parce que oui, le climat a toujours changé, mais jamais à cette vitesse, ni avec autant de responsabilités humaines en jeu. 

Puis, Catherine Sabinot, Anne-Claire Goarant, Lise Enezian et François Le Borgne ont partagé leurs retours de la conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC3), qui s’est déroulée à Nice en juin dernier. La Nouvelle-Calédonie y a brillé par son engagement, en particulier à travers le PNMC, plus grand parc marin du monde, doté d’un moratoire inédit de cinquante ans contre l’exploitation minière en grands fonds.  

“La climat et l’océan sont intimement liés. On a donc besoin de mieux les connaître pour mieux les gérer, mais aussi, de mieux dialoguer pour mieux les préserver, ensemble. Ce forum est une merveilleuse occasion d’avancer dans cette direction collectivement.” – Lise Enezian, liée elle aussi au climat et à l’océan 

Une véritable bouffée d’air (marin) est venue d’Ailé Tikouré. Il nous a rappelé que les savoirs traditionnels kanak ont, eux aussi, toute leur place dans la gestion des océans ; en plaidant pour une complémentarité des regards plutôt qu’une hiérarchie des savoirs.  

« La science est une vision, comme la nôtre. » – Ailé, reprenant les mots du président de la République 

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Et maintenant ? 

Le Forum calédonien du changement climatique n’a pas vocation à rester un simple rendez-vous annuel. Il s’inscrit dans un mouvement collectif, qui prend de l’ampleur à mesure que les défis se précisent. Coopérations régionales, politiques publiques, projets de recherche, éducation, mobilisation citoyenne, etc. Les solutions existent. Encore faut-il les faire dialoguer. À l’UNC, ce mardi, la mer a parlé. Par la voix des scientifiques, des jeunes, des coutumiers, des décideurs. Et chacun l’a dit à sa manière, « l’avenir est à construire ensemble »

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