Ce mardi soir, direction l’auditorium de la Province Sud pour la nouvelle conférence “C’Nature” organisée en partenariat avec le CRESICA sur le thème des tsunamis. Gratuites et ouvertes au grand public, ces conférences ont pour objectif de diffuser les travaux et recherches des scientifiques calédoniens et de sensibiliser sur l’environnement et le développement durable. Et ça tombe bien parce que nous, les conférences “C’Nature” on adore !
C’est en toute détente et avec un brin d’humour que Maxime Duphil, doctorant en Océanographie Géographie des risques côtiers à l’IRD de Nouméa, et Jean Roger, Géophysicien marin à GNS Science à l’Institut de recherche de la Couronne néo-zélandaise, se sont passés le micro pour redéfinir le terme de “tsunami” avec quelques rappels des plus grands tsunamis dans le monde ; ils en ont profité pour nous rassurer sur les équipements de la Nouvelle Calédonie pour faire face au risque de tsunami et nous livrer quelques mises en garde.
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Tsunami mais pas que…
Interrogation du soir posée par Maxime Duphil à l’assemblée : « savez-vous ce qu’est un tsunami ? ». Réponse : c’est un terme japonais qui signifie littéralement « vague portuaire ». Le tsunami est donc une onde venant d’un brusque mouvement d’un grand volume d’eau. Après avoir défini ce terme clé, c’était au tour de Jean Roger d’intervenir pour nous faire plonger dans le “grand bain” grâce à la diffusion d’images du phénomène. Car oui, avec des photos, on comprend mieux les mécanismes de génération d’un tsunami.
Une question demeurait centrale : à quoi sont dûs les tsunamis ? A des séismes, des éruptions volcaniques, des glissements de terrain, des variations de pression brusques dans l’atmosphère, également appelées les « météo tsunamis », ou encore des explosions humaines ; à ce sujet, Jean Roger a d’ailleurs relaté l’explosion d’Halifax en 1917, la plus importante explosion causée par l’homme qui s’est produite lorsqu’un cargo français transportant des tonnes de munitions entra en collision avec un navire norvégien. BOUM ! Ces explications ont servi à mieux comprendre le sujet certes, mais aussi à se remémorer quelques uns des tsunamis les plus marquants de l’histoire. Qui se souvient du séisme de Sumatra en 2004 ? De l’éruption du Krakatoa en 1883 ? Du glissement de terrain dans la baie de Lituya en Alaska en 1958 ?
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Un caillou bien équipé
Ok, mais notre beau Caillou surfe-t-il aussi sur la vague ? La Nouvelle Calédonie, de par sa situation géographique dans le Pacifique, est exposée au risque tsunami. Celui, dévastateur, de Lifou en 1875 représente un évènement historique marquant pour la Nouvelle Calédonie. D’ailleurs, avez-vous déjà découvert le panneau explicatif de ce tsunami installé à Lifou par la Province Sud ? Savez-vous aussi qu’il existe des catalogues historiques des tsunamis en Nouvelle Calédonie ? Vingt-cinq tsunamis ont été recensés entre 2010 et 2019 contre seulement douze tsunamis entre 1875 et 2010. Et pour compléter ces catalogues de données, sept marégraphes sont installés à divers endroits du territoire. La Calédonie possède aussi des capteurs de pression, ainsi qu’un réseau de surveillance DART, lequel permet l’enregistrement des tsunamis en temps réel. Soyons rassurés, nous possédons donc une bonne couverture pour mesurer les tsunamis…
Maxime Duphil en a profité pour préciser que le “télé-tsunami”, soit un tsunami qui provient d’une source éloignée de plus de 1 000 kms, met plus de 12h pour arriver chez nous, tandis que les tsunamis proches, seront sur les plages des Îles Loyauté en à peine 15min et environ 25min pour celles de la côte Est. Et en 12h, on a le temps de bien se préparer…
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Non, le récif ne protège pas des tsunamis !
Quand est venue l’heure de conclure cette passionnante conférence et de répondre à la question « quel est le moyen d’alerter les population de l’imminence d’un tsunami ? », Jean Roger et Maxime Duphil ont fait sourire l’assemblée ; en effet, leur solution frôlait la mythologie puisque les scientifiques ont affiché la photo… d’une sirène ! Plus sérieusement, les deux hommes ont rappelé que la Calédonie est clairement concernée par l’aléa tsunami et que, même si les tsunamis ne peuvent mesurer que quelques centimètres, ils restent néanmoins dangereux. Alors OUI, le récif n’est pas une barrière à tsunamis mais, néanmoins, nos écosystèmes naturels pourraient en réduire les effets – si on ne s’évertuait pas à remplacer nos mangroves par des tonnes de béton !
Et, dernier petit rappel concernant la meilleure chose à faire lors d’un fort séisme : ne pas attendre pour évacuer le bord de mer ! Pas la peine pour autant. d’aller taper le treck jusqu’en haut du Pic Malaoui ! Vous l’aurez compris, nous nous sommes bien amusés pendant cette conférence “C’nature” avec Jean et Roger qui savent définitivement comment… surfer sur la (grosse) vague !
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