Épisode #3 – Partie 1/2 – Une pause en Polynésie Française 

Tout le monde sur le pont moussaillons ! Nous embarquons sur le Getaway pour faire la traversée des Caraïbes et du Pacifique à la voile. Enfin… C’est François Papin, capitaine du navire, qui nous raconte les étapes de son épopée à bord de son monocoque, qui n’en est pas à son premier voyage ! En effet, fidèle destrier de ses parents depuis plus de trente ans, le Getaway a déjà fait le tour du monde et parcouru tous les océans pendant deux décennies.

Rencontré au mois de mars alors qu’il allait s’envoler vers la Guadeloupe, nous avions décidé de suivre le parcours de François et de le partager à tous ceux qui rêvent d’aventures. Tel un journal de bord, découvrez les étapes du nouveau périple du Getaway, ses matelots et leurs péripéties. Dans l’épisode précédent, nous avions laissé François Papin et son frère Jean-Michel débarquer tranquillement aux Marquises, une étape importante du voyage. Et pour cause…

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Les retrouvailles

Dimanche 18 juin

Après deux jours à Hanavave, nous partons en direction de Hiva-Oa, que nous atteignons en fin de journée. Nous descendons à terre pour la première fois depuis un mois et nous allons nous balader sur l’île. Le Village d’Atuona est à deux kilomètres et nous sommes tout endolories par le trajet. Après un mois en mer, nous n’avons plus de jambes !

Nous passons quelques jours à Hiva-Oa, suivis d’une courte escale d’une nuit à Tahuata, l’île juste à côté, nous repartons en direction de Nuku-Hiva. Après une journée de navigation, nous mouillons à Nuku-Hiva, devant le village de Taiohae, la capitale. Le mouillage est spacieux mais franchement inconfortable à cause de la houle qui rentre ; le bateau roule beaucoup. Nous débarquons à terre pour voir si ça bouge moins…

L’accueil est très sympathique, les gens sont souriants et tout est facilement accessible : banque, magasins, snacks.

Dimanche 25 juin

Nous louons une voiture pour aller chercher notre père qui arrive par avion et qui nous accompagnera pendant un mois pour la navigation entre les Marquises et Tahiti.

“Papa à la barre du Getaway” © François Papin

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Une semaine de « répit » à bord du Getaway

Dimanche 25 juin

Nous passons la semaine à Nuku Hiva pour laisser le temps à notre père, Jean-Jacques, de se remettre de son voyage en avion depuis la Métropole et du décalage horaire. Contrairement à ce que je pensais, il n’a pas l’air fatigué, il est même plutôt en pleine forme ! Nous décidons donc de changer de mouillage, toujours à Nuku Hiva, mais un peu plus à l’ouest cette fois. J’espère que ça sera plus confortable et surtout moins rouleur que Taihoae.

La navigation, quoiqu’assez courte est très sportive : grosse houle de travers et vent soutenu, le bateau amorce des départs au surf, c’est impressionnant car il fait la taille et le poids d’un autobus ! Le mouillage n’est pas visible du large et il nous faut donc nous diriger droit vers la côte constituée de falaises escarpées de roches noires sur lesquelles brise la grosse houle qui pousse le bateau. C’est le moment d’avoir confiance en la carte qui dit qu’il y a un passage et qu’une fois engagé, le mouillage est censé apparaître sur tribord.

Ouf ! La carte ne s’est pas trompée, le mouillage est bien là et nous nous retrouvons à l’abri de la mer et du vent. Malheureusement, nous ne sommes pas les seuls à avoir cette idée et il y a déjà un certain nombre de voiliers au mouillage. On se trouve quand même une petite place.

