Alors qu’il a été nommé au grade de Chevalier de l’Ordre de la Légion d’Honneur le 7 juillet dernier – rien que ça -, nous voulions rencontrer Jean-Luc Vaslin, le nouveau Directeur des Affaires Maritimes de Nouvelle-Calédonie. Arrivé il y a trois mois sur notre beau Caillou, nous l’avions aperçu à la soirée de lancement de l’Ocean Hackathon 8.

Toujours une anecdote à raconter, Jean-Luc nous a parlé de son parcours professionnel dans l’outre-mer français. Amoureux de la mer, il prend à cœur de découvrir les territoires sur lesquels il est affecté, notamment par la pratique de nombreux sports de glisse… Il semblerait bien que le nouveau « DAM » se sente comme un poisson dans l’eau en Calédonie !

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Bonjour Jean-Luc et bienvenue sur NeOcean. Alors, tu prends tes marques en tant que nouveau Directeur des Affaires Maritimes ?

Bonjour NeOcean et merci pour l’invitation. Cela fait un peu plus de deux mois que je suis arrivé à la Direction des Affaires Maritimes. Je prends mes marques au fur et à mesure. C’est toujours une école d’humilité d’arriver sur un nouveau territoire : il faut d’abord écouter, apprendre, être attentif aux usages locaux, aux règles administratives spécifiques du territoire… Sans compter la rencontre avec de nouvelles personnes qui partagent avec nous leur expérience et leurs difficultés. C’est particulièrement enrichissant.

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Sorties terrain, contact avec les gens de la mer : un métier passionnant sur tous les aspects ! © Jean-Luc Vaslin

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Tu arrives directement de Guadeloupe. Peux-tu nous raconter ton parcours professionnel jusqu’à notre beau Caillou ?

Je suis administrateur des affaires maritimes depuis trente ans. C’est un statut particulier puisque nous sommes des Officiers de la Marine Nationale administrés et gérés par le Ministre chargé de la mer.  

J’ai effectué toute ma carrière comme administrateur des affaires maritimes. D’abord en France métropolitaine, en Méditerranée ou en Atlantique, puis j’ai eu une première expérience dans un outre-mer. En effet, dans les années 2000, j’ai eu une première affectation en Martinique, à la direction inter-régionale des Antilles-Guyane.

En revenant en France hexagonale, j’ai été nommé directeur inter-départemental à Sète puis on m’a proposé un poste de Directeur des Affaires maritimes à Bayonne : originaire de cette région, je me faisais un plaisir d’accepter. J’y suis resté neuf ans et demi, ce qui est sans doute un record de longévité à un même poste pour un administrateur ! En 2017, j’ai été nommé Directeur de la Mer de la Guadeloupe. Et aujourd’hui, me voilà en Nouvelle-Calédonie !

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Remise de la médaille du Mérite Maritime en Guadeloupe © Jean-Luc Vaslin

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Tu es donc le nouveau Directeur des affaires maritimes. Peux-tu présenter les responsabilités liées à cette fonction ?

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Ici, mon métier ne s’exerce pas de la même façon que dans d’autres territoires outre-mer. En effet, la structure institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie – une collectivité sui generis – fait que la DAM est une structure mixte. Je travaille sous l’autorité du Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie pour les compétences qui dépendent de l’État et sous l’autorité du Président du Gouvernement, Louis Mapou, pour les compétences qui dépendent de lui.

En revanche, les missions sont toujours les mêmes, avec trois domaines d’action principaux : les hommes, les bateaux et la navigation au sens large. Nous sommes une administration qui a pour mission de rendre un service aux usagers de la mer pour qu’il soit le meilleur possible. Ainsi, mon rôle en tant que directeur est de fixer un cap, des objectifs et mettre en place les moyens pour les atteindre. Dans l’immédiat, mon travail est donc de (re)fixer une direction claire et de remettre à niveau la gestion administrative de la DAM. En effet, je suis arrivé sur un poste qui n’était plus occupé depuis sept mois. Une période un peu difficile durant laquelle les agents de la DAM ont réalisé un travail admirable.

À côté de cette mission, il y a des dossiers plus structurants pour l’économie maritime de la Nouvelle-Calédonie. Nous préparons les futurs contrats de développement entre la Nouvelle-Calédonie et le Gouvernement français, notamment autour du Port Autonome (PANC). En plus du service aux usagers, nous travaillons donc sur des projets structurants pour promouvoir le développement économique de la Nouvelle-Calédonie.

Il est beau notre PANC ! © Port Autonome de Nouvelle-Calédonie

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Concrètement, en tant que Calédonien, quand vient-on voir la DAM et pourquoi ?

Quand un usager vient à la DAM, ce n’est pas pour dire « bonjour » mais bien parce qu’il a une démarche administrative à effectuer ou qu’il fait face à un problème ! Notre rôle est donc de lui apporter une réponse rapide dans le respect des règles administratives. Mon rôle est de simplifier ces procédures et d’en fluidifier le cadre pour apporter la meilleure réponse aux usagers.

