Épisode #3 – Partie 2/2 – La fin d’un périple en Polynésie Française

Tout le monde sur le pont moussaillons ! Nous embarquons sur le Getaway pour faire la traversée des Caraïbes et du Pacifique à la voile. Enfin… C’est François Papin, capitaine du navire, qui nous raconte les étapes de son épopée à bord de son monocoque, qui n’en est pas à son premier voyage ! En effet, fidèle destrier de ses parents depuis plus de trente ans, le Getaway a déjà fait le tour du monde et parcouru tous les océans pendant deux décennies.

Rencontré au mois de mars alors qu’il allait s’envoler vers la Guadeloupe, nous avions décidé de suivre le parcours de François et de le partager à tous ceux qui rêvent d’aventures. Tel un journal de bord, découvrez les étapes du nouveau périple du Getaway, ses matelots et leurs péripéties. Dans l’épisode précédent, François Papin retrouvait son père pour un morceau de voyage. Dans la suite de son aventure, ce sont sa femme et son fils qui montent à bord…

Getaway
Fidèle Getaway toujours fidèle au poste ! © François Papin

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Direction Tahiti

Samedi 22 juillet

Nous partons en direction de Tahiti. Navigation de deux jours dans de bonnes conditions, excepté un problème de pilote électrique qui a lâché dans la nuit et qu’il a fallu réinitialiser. Au petit matin, nous entrons dans la passe de Papeete, puis nous longeons le récif par l’intérieur, et là surprise ! Cinq baleines nous accompagnent dans le chenal qui n’est pourtant pas très large. Je ralentis le bateau pour les laisser passer mais elles ralentissent aussi et viennent se mettre le long du bord… Instant émotion !

Getaway
Les baleines et l’océan Pacifique, une histoire d’amour… © Canva

Nous mouillons dans l’ouest de l’île, à proximité de la Marina Taîna. Nous restons quelques jours à cet endroit puisque Papa doit reprendre l’avion dans quelques jours et nous en profitons pour faire des courses. Le départ sonne pour lui mais nous accueillons ma femme Julie et mon deuxième fils Ilann, venus de Nouméa passer les vacances à bord.

Avec eux nous faisons route en direction de Moorea qui sera un peu moins urbaine que Papeete… En tout cas, nous l’espérons ! Effectivement, Moorea est une île très sympathique de 15 000 habitants, tournée vers le tourisme. Nous louons une voiture pour quelques jours et faisons le tour de l’île. Magnifiques paysages escarpés entourés de lagons turquoise. Nous retrouvons également un copain de Nouvelle-Calédonie, venu s’installer ici avec femme et enfants il y a quelques années.

Getaway
La Polynésie française et ses horizons écharpés… © François Papin

Frank et Cathy tiennent le Gîte OA OA, ils proposent quelques bungalows tout équipés en bord de mer. L’ambiance y est vraiment chaleureuse et sympathique. Forts de leur succès, ils sont souvent complets, mais c’est une adresse à conseiller. Nous restons une dizaine de jours à Moorea. Au programme, balades à pied ou en voiture, snorkeling et bien sûr, achat de quelques perles en souvenir.

Jeudi 17 Août

Nous retournons sur Tahiti. Le 18, nous louons une voiture pour faire du tourisme dans le centre de Papeete, avec son grand marché très animé et dans le nord de l’île qui offre des paysages magnifiques. En fin de journée, j’emmène Julie et Ilann à l’aéroport, les vacances sont finies ! Pour eux c’est le retour à la vie nouméenne.

Pour Jean-Mi et moi, les grandes vacances continuent, nous partons en voiture vers le sud de l’île qui est finalement moins spectaculaire que le nord. Nous poussons tout de même jusqu’à Teahoopo dans l’espoir de voir la mythique vague de surf. Finalement, nous ne verrons pas grand-chose car la barrière est éloignée de la côte… Mais nous ne regrettons pas la balade.

