Malgré une météo peu clémente – pour ne pas dire carrément mauvaise – à Nouméa, les scientifiques et plongeurs de la mission KANAMECO sont partis, ce mardi 12 mars, vers le grand récif Aboré pour vingt jours en mer. Si la plupart des scientifiques ont embarqué à bord de l’Antéa, le navire de la Flotte Océanographique Française, un laboratoire éphémère s’est établi dans les locaux du Centre des Activités Nautiques de la province Sud. L’objectif de cette mission ? Recenser et découvrir la biodiversité exceptionnelle de notre lagon.
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KANAMECO : le recherche des inconnus du lagon
Saviez-vous que le Pacifique est la zone la plus riche en termes de biodiversité avec un triangle d’or situé entre les Philippines, la Papouasie Nouvelle-Guinée et l’Indonésie ? Si la Nouvelle-Calédonie apparait un peu excentrée de cette zone, elle est tout de même reconnue pour son incroyable biodiversité et notamment pour l’endémisme exceptionnel des espèces présentes. Le lagon calédonien abrite, en effet, des mystères que ce consortium de chercheurs compte bien découvrir !
Ils étaient trente-six à embarquer dans l’aventure ce mardi 12 mars, dont une bonne partie à bord de l’Antea. Parmi eux, des scientifiques de renom du monde entier : biologistes et plongeurs Muséum national d’Histoire naturelle, du CNRS, de l’IFREMER, et de plusieurs universités étrangères (États-Unis, Italie, Russie) ainsi que de géologues du service géologique de Nouvelle-Calédonie et de plongeurs locaux.
Tous sont spécialisés dans la faune et la flore profonde ou spécialistes dans des domaines techniques, notamment dans l’échantillonnage ou pour le séquençage ADN. Car, comme l’a rappelé Nicolas Puillandre, chef de cette campagne, docteur et Maitre de conférences au Muséum d’Histoire naturelle, la recherche, ça prend du temps ! Cette mission fait partie d’une série d’expéditions qui a commencé en 2016, à peu près en même temps que la création du Parc Naturel de la Mer de Corail.
« Ces expéditions ont pour but de fournir de la connaissance aux gestionnaires du PNMC afin qu’ils puissent mettre en place les programmes de conservation les plus adaptés aux réalités de la Calédonie ».
Nicolas Puillandre
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Késako KANAMECO ?
KANAMECO c’est donc une campagne scientifique afin d’étudier les organismes marins profonds. Les algues mais aussi – et surtout ? – les invertébrés profonds : coquillages, crustacés, holothuries, étoiles de mer, cnidaires, éponges… Bref tout ce qui se trouve à plus de cent mètres de profondeur et allant jusqu’à mille mètres. Ce ne sont pas les plongeurs qui vont aller à ces profondeurs : alors komenkonfé ?
Des plongeurs techniques vont y aller, mais pas au-delà des soixante mètres. Des acteurs locaux comme Blue Caledonia Diving prêtent aussi main forte à cette expédition. Ils sont là pour assurer les collectes de pêches scientifiques, le relèvement de pièges profonds, immergés durant plus d’une année, et les collectes en plongée. En effet, les chercheurs utilisent une technique de pêche des Philippines : il s’agit de filets entremêlés, installés il y a un an et demi au fond de l’eau, voués à devenir des habitats pour les espèces présentes. En relevant ces filets, ils vont pouvoir prélever et échantillonner la faune venue les coloniser. Pour autant, ils utilisent aussi des techniques plus « classiques » de chalutage et de dragage.
Si on peut se poser la question de l’impact cette technique, il va sans dire qu’elle en a forcément un. Pour autant, Nicolas le justifie en disant que le récif est assez résilient et que tout ce qui va être remonté, sera valoriser pour la recherche. Tout sera échantillonner et étudier, dès leur passage à la Côte Blanche. En effet, la province Sud a mis à disposition de cette campagne des espaces du Centre des activités nautiques où un laboratoire éphémère s’est installé.
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Labo éphémère et pédagogie
La perspective d’installer un labo temporaire dans un centre où les plus jeunes passent fait aussi partie d’unestratégie pédagogique plus large. En effet, outre l’effort de communication et de formation mené par les équipes, KANAMECO travaille aussi avec le CIE NC pour mettre en place un volet pédagogique important.
Si les résultats et les première publications de cette campagne ne sont pas attendues avant au moins un an, une première restitution est d’ores et déjà prévu ! Rendez-vous le 2 avril à l’Auditorium de la province Sudpour faire le bilan de ces vingt jours d’expédition. Ne vous attendez pas à une quantification précise ni à des révélation de tous les secrets du lagon mais il est quasi certains que les scientifiques auront très rapidement de nouvelles espèces à nous faire découvrir ! Un peu de patience donc…
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