En partenariat avec Michael Field

Épisode #1 – À Nakety, l’avion perdu

Les fonds sous-marins du lagon et, plus globalement du monde, recèlent des trésors à en faire pâlir les pirates les plus cupides… Au fond des océans règnent les vestiges de notre passé mais également les stigmates de l’activité humaine. Dans cette série d’articles, NeOcean, accompagné du petit robot d’Island Robotics, partent ensemble à la découverte des insolites merveilles qui dorment dans les profondeurs sous-marines. Embarquez pour un voyage 1000 lieues sous les mers… Pour ce premier épisode, direction la baie de Nakety, sur les traces d’un avion datant de la Seconde Guerre mondiale !

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Pour la plupart, les épaves datent de la Seconde Guerre mondiale ! © Island Robotics

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Une histoire commune  

Les traces de la Seconde Guerre mondiale en Nouvelle-Calédonie sont nombreuses. Et pour beaucoup d’entre elles, elles se trouvent au fond de notre lagon. Alors qu’en 1940, la Nouvelle-Calédonie se range du côté des Alliés, elle devient un point stratégique dans le Pacifique, face à l’ennemi japonais. Des Américains, des Australiens et des Néo-Zélandais font de la Calédonie une base de défense et de contre-attaque.

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Le Douglas C-47 longeant les côtes calédoniennes vers 1942… © Archives

Ce sont plus d’un million de soldats qui ont transité sur le territoire pendant toute la période. Et avec eux, bon nombre d’infrastructures et autres matériels pour guerroyer. Notamment des avions. Spécifiquement un Douglas C-47 de l’armée américaine. Le 24 novembre 1943, cet avion, au départ de l’aéroport de la Tontouta et en direction l’île de Santo au Vanuatu, s’est écrasé dans le lagon près de la baie de Nakety. Il reste, à ce jour, introuvable… Plus pour longtemps si l’on en croit Michael Field, le fondateur d’Island Robotics !

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Un témoignage du passé

La Calédonie n’est pas inconnue des histoires d’épaves perdues. Pourtant, beaucoup d’entre elles sont peu connues du grand public. Le crash du Douglas C-47 a entrainé la mort de vingt-cinq personnes. De nombreuses expéditions ont été menées pour retrouver l’avion, notamment par les militaires américains et néo-zélandais. Malgré une zone plus ou moins établie autour la baie de Nakety, le périmètre de recherche reste très large et plus ou moins profond. Plusieurs centaines de kilomètres carrés s’entendent jusqu’au récif extérieur. Autant chercher une « anguille » dans une botte de foin !

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Chef de tribu Ouassé en 2010 (gauche) et seul témoin du crash en 1943, montrant l’estimation de positionnement à © Fortunes de Mers calédoniennes

Ainsi, pendant des décennies, les recherches sont restées infructueuses… Jusqu’au témoignage d’un kayak ayant assisté au crash en 1943. Alors qu’il pêchait sur un récif alentour, il affirme avec vu l’avion s’écraser et la queue du C-47 couler à pic. Il a gardé ce souvenir et les informations toute sa vie, n’imaginant pas être le dernier maillon pour guider les recherches… En 2010, Fortunes de Mer calédoniennes a pu rencontrer ce kanak, Gustave Kataoui, devenu chef de tribu de Ouassé à côté de Canala. Avec son témoignage, l’association a réussi à collecter un maximum d’informations pour réduire la zone de recherche… Que l’expédition reprenne !

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La technologie au service de l’archéologie marine

Dès 2013, les recherches de l’association s’intensifient. Mais les fouilles sous-marines ne sont pas chose aisée… Si les archéologues terrestres évoluent dans des milieux difficiles et parfois dangereux, il n’en est rien comparé à l’environnement des archéologues du grand bleu. En effets, leur travail s’effectue dans des zones inadaptées à la vie humaine : profondeur, pression, pénombre… Sans compter qu’il nécessite un matériel technique de pointe. Tant de facteurs limitants dans la localisation des épaves et particulièrement de ce C-47.

Pourtant, l’importance sociale de cette activité de reconnaissance des épaves sous-marines est immense, tant d’un point de vue environnemental que d’un point de vue social. Les épaves, comme celle de Nakety Bay, ont un grand intérêt pour le patrimoine calédonien et leurs effets sur les communautés locales et internationales.

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Robots sous-marins Island Robotics (gauche), imagerie sonar d’un avion américain de la seconde guerre mondiale (centre), inspection vidéo du cockpit de l’avion (droite)

C’est pourquoi l’association Fortunes de Mer s’est lancée dans cette aventure, rejoint par Island Robotics qui dispose de la technologie adéquate pour aller fouiller le fond des mers. L’idée est de collecter des données sonar, bathymétriques, magnétiques et vidéo à haute résolution afin d’identifier l’avion perdu. AUV et ROV sont les nouveaux accessoires de ces Indiana Jones modernes ! Ne reste plus qu’à monter l’expédition !

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