Getaway
Décor de carte postale même quand loin du Getaway © Canva

Il est également temps pour nous de préparer la suite du voyage, à commencer par l’avitaillement. Nous profitons donc d’avoir un véhicule pour faire les grosses courses, soit des vivres pour un mois. Nous avons finalement passé du temps au mouillage à Tahiti et les autorités locales sont venues à plusieurs reprises nous demander de partir. Il y a trop de voiliers et les nouveaux venus ne sont pas les bienvenus. Nous avons demandé où il était possible d’ancrer le bateau sans que ça gêne, il nous a été répondu qu’il n’y avait pas d’endroit, qu’il fallait partir…

Je conclurais donc en disant que Tahiti n’est plus vraiment une destination valable pour les voiliers de passage, excepté pour faire des courses. Quoique les courses puissent être faites à Moorea où les gens sont beaucoup plus accueillants… jusqu’à ce qu’il y ait trop de voiliers, j’imagine.

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Direction les Tonga

Mercredi 23 Août

Après avoir fait les formalités de sortie du territoire, nous appareillons en direction de la Nouvelle-Calédonie en imaginant faire une ou deux escales en chemin, mais nous ne savons pas encore où. Cela dépendra des conditions météo et de notre envie de rester en mer ! Au départ les conditions ont été très clémentes, il y avait juste assez de vent pour avancer, ce qui est idéal pour s’amariner. Le temps est au beau et les nuits étoilées. Sans la pollution lumineuse des villes, le ciel prend une dimension incroyable ! Au bout de deux jours, le vent a commencé à monter, nous avançons vent arrière, voiles en ciseaux, le bateau roule et nous restons sur le bon cap.

Dimanche 27 août

Le vent tourne au Nord puis au Nord-Est, nous n’arrivons plus à maintenir notre cap, nous décidons de partir vers le Sud. Le lundi, le vent continu de tourner, il vient de l’ouest maintenant et nous prenons la route vers le Nord, ce qui n’est toujours pas notre cap ! L’après-midi, le vent tourne à nouveau au Sud et nous reprenons notre route vers l’ouest. Le temps reste nuageux.

Getaway
Nuageux mais avec quelques éclaircies, l’horizon reste envoutant du Getaway… © François Papin

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Quelques embuches ?

Mardi 29 août

Un bruit dans le système de barre nous pousse à en démonter une partie. En navigation, le mécanisme continu son travail et fait des mouvements à droite et à gauche, ajoutés aux mouvements de roulis du Getaway, ça ne simplifie pas l’intervention. L’opération nous prend deux bonnes heures de la matinée, on lubrifie au maximum tous les éléments accessibles et on remonte l’ensemble. Ça couine toujours, mais un peu moins ! On est bon pour revoir tout ça à la prochaine escale.

D’ailleurs, on ne sait toujours pas où on a envie de s’arrêter. Pour le moment, le bateau avance bien, les jours en mer se succèdent, on passe beaucoup de temps à lire et à regarder la mer, Jean-Michel fait toujours le pain une fois tous les deux jours… On a aussi la ligne de traîne, qui n’a encore rien attrapé, mais Jean-Michel est motivé, il a même installé un système avec une cloche pour qu’on soit prévenu lorsqu’un poisson mordra…

Le vent est de plus en plus fort, 20/25 nœuds, parfois 30 dans les rafales. La mer s’est creusée, la houle approche les trois mètres. Nous naviguons à bonne allure, grand-voile à deux ris et génois enroulé à 50%. De temps en temps, on se fait arroser dans le cockpit par une vague venue taper sur le franc-bord. Il va également falloir que nous changions l’heure du bord et reculions l’horloge d’une heure. Nous sommes toujours à l’heure de Tahiti, mais comme nous progressons vers l’ouest, on court après le soleil qui se couche de plus en plus tard. Dans les jours qui suivent, le vent baisse régulièrement et notre vitesse aussi, évidemment.

Cap à l’Ouest, au 270°, nous nous approchons de Vavau, dans l’archipel des Tonga, et envisageons finalement d’y faire escale.

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