Ce jeudi 18 avril, c’est dans une salle de cinéma que nous avons passé la journée, non pour visionner le dernier blockbuster mais pour assister à des conférences concernant l’avenir climatique de notre territoire. Finalement, une thématique commune des solutions à enclencher pour sauver le monde…
En effet, c’est à l’Origin Cinéma que se tenait la première édition du Forum calédonien du changement climatique. Lancé par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, cet évènement, construit en plusieurs temps, a pour objectif de fonder une feuille de route d’adaptation au changement climatique sur le Caillou. Paroles des superhéros modernes qui s’engagent pour climat !
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Au feu les pompiers, la maison brûle !
Ce n’est pas avec du pop-corn bio que nous entrons dans la salle de cinéma de l’Origin Cinéma mais avec un café chaud à la main. 8h30 du matin, après avoir bavarder avec le gratin de l’écosystème environnemental calédonien, nous nous installons dans les gros fauteuils rouges pour assister au discours de présentation de Jérémie Katidjo-Monnier, membre du gouvernement en charge de la transition écologique et du plan d’atténuation et d’adaptation aux effets du changement climatique. Les premiers mots sont graves :
« C’est avec un profond sentiment d’urgence, de responsabilité, de respect et d’humilité que je prends la parole. Le réchauffement du climat est une réalité qui se rappelle à nous chaque jour avec force. Nous ne pouvons plus regarder ailleurs pendant que la maison brûle. »
Voilà qui met le contexte de ce Forum. Alors que la Nouvelle-Calédonie se trouve exposée à des phénomènes climatiques extrêmes dûs au réchauffement du climat, le Gouvernement se mobilise afin d’envisager des solutions et préparer le territoire à faire face à ces nouvelles dynamiques. Ainsi, cet évènement s’inscrit dans une volonté de construire une feuille de route d’adaptation au changement climatique sur le long terme et co-construire des solutions futures.
Cette journée plénière faisait suite à un plusieurs semaines de consultation citoyenne. En effet, en amont de cette journée, tous les acteurs de la société avaient été invités à participer à des ateliers de travail préparatoire en ligne. Le but était de partager les problématiques de terrain, de répertorier les initiatives existantes et imaginer les futures. Ce 18 avril allait dans le sens d’une restitution du travail collaboratif effectué dans un premier temps. Mais surtout, il était voué à mettre en lumière des pistes pour élaborer une stratégie pour atténuer les effets du changement climatique en Calédonie et nous adapter à ses phénomènes qui ne douterons plus d’arriver.
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Portrait climatique calédonien
Ainsi, nous sommes entrés dans le vif du sujet dès la première table-ronde. En effet, la première partie de la matinée a été occupée par la présentations des impacts du changement climatique en Nouvelle-Calédonie. Animée par Charlotte-Fleur Cristofari de l’AFD, la table-ronde comptait quatre autres intervenants : Alexandre Peltier, météorologue chez Météo France, Myriam Vendé-Leclerc de l’Observatoire du Littoral de Nouvelle-Calédonie (OBLIC), Karyl Trenyiwa du Conseil Municipal à la Ouvéa et Lady Pouye, cheffe du service développement durable à la province Nord.
Analyses scientifiques avec chiffres et photographies à l’appui ont été exposées et ont abouti à la présentation de projections climatiques à moyen et long terme.
« Le réchauffement du climat est un phénomène naturel aux causes multifactorielles dont le changement climatique est un peu le « trouble-fête » et l’accélérateur de cette dynamique. »
Myriam Vendé-Leclerc, OBLIC
Le tableau n’est pas rose, malgré la volonté d’Alexandre de mettre un peu de couleur dans ses projections ! Ainsi, l’heure est à l’atténuation des gaz à effet de serre mais aussi à trouver des solutions d’adaptation des territoires pour une meilleure résilience. Car quoi qu’il se passe, le climat change et les températures augmenteront. Le but est de limiter cette augmentation et de trouver des solutions innovantes pour que les populations fassent face à ces changements massifs.
Et c’est d’ailleurs le point central de la deuxième table-ronde, lors de laquelle Jérémie Katidjo-Monnier, Adolphe Digoué, en charge des secteurs de l’économie, du commerce extérieur, de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, et Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement en charge de la construction, du patrimoine immobilier et des moyens, de l’urbanisme et de l’habitat, ont pu rappeler que le changement climatique touche tous les secteurs de notre société calédonienne, économique et culturel.
« On aura beau construire toutes les stratégies qu’on veut, ça ne servira à rien si nous ne sommes pas rationnels et que la population n’est pas au cœur de la construction. »
Un Vaimu’a lyrique mais rationnel !
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La mobilisation et la résistance est en marche
L’après-midi était consacrée aux initiatives déjà en place tout autour du Caillou. Dès le matin, des stands d’associations environnementales ou de solutions pour faire face au changement climatique étaient installés dans la partie exposition de l’Origin Cinéma. Entre 13h et 16h, ce sont leurs fiers représentants qui ont pris la parole à travers plusieurs mini-conférences thématiques.
Place au concret ! C’est d’abord Sandrine Job qui nous a parlé de l’état de santé de nos coraux grâce au RORC. Les effets du changement climatique se font sentir sur nos récifs, avec des épisodes de blanchiment. Mais – car il y a de l’espoir -, nos beaux cnidaires font preuve d’une adaptabilité impressionnante, leur permettant de se régénérer.
Sans parler de notre mangrove. Cyril Marchand, a ainsi pu rappeler ses caractéristiques écologiques, notamment de superhéroïne face à l’érosion et à l’absorption du CO2, avant qu’Amaury Durbano témoigne des actions de restauration de la mangrove à Touho. Sans oublier la conférence de Myriam, qui a pu développer son point abordé le matin sur le calcul du trait de côte et l’adaptation du littoral face à au changement climatique.
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Après la pluie, le beau temps ?
Dans tous les cas, les travaux de restitution et la co-construction de cette feuille de route pour la limitation et l’adaptation de la Nouvelle-Calédonie au changement climatique poursuivent leur chemin. Une synthèse devrait été publiée d’ici juin, ouvrant la voie à une potentielle création d’une gouvernance et d’un comité du changement climatique. Cette première édition tend ainsi à devenir un évènement fondateur et incontournable du calendrier calédonien. À l’année prochaine !
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