Le cas le plus typique reste la revente ou l’achat d’un bateau. Comme pour une voiture, il y a des démarches à suivre, notamment au niveau de l’immatriculation du navire. Nous recevons quotidiennement une quinzaine de personnes à ce sujet. Le deuxième cas typique concerne les marins : certains d’entre eux n’ont pas validé toutes les compétences nécessaires pour leur activité professionnelle. Ils viennent alors à la DAM se renseigner afin de connaître les démarches à suivre et demander une dérogation pour exercer, le temps de passer ladite formation. C’est une de nos préoccupations importantes : notre rôle n’est pas d’empêcher ces personnes de travailler mais bien de trouver l’équilibre permettant d’accéder à ces formations et de garantir leur sécurité juridique et celle de leur armateur.

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La DAM est composée de plusieurs services : quels sont-ils et quelles sont les principales missions de chacun de ces départements ?

La première compétence concerne les « gens de la mer ». Ce sont des travailleurs maritimes. Ils sont soit “marins” (matelot, chef mécanicien, capitaine, cuisinier, …), soit “non marins” (certains emplois exercés à bord du navire professionnel comme les hôtesses). Les gens de mer travaillent sur des navires professionnels ayant des activités de pêche ou de commerce (navire à passagers, plaisance professionnelle, de remorquage, etc.). Nous nous occupons des sujets qui les concernent.

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Hissez-haut ! © Canva

Le deuxième volet concerne les navires. Nous avons des missions qui touchent aussi bien à l’immatriculation des bateaux, leur vente, leur pavillon, leur sécurité en mer… En définitive, c’est de la gestion administrative et technique. Il y a aussi l’aspect réglementaire à propos de la circulation des navires : quelles sont les règles de navigation qui sont applicables en mer ? Il y a aussi des règles de police avec de la prévention et, quand cela est nécessaire, de la répression. La réglementation est parfois très complexe : nous favorisons donc la pédagogie en premier lieu afin de mieux la faire connaître.

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Globalement, quelles sont les principales différences entre la Guadeloupe et notre beau Caillou ?

Outre le statut administratif de la Nouvelle-Calédonie, la principale différence est la superficie du territoire, notamment maritime. La Nouvelle-Calédonie représente un million et demi de kilomètres carrés de zone maritime exclusive (ZEE) contre cent quarante mille pour la Guadeloupe et la Martinique réunies ! Étant très sensible à mon environnement et à la mer, j’aime connaître toutes les plages ou tous les ports du territoire où j’exerce mes fonctions. Je ne suis pas sûr de réussir à découvrir toutes les pointes, les caps et autres endroits pendant mon affectation tant le territoire est vaste ! Mais j’ai bon espoir.

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Quel est ton lien personnel et particulier à l’océan ?

La mer, c’est ma vie ! Au-delà du cliché de cette phrase, j’y suis profondément attaché. J’ai du mal à me détacher d’elle, à ne pas la voir tous les jours… Pour rentrer chez moi, je prends un chemin plus long pour passer au bord de l’eau ! C’est pour dire.

J’ai toujours évolué près et avec l’océan. J’ai choisi mon métier par passion, pour être en contact avec les gens de la mer et notamment avec les marins pêcheurs pour qui j’ai une affection particulière.

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Laissons le DAM de côté et parlons un peu de tes loisirs : on a pu te voir au bout de l’Anse Vata avec les accros de la glisse. Quelles sont les activités nautiques que tu pratiques ?  

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Avec le skipper François Gabart ! © Jean-Luc Vaslin

En effet, j’ai une passion pour les sports de glisse sur l’eau ! Il me semble les avoir tous testés… J’ai fait de l’optimist, du 420, j’étais en équipe de France de planche à voile, j’ai fait du kite, du surf, du foil… Tous les nouveaux sports qui apparaissent au fil des ans constituent un nouveau terrain de jeu. Il faut rester jeune et s’adapter aux nouvelles activités, non ? Mon activité du moment c’est la wing et le sup surf. À l’origine, je suis plutôt un surfeur.

La Nouvelle-Calédonie est un endroit particulièrement privilégié pour continuer ces pratiques. Par ailleurs, j’ai fait plusieurs fois le tour du monde sur des bateaux. Je suis un accroc de l’océan. Je peux aller consulter plusieurs fois par jour la météo marine pour connaître les conditions du lendemain.

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Un dernier mot ou une actualité à partager avec nos lecteurs ?

Actuellement, on parle beaucoup d’économie bleue et je crois que la Nouvelle-Calédonie peut être et doit être, un modèle de développement dans ce domaine. La direction des affaires maritimes, du fait de ses compétences transversales, est au cœur de ces enjeux et doit initier et participer à ce développement économique. Rien que dans la marine marchande, il manque des dizaines de milliers d’officiers : pour un jeune calédonien, c’est un secteur peu connu alors qu’il y a des possibilités professionnelles extraordinaires. Allez vers les métiers de la mer, les potentialités de carrières sont grandes !

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