Mercredi 18 juin
Au tour de Jean-Mi ! © François Papin

Le guide que nous avons acheté au ShipChandler Accastillage Diffusion de Nuku Hiva parle d’une source d’eau de qualité, à proximité. Nous embarquons donc les bidons dans l’annexe et partons, Jean-Mi, Papa et moi à la recherche du point d’eau. Ce qui me semblait être une formalité va devenir un véritable parcours du combattant car pour atteindre le point d’eau, il faut approcher d’une plage battue par les rouleaux qui submergent l’annexe, puis passer un seuil de sable sur lequel notre embarcation ne flotte pas. Donc on descend tous les trois et on pousse pour finalement rentrer dans la rivière et pouvoir remonter celle-ci à contre-courant. Tout ça sous une pluie battante, car bien sûr, il s’est mis à pleuvoir à verse…

Une fois qu’on est dans la rivière, tout est plus calme, il y a même une vache sur la rive qui nous regarde passer, puis un cheval… Nous atteignons enfin le point d’eau et faisons le plein de nos bidons. Et maintenant, il ne reste plus qu’à faire le trajet inverse… Avec l’annexe chargée des bidons d’eau pleins… Le retour sera aussi épique que l’aller et je crois qu’on se souviendra longtemps de notre petite aventure improvisée.

Par ailleurs, le mouillage est impressionnant. Dès qu’il pleut, de nombreuses cascades dévalent des falaises abruptes, c’est magnifique !

Direction Les Tuatomus à bord du Getaway © François Papin

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Joyeux anniversaire Jean-Mi !

Samedi 1er juillet

Après deux semaines passées aux Marquises, nous appareillons pour les Tuamotus. La navigation est musclée, mer formée, vagues croisées et vent soutenu. Nous naviguons avec deux ris dans la grand-voile et le génois à moitié enroulé : ça secoue pas mal. Après trois jours, le vent se calme et la mer aussi, on peut renvoyer toute la grand-voile et le génois.

Mercredi 5 juillet

Enfin, au bout de quatre jours d’une navigation fatigante, nous arrivons à Fakarava pour l’anniversaire de Jean-Michel qui fête ses 50 ans. Bon anniversaire Jean-Mi ! Pour fêter ça, nous débarquons au village de Rotoava et cherchons un restaurant. Pas de chance, le seul restaurant de l’île est fermé le mercredi. Nous trouvons quand même une petite pizzeria qui propose des pizzas à emporter mais qui dispose quand même de deux tables. Nous fêtons les 50 ans de mon frère à grands coups d’Orangina et de Sprite car ils ne vendent pas d’alcool, mais les pizzas sont très bonnes et les gens souriants et accueillants.

Le lendemain, nous retournons à terre et réservons une table dans le “vrai” restaurant. Excellente soirée dans un cadre agréable, les plats sont bons et un groupe de musique tahitienne met l’ambiance. 

Dans les jours qui suivent, nous traversons le lagon de Fakarava en direction du sud et jetons l’ancre à Tetamanu. Ce village compte quinze habitants et je pense qu’ils travaillent tous au centre de plongée qui propose des hébergements et un bar-restaurant. Jean-Mi fait son baptême de plongée et nous profitons du bar sur pilotis pour déguster une bière – ils n’ont aucune autre boisson – en regardant les petits requins passer sous nos pieds et le soleil se coucher sur l’horizon…

Le Getaway à Fakarava © François Papin
Mercredi 12 juillet

Nous quittons Fakarava de nuit en direction d’Apataki, où nous restons une nuit puis repartons en direction de Rangiroa. Après une nuit de navigation tranquille, au portant, par petit temps, nous arrivons dans le lagon de Rangiroa.

Les passes permettant d’entrer dans les lagons sont toujours impressionnantes et stressantes car le couranty est important et le passage souvent étroit. On attend l’étal de la marée et on s’engage en serrant les fesses ! Mauvaise surprise, il y a trois cents litres d’eau de mer dans les fonds du bateau.

Après avoir procédé au vidage, nous recherchons par où cette eau a pu rentrer. Finalement, il semblerait que le presse-étoupe de l’arbre d’hélice soit le responsable. Je le resserre correctement.

Mercredi 19 juillet

Nous naviguons dans le lagon de Rangiroa en direction du “Blue Laggon” qui est un petit atoll dans le grand lagon. Effectivement, on en a pour notre argent, eau turquoise, snorkeling avec les petits requins, cocotiers penchés qui bruissent dans l’alizé… La carte postale !

JM à la veille du Getaway © François Papin

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