Loin d’être l’apanage des enfants et de leurs châteaux éphémères, le sable est une ressource prisée des adultes. En effet, utilisé dans bon nombre de processus de production, il est un élément essentiel à nos constructions modernes. Ces petits grains de quartz sont extraits et exploités à outrance, tant et si bien que le monde du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) pourrait aujourd’hui difficilement s’en passer.

Mais alors, comment ces petits grains aux couleurs et tailles multiples sont devenu le nouvel or du BPT ? Loin d’être un tapis confortable pour vos fessiers lors de séances de bronzette, ce matériau est aujourd’hui l’une des ressources naturelles les plus prisées à l’échelle mondiale, en faisant la seconde la plus consommée après l’eau. Embarquez à la découverte d’un trésor du fond des océans et des rivières : le sable !

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Sable et BTP : les dessous des fondations

L’utilisation du sable ne date pas d’hier puisque ce sont les Romains qui révolutionnent la composition du béton en intégrant notamment à la recette, du sable. Le mélange sable, ciment, eau, gravier se révèle très résistant, tant est si bien que la formule n’a pas tant changé aujourd’hui. Le sable reste l’une des pièces maîtresses pour le fabriquer du béton. Spoiler alert, deux-tiers des constructions mondiales sont réalisés en béton.

Le sable est ainsi partout autour de nous, dans nos immeubles, dans nos vitres, dans nos routes… On estime que pour construire une maison de taille moyenne, ce sont 200 tonnes de sable qui sont réquisitionnées et 30 000 tonnes pour un seul kilomètre de route. Outre ces usages, le BTP utilise le sable pour une autre raison : la poldérisation. Ce processus consiste à gagner du terrain sur la mer en créant artificiellement des surfaces terrestres grâce à des constructions à base de sable. C’est le cas de Singapour qui a augmenté sa superficie de 25% depuis 1960.

Cependant, certains sables échappent à cette (sur)exploitation, jugés non exploitables pour la composition du béton. A titre d’exemple, les grains que l’on trouve dans les déserts ne conviennent pas. La raison à cette ségrégation granulaire ? Ils sont trop ronds et trop fins. Leurs cousins marins et des fonds marins leurs sont ainsi préférés, devenant ainsi l’objet de toutes les convoitises.

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Le sable pourrait-il nous filer entre les doigts ?

La production naturelle de sable s’élève à dix-neuf milliards de tonnes par an. Un chiffre dérisoire quand on sait que chaque année l’humanité en extrait entre 40 et 50 milliards de tonnes, estime l’ONU. Ces appétits exorbitants semblent, en plus, insatiables. La Chine a consommé autant de sable ces 4 dernières années que les États-Unis en un siècle !

Les dégâts pour les rivières draguées, les côtes et les fonds marins sont incontestables. L’extraction marine est réalisée grâce à des pelles mécaniques ou des aspirations puissantes, perturbant durablement les écosystèmes et provoquant l’érosion des côtes. Cocasse quand on sait qu’en France, le sable est grandement utilisé pour aménager des renforcements côtiers comme les digues.

Ces conséquences sont d’autant plus désastreuses qu’un véritable business illégal du sable s’est développé. En Inde par exemple, pour répondre à l’urbanisation et à la construction qui explosent, une mafia régente son extraction et son exploitation. Non encadrées, les pratiques sont à l’origine de violences au sein des populations locales et elles laissent des paysages de désolation, bien loin des cartes postales de sable blanc.

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Réagir avant de toucher le fond

La prise de conscience est le premier pas vers une amélioration de la situation. Reconnaissant avoir tardé à prendre la mesure du phénomène, l’Organisation des Nations Unies a tiré la sonnette d’alarme en 2019. Elle a voté une « résolution sur la gouvernance de la ressource minérale ». Elle vise à mettre en place au niveau mondial un partage des savoirs et des pratiques afin de rationaliser l’usage du sable.

Le sable, sous la mer mais aussi sur la mer… © Canva

Répondant à ces prises de conscience, des encadrements se mettent progressivement en place. En France, la pratique d’extraction marine se veut par exemple encadrée afin de contrôler les dangers encourus. Il faut ainsi disposer d’une concession et de droits régis par le Code minier et le Code de l’Environnement. Bien que répondant à ces normes, chaque année ce sont cinq à sept millions de tonnes de sable qui sont extraites des eaux en France. Notamment pour des projets qui questionnent, comme le Grand Paris.

Au-delà de la prise de conscience, des pistes alternatives sont développées. C’est par exemple le cas de la startup Heliosand. Le principe ? Grâce à l’énergie solaire, des déchets industriels minéraux sont transformés en sable dont les propriétés sont satisfaisantes pour le BTP. Espérons que ce sable artificiel sera porteur d’espoir pour nos granulats naturels.

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