Imaginez un vaste bleu, le plus grand de la planète : le Pacifique. Il n’est pas juste un décor ou un espace géographique, c’est un protagoniste, un « ami » fondateur pour les îles d’Océanie. Cet océan est à la fois un nid culturel, spirituel et identitaire, une terre nourricière, un esprit ancestral. Dans les mythes, les savoir-faire, l’identité et jusque dans les défis contemporains, l’océan est omniprésent.

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Nés avec l’océan dans le sang

Oubliez les manuels poussiéreux. Ici, l’Océan est un mythe. Dans de nombreuses cosmogonies océaniennes, la merest décrite comme l’origine de toute vie. Les légendes racontent comment elle abrite les divinités, façonne les récits fondateurs ; à travers des chants, des danses, des légendes qui perpétuent la mémoire. L’appartenance à une île ou à un lagon dépasse la notion de territoire, elle exprime une identité profondément liée à l’océan. Comme le rappellent certains proverbes polynésiens, « un peuple n’est pas une terre, mais un océan ». 

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Danser avec l’océan © Communauté du Pacifique

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Un art à mer ouverte

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Les GPS n’ont qu’à bien se tenir © Hannah Hillam

La navigation traditionnelle, c’est un peu l’art du voyage sans boussole. Bien avant l’arrivée des Européens, les navigateurs polynésiens et micronésiens sillonnaient le Pacifique sans instruments modernes. Imaginez partir en pleine mer, guidé uniquement par les constellations, les oiseaux, la houle. Pas d’écran, que des étoiles, des nuages et votre instinct. 

Cette pratique, c’est le « wayfinding » polynésien, symbolisée par la pirogue hawaïenne Hōkūleʻa. Les étoiles, les oiseaux, les vagues ; tout devient repère. Une vraie ferté culturelle, incarnée par des maîtres de navigation comme Mau Piailug, originaire de Micronésie, qui a propagé ce savoir auprès d’autres îles, comme Hawaï. Cette renaissance a relancé la fierté culturelle hawaïenne et inspiré tout le Pacifique (et même Vaiana de Disney).

Tatouages en spirales comparables aux vagues, sculptures de bois, chants, danses, etc. L’art océanien déborde d’inspiration océanique. Et chaque culture (Mélanésie, Micronésie, Polynésie) a ses codes et formes, comme un immense kaléidoscope culturel. La pêche aussi est un art. La mer est un garde-manger, mais son exploitation repose sur des règles culturelles et des pratiques de partage. Elle est entourée de rituels et implique un respect des cycles naturels. Il ne s’agit pas seulement d’attraper du poisson, mais plutôt de respecter, partager, ritualiser. 

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Traditions VS climat

Les traditions naviguent de nouveau sur les vagues de la modernité. Dans plusieurs îles, les enseignements de navigation traditionnelle réapparaissent. Les savoirs liés à la pêche durable sont remis en avant et les expressions artistiques se renouvellent en intégrant les héritages maritimes. 

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Un pour tous, tous pour l’océan © Sanfoka Impact

Mais l’océan, malgré son rôle sacré, est entré dans une nouvelle ère de danger. Montée des eaux, acidification, cyclones, érosion, etc. menacent directement les cultures. Les statues de l’île de Pâques en sont le parfait exemple, rongées par l’avancée de la mer. Les communautés du Pacifique inventent des solutions qui allient savoirs ancestraux et innovations modernes : replantation de mangroves, aménagements côtiers, restauration des récifs. Ce sont autant de réponses ingénieuses qui tissent savoir traditionnel et science moderne. Côté organisation environnementale, de jeunes générations, regroupées par exemple au sein des Pacific Climate Warriors, portent un discours militant où l’océan est défendu comme patrimoine mondial.

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Le Pacifique, acteur principal de l’histoire

Le lien entre les cultures océaniennes et le Pacifique dépasse le simple rapport homme-nature, il s’agit d’une véritable relation identitaire, spirituelle et politique. L’océan est un héritage vivant, mais aussi un enjeu crucial face aux bouleversements climatiques. Préserver cette relation, c’est à la fois protéger une culture et répondre à un défi global.

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