Elles se trouvent tout autour de Nouméa, sur la côte Ouest, Est et aussi sur les Îles. Les mangroves sont de véritables poumons en plein cœur des villes. Elles renferment bien des trésors de biodiversité et sont des alliées essentielles dans la lutte contre le réchauffement climatique. 

Malheureusement, cela fait plusieurs années qu’elles sont menacées. Déchets de l’Homme, urbanisation des villes, eaux usées… l’écosystème est en péril. En Calédonie, de nombreuses associations environnementales luttent pour les préserver, les nettoyer et les faire vivre à nouveau.

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Mais qu’est-ce-que c’est une mangrove ?

En Australie, en Indonésie, en Afrique…. Les mangroves sont partout. Sur notre Caillou, on en trouve du Nord au Sud et dans la capitale, elles sont surtout concentrées à Rivière-Salée, à Tina, à Kaméré ou encore à Ouémo. A l’intérieur, de nombreuses variétés de plantes et des arbres emblématiques reconnaissables entre mille : les palétuviers. Sur le territoire, les palétuviers échasses sont les plus connus. Leurs racines sont immenses et sortent du sol en forme d’arceaux. 

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La petite forêt du littoral © SOS Mangroves

Mais ce n’est pas la seule variété : on trouve aussi le palétuvier rouge, gris ou bien soleil. Ce sont de grands gaillards, très résistants aux conditions climatiques : ils sont les seuls arbres à pousser dans des conditions difficiles. En vous promenant dans la mangrove, comme à Ouémo par exemple, vous avez sûrement remarqué que de nombreux petits habitants y ont élu domicile.

Dans ce labyrinthe de racines entremêlées vivent des crabes violonistes, des poissons qui viennent s’y reproduire, des crabes de palétuviers, des mollusques, des huîtres et l’habitant le plus emblématique de tous : le périophtalme. Ce nom ne vous dit rien ? On l’appelle aussi le gobie. Tous jouent un rôle essentiel pour la mangrove. Et c’est sans compter les nombreux oiseaux marins qui y nichent, de jour comme de nuit. Martin pêcheuraigrette sacrée ou encore poule sultane, tout ce petit monde cohabite harmonieusement. Mais pour combien de temps encore ?

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Urbanisation : 1 – Mangroves : 0 

Si les associations environnementales s’attèlent à protéger les mangroves, c’est parce qu’elles sont essentielles pour notre planète. Les racines des palétuviers sont connues pour être d’excellents filtres naturels et pour retenir les sédiments et autres métaux lourds, avant qu’ils ne se retrouvent dans le lagon. Bonus : elles aident également à prévenir l’érosion, qui a pris de l’ampleur sur nos littoraux.

Depuis plus de dix ans, l’association SOS Mangroves plante régulièrement des jeunes pousses pour redonner vie aux mangroves, qui ont tendance à souffrir voire à disparaître avec le temps qui passe. “En zone urbaine, depuis 2006, je dirais qu’on a perdu à peu près une cinquantaine d’hectares” se désole Monik Lorfanfant, présidente et fondatrice de l’association. Du côté de Tina, en 2017, Monik se rend compte que la mangrove est quasiment morte. “Il n’y avait plus rien, plus d’eau, tout commençait à mourir et l’odeur était pestilentielle.” Au fur et à mesure, des travaux ont été réalisés pour que l’eau puisse revenir et surtout, 4000 plants ont été plantés. “Au bout de six ans, les palétuviers sont plus grands que nous !” se félicite Monik. 

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Petites pousses deviendront grandes du côté de Magenta Plage © SOS Mangroves

Cependant, elle constate avec désarroi que des zones de mangroves ont été remblayées, au profit de l’urbanisme et de l’intérêt public, comme avec la construction de la gendarmerie du Mont-Dore. Environ cinq hectares ont été arrachés, d’après l’association. “À La Coulée, on a vu des plants qui essayaient de renaître” indique-t-elle. Un gros projet se prépare pour les prochaines années, à l’embouchure de la rivière de La Coulée. Pendant cinq ans, 10 000 plants seront plantés soit 2000 par an. 

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Déchets et eaux usées

“Quand tu jettes les déchets, c’est la nature qui ramasse.” C’est l’un des messages de Caledoclean. Depuis plusieurs années, l’association menée par Thibaut Bizien, réalise des actions de nettoyage à différents endroits du pays et notamment, dans les mangroves. La dernière en date a été faite le long de la voie rapide qui mène au Mont-dore. En une matinée, 500 kg de déchets ont été ramassés ; ce qui malheureusement, n’a rien d’exceptionnel pour Thibaut, car les mangroves urbaines sont extrêmement touchées. 

Chaque année, depuis six ans, entre quatre et six tonnes de déchets sont récoltées sur cette zone. Elle est particulièrement polluée en raison de sa proximité avec la route et des automobilistes responsables de jets d’ordures à travers la fenêtre. Plastiques à usage unique comme les bouteilles, pneus et claquettes… c’est un véritable magasin que l’on retrouve enchevêtré dans les racines. “Beaucoup de gens ont une image négative des mangroves, en parlant des moustiques, du fait que ça ne sente pas bon etc. Même si ça commence à changer, ils ne se rendent pas compte à quel point elles sont utiles” explique-t-il. 


Autre danger qui pèse sur ces petites forêts urbaines : le rejet des eaux grises voire parfois de produits industriels. Beaucoup ont remarqué dans la zone de Ducos notamment, que les mangroves sont en mauvais état. “La mangrove est en capacité de les filtrer mais à un moment elle sature et les écosystèmes sont perturbés” explique Thibaut Bizien. “Les eaux usées, les hydrocarbures, les huiles… tout se retrouve dans la mangrove. À Ouémo, par exemple, il n’y a pas assez de brassage d’eau ajoute Monik Lorfanfant. 

La mangrove de Rivière Salée manque d’eau elle aussi et c’est la seule qui survit enclavée. “Il y a des espèces centenaires à l’intérieur. Il y a des zones à Nouméa qui crient au secours, et si on ne fait rien, on va les perdre” conclut Monik. A bon entendeur… !  

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