Être une artiste itinérante à bord d’un porte-conteneur, voilà le genre de profil peu courant qu’on adore chez NeOcean ! Qui plus est quand il s’agit d’une artiste dont l’inspiration première est l’univers fascinant de l’océan. Elsa Guillaume est sculptrice en céramique et elle est de passage quelques jours en Nouvelle-Calédonie avant d’embarquer à bord du Marius, un porte-conteneur affrété par la compagnie MARFRET, pour vivre une expérience inédite. Nous avons voulu en savoir plus sur cette artiste qui vit son art à travers des immersions uniques dans le monde maritime…
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Bonjour Elsa et bienvenue sur NeOcean et plus généralement en Calédonie ! Est-ce que tu peux commencer par te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour NeOcean et merci de me recevoir ! Je m’appelle Elsa Guillaume, j’ai 34 ans et je vis à Bruxelles. Je suis une artiste plasticienne. « Artiste » c’est le terme générique pour tous type de créateur et « plasticienne » signifie que je me suis spécialisée dans les arts plastiques et pour mon cas, la sculpture en cérémique.
J’ai fait l’école des Beaux-Arts à Paris et j’en suis sortie en 2013. À la base, je faisais beaucoup de dessins, de gravures, j’étais très attirée par l’illustration, la narration et durant mon cursus, j’ai découvert la céramique. En 2011 exactement car c’est aussi l’année où j’ai découvert la plongée et ça a été un bouleversement esthétique pour moi. La place de la mer est devenue prépondérante dans mon travail plastique. C’est assez naturellement que ces moments ont nourris mon art et mes productions.
Il se trouve que j’ai eu la chance, en 2016, d’être embarquée à bord de Tara Expédition. Cette expérience a donné, je pense, une sorte de crédibilité à mes propos ou en tout cas de la place à ma sensibilité vis-à-vis de l’espace maritime. J’ai embarqué de l’Île de Pâques à Papeete. Ça a été une expérience bouleversante puisque je ne connaissais pas du tout le monde de la voile et ça m’a permis de m’ouvrir à l’univers des expéditions scientifiques.
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C’est d’ailleurs ce qui t’amène à Nouméa ! Outre l’aspect scientifique de la chose, tu t’apprête à embarquer sur un porte-conteneur qui cache une villa d’artiste. Explique-nous tout ça !
J’ai eu la chance d’être sélectionnée pour une résidence d’artiste qui s’appelle Villa Albertine. L’ambassade de France aux États-Unis, en partenariat avec le musée de la Marine à Paris et la compagnie MARFRET, a lancé un programme permettant à des artistes d’embarquer à bord du porte-conteneur Marius. Il y a une tradition française du peintre de la Marine, qui est un peu poussiéreuse mais qu’ils ont voulu, je crois, redynamiser à travers cette expérimentation. Nous sommes six lauréats.
Le projet est donc d’embarquer sur le bateau sur une traversée. Je pars de Nouméa et je rejoins Savannah, en Géorgie du Sud, aux États-Unis. Il y a six semaines de traversée pour m’imprégner de la vie à bord du Marius et produire des œuvres. Je ne peux pas dire ce que ce sera concrètement mais je vais aller glaner des paysages, des gens, des anecdotes, qui, réunis, vont dresser le portrait d’une expérience, d’un voyage…
Ne sachant trop ce que j’allais produire, j’ai pris un arsenal de crayons, de stylos, de carnets et des grandes feuilles de papier pliées. C’est une sorte de support qui rappelle la carte de navigation. Le reste du temps, globalement, je vais plutôt faire du carnet. C’est un peu comme ma mémoire externe, normalement ce sont des supports qui n’ont pas vocation à être exposés.
Je ne sais pas à quoi m’attendre pendant ces semaines ! Je suis dans un mélange de flou et d’excitation ! J’ai hâte d’embarquer et d’aller à la rencontre des personnes à bord. Lors de ma candidature, nous avions la possibilité de choisir entre plusieurs trajets : j’ai eu mon premier choix et j’ai vraiment hâte de découvrir la Nouvelle-Calédonie, l’Australie, le Panama et son canal. Je pense que cela va être une expérience incroyable.
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Tu nous l’as dit tout à l’heure mais ton art est intimement lié à l’océan. Arriverais-tu à décrire ce qui t’inspire ?
Je me souviens de ma première plongée comme si c’était hier ! C’est toujours un peu cliché mais c’est vrai. Je ne me destinais pas du tout à faire de la plongée, je ne suis pas super bonne nageuse de surface et j’ai des problèmes de sinus donc je n’envisageais pas ce sport. Et puis j’y suis arrivée par hasard, un jour à Marseille.
J’ai eu l’impression de traverser un miroir, comme une sensation de pénétrer dans un second univers qu’on ignore totalement. Dans ce monde, il y a autant de variété de faune, de flores, de topographies que de manières de le vivre, de l’exploiter, de l’habiter. J’étais déjà très sensible à cet univers à la Jules Verne, à ces histoires d’explorations, de grands voyages… Tout ça était dans mon imaginaire et de le vivre a été un véritable bouleversement pour moi.
Même si nous sommes des êtres terriens, nous étions, il y a quatre cents millions d’années, plutôt des animaux marins. Je pense que ce sentiment d’appartenance et de bien-être que beaucoup de monde a ressent dans l’eau vient de là. J’ai eu envie de montrer, à ma manière, cet espace qui est à la fois si proche et auquel nous avons aussi très peu accès. Je me passionne pour les sciences et l’océanographie, je me nourris de mes expériences de plongée et aujourd’hui en embarquant à bord d’un porte-conteneur !
C’est aussi la réalité de la mondialisation et du monde d’aujourd’hui. Je ne veux pas rester dans une vision de la mer uniquement utopique et poétique. Esthétiquement pour mon art, ce type de bateau est hyper fascinant… Avec ces grosses boites de couleurs, qu’on charge et qu’on décharge. Ça me fait un peu penser à des Bernard-L’hermite qui changent de coquille… C’est peut-être une idée à creuser pendant les six prochaines semaines !
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