Préparez-vous à changer d’échelle niveau bateau aujourd’hui ! Après avoir interrogé des capitaines de voiliers ou de navires océanographiques, aujourd’hui c’est le commandant d’un porte-conteneur que nous avons rencontré ! C’est sur la passerelle que nous avons eu la chance d’échanger avec Henri-Pierre Le Goaster, Commandant du Marius, de la compagnie MARFRET.
Henri-Pierre mène à bon port les marchandises qui transitent entre la France, les États-Unis et les Outre-mer français mais aussi, les artistes qui montent à bord dans le cadre de la Villa Albertine. Ainsi, nous avons pu discuter de son rôle à bord d’un tel navire mais aussi de son lien à l’art, à la navigation et à la mer. Découvrez son parcours à travers les trois questions de la rédac !
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Bonjour Henri-Pierre et bienvenue sur NeOcean ! Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de rencontrer un Commandant de porte-conteneur… Peux-tu commencer par te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour NeOcean et avec plaisir pour répondre à vos questions. Bienvenue à bord ! Je m’appelle Henri-Pierre Le Goaster, je suis Commandant du Marius, un porte-conteneur de 195 mètres, de la compagnie Marfret. La ligne que nous empruntons dans le cadre du transport de marchandises relie l’Europe, la côte Est des États-Unis et le Pacifique, avec des ports comme Papeete, Nouméa, ou encore des villes d’Australie ou de Nouvelle-Zélande. Nous faisons un aller-retour, en passant par le Canal de Panama. Ce sont des rotations de trois mois.
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C’est long ! Depuis combien de temps exerces-tu ce métier ? Comment en es-tu arrivé à manœuvrer des si gros navires ?
Le bateau Marius est passé sous pavillon français au mois d’août 2023 et j’en ai pris le commandement à ce moment-là. Je suis le premier commandant français à embarquer sur le porte-conteneur et c’est ma deuxième rotation.
Pour autant, cela fait dix ans que je suis Commandant. J’ai commencé par faire l’École de la Marine Marchande à Marseille puis j’ai fait tous mes temps d’élèves et de lieutenants dans différentes compagnies. J’ai transporté du pétrole, du gaz et même des fusées aériennes ! Cela fait sept ans que je suis chez Marfret.
L’idée était de changer un peu de type de compagnie. J’aime varier les plaisirs et les découvertes ! Chaquetype de navigation est différente, chaque bateau l’est aussi. Sans parler du fait que les compagnies ne passent pas toutes par les mêmes endroits. J’ai pu découvrir des régions comme l’Afrique de l’Ouest, le Venezuela, la Colombie, le Brésil…
Aujourd’hui, dans le cadre de la Villa Albertine et de la collaboration avec Marfret, nous accueillons à bord des artistes pour faire partie de l’équipage. Vous avez pu rencontrer Elsa Guillaume qui fait donc faire partie à part entière de l’équipage. En tout cas, si elle le souhaite ! Chaque artiste à sa manière de travailler, certains vont s’isoler et simplement faire quelques entretiens dans la journée. D’autres vont aller au contact direct des membres d’équipage, observer comment ils travaillent sur le pont ou à la machine. Je trouve ça très intéressant aussi de voir comment les artistes travaillent.
J’en ai rencontré plusieurs artistes depuis que la résidence d’artiste a été créée : un illustrateur au New-York Times, un écrivain, un photographe, une podcasteuse et aujourd’hui Elsa. J’ai l’impression qu’avec elle, le rapport artistique va être encore différent puisqu’elle touche un peu à tout ! Je pense que le rendu va être très intéressant.
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On a hâte aussi ! Qu’en est-il de ton rapport à la navigation et à l’océan de manière générale ?
La navigation dans le Pacifique est plutôt agréable. J’aime beaucoup cet océan et je n’ai jamais rencontré trop de mauvais temps. Les traversées sont longues et belles jusqu’au Canal de Panama, on a environ dix jours en mer. Les couchers de soleil sont, pour beaucoup, à couper le souffle ! C’est une vraie chance d’exercer de ce métier, on a la chance de voir de magnifique paysages.
Pour autant, j’ai aussi pris du plaisir à naviguer dans les zones plus houleuses, ça m’est arrivé d’expérimenter des tempêtes… C’est un autre type de navigation ! Dans le Golfe de Gascogne ou en Manche pendant l’hiver, ça peu secouer mais ce sont des trajets moins longs. Ça fait partie de la vie de marin.
Mon grand-père et mon père l’étaient et j’ai un peu suivi la « génétique » de la famille ! J’aime bien naviguer mais je n’irais pas jusqu’à dire que ça me manque quand je suis en congés. J’aime la vie en mer mais quand je suis à terre, je profite surtout de ma famille… C’est difficile de partir trois mois sans voir sa famille. Mais il y a, indéniablement, un sentiment assez particulier d’être sur la passerelle tous les matins, avec un café à admirer le lever de soleil et la lumière chaleureuse qui remplit la pièce ! On ressent ce sentiment de liberté et d’apaisement que procure l’océan !
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