Après avoir mis en lumière les nudibranches la semaine dernière, c’est maintenant au tour des algues d’être les stars du Musée Maritime. Ainsi, jeudi 6 juillet, à l’occasion la Fête de la Mer et des littoraux, Claude Payri, directrice de recherche et biologiste marin, ainsi que Lydiane Mattio, spécialiste des algues tropicales et chercheuse à l’IRD – UMR Entropie, ont retracé l’histoire des algues en Nouvelle-Calédonie et partagé leurs études sur les différentes utilisations potentielles de ces dernières. À travers leur récit, elles nous ont emmené du lagon jusqu’à nos assiettes, dévoilant ainsi l’importance des algues dans notre quotidien.
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Une présentation digne d’un cours en amphithéâtre
Claude Peyri, phycologue, avait initialement prévu de commencer sa conférence en soulignant le peu d’intérêt suscité par ces organismes. « Eh bien, je me suis trompée ! », confie-t-elle en observant la salle remplie de curieux. Elle a débuté par un constat général : les algues sont considérées comme des mauvaises herbes :
« Ça sent mauvais, ça se prend dans les filets de pêche, c’est visqueux… ».
Algo-phobie de nouzôtres…
Toutefois, il ne faut pas se fier aux apparences. En effet, ces drôles d’organismes, aux formes et aux tailles extrêmement variées, qui colonisent presque tous les milieux – marins, aériens, terrestres -, jouent un rôle indispensable dans les réseaux “trophiques“, autrement dit “alimentaires”. Ainsi, bien qu’elles soient critiquées lorsqu’elles s’échouent sur les plages, comme lors de la marée verte à Poé en 2018, les algues sont néanmoins essentielles à la préservation de nos océans.
« Ces dysfonctionnements ont souvent pour origine les activités humaines mal contrôlées et ces phénomènes sont aggravés par les changements climatiques qui affectent la biologie des espèces et le fonctionnement des écosystèmes »
Claude Peyri, algo-lover
Malheureusement, les végétaux sont souvent oubliés par rapport aux animaux en danger, comme en témoignent les emblèmes d’associations qui mettent en avant des espèces telles que les dauphins, les baleines, les ours blancs ou les pandas. Pourtant, tout comme les autres écosystèmes, avec l’augmentation de la température et l’acidification des océans, les algues pourraient souffrir et venir à disparaître. Cette disparition aurait des répercussions en cascades car, sans algues, les niveaux trophiques supérieurs seraient également affectés.
De plus, les algues jouent un rôle important dans la bioremédiation, un phénomène qui consiste à utiliser ces organismes pour dégrader et éliminer les polluants présents dans l’environnement. Grâce à leur capacité naturelle à absorber et à métaboliser les métaux lourds et les hydrocarbures, les algues peuvent contribuer à purifier l’eau. De plus, elles produisent de l’oxygène grâce à la photosynthèse et favorisent ainsi la croissance de leur biomasse qui peut être utilisée pour éliminer les contaminants de l’environnement.
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Les algues ne vous racontent pas des salades !
Si les algues sont victimes de leur réputation, l’industrie, elle, a globalement compris leur intérêt. En effet, à travers le monde, certaines algues sont utilisées de bien des manières. Aujourd’hui, par exemple, elles occupent une grande place au sein de l’Économie Bleue et représentent plus de 30 % de la production aquacole mondiale ! Que ce soit dans l’industrie agroalimentaire cosmétique, pharmaceutique ou encore biotechnologique, les algues peuvent être un ingrédient à ne pas négliger. En Nouvelle-Calédonie, certains utilisent les algues échouées pour en faire de l’engrais, d’autres mangent les Caulerpes en salade. Cependant, les calédoniens ne sont pas friands de cette salade des mers. Pourtant, selon Lydiane Mattio, les espèces locales ont un véritable potentiel.
Ainsi, plusieurs initiatives sont en cours pour développer une filière de macro-algues en Nouvelle-Calédonie. Première étape : répertorier. Le projet safeNCweed vise à identifier et sélectionner des variétés spécifiques d’algues marines pour déterminer leur comestibilité. L’objectif principal est d’évaluer leur niveau de contamination et leur valeur nutritionnelle afin de formuler des recommandations favorisant le développement de leur production.
Au niveau régional, le projet SouthPACIWEED poursuit le même objectif. Deuxième étape : cultiver. Avec la startup Algaedonia, Laura Lagourgue et Lydiane souhaitent développer des produits alimentaires issus d’une mise en culture de macro-algues calédoniennes. Des essais ont déjà débuté au centre technique aquacole situé à Port-Ouenghi.
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Pour aller plus loin…
Pour continuer de découvrir ce monde sous-marin sous-estimé, vous pouvez contempler, à travers l’œil du photographe Nicolas Job, une exposition à la croisée de l’art et de la science. Ces photographies captivantes révèlent la remarquable variété de formes, de couleurs et de textures des algues de Nouvelle-Calédonie et des environs de la région Pacifique, avec une touche poétique et surprenante. « Alga ! » est ouverte jusqu’au 1er octobre 2023. RDV au RDC du Musée Maritime !
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