Vous ne vous êtes jamais demandé quelles étaient les histoires derrière ces hommes et ces femmes au marché aux poissons de Nouméa ? Ces travailleurs acharnés, pour qui l’amour de la mer et de la pêche ne s’explique pas. Bien souvent, c’est un loisir voire une passion qui s’est transformée en métier.
Dernièrement, nous avons fait la connaissance d’Isabelle Lechanteur, la pétillante quadragénaire du pavillon de Port-Moselle. Nous avons continué notre tour des tables, à la rencontre d’une autre sirène : Olivia Olonde-Lelong. Fille de pêcheur et passionnée par son métier, elle n’a pas peur d’écailler les poissons, avec son impeccable manucure en toute occasion.
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Olivia, dans les traces de son papa
Depuis sa naissance, Olivia n’a jamais été très loin de la mer. A 70 ans, son père Michel Olonde est pêcheur professionnel. Il a toujours veillé sur sa fille depuis son enfance ; et il continue à le faire aujourd’hui puisqu’il partage son quotidien avec elle. Au marché, leurs stalles sont l’une à côté de l’autre. Lui pêche, elle, préfère la vente. « Avec ma sœur, on a toujours aidé nos parents à travailler, le week-end et après l’école, donc j’ai fini par aimer ça » raconte-t-elle.
A quatre heures du matin le samedi et le dimanche, quand certains enfants font la grasse matinée et vont au parc de jeux, Olivia et sa sœur étaient déjà debout, direction le marché aux poissons. « On faisait nos petits sous comme ça, mes parents nous ont toujours dit que si on voulait quelque chose il fallait travailler. »
Dès l’âge de sept-huit ans, quand elle ne vendait pas, Olivia enfilait ses claquettes pour aller découvrir le platier à marée basse. Elle a tout appris de son père : comment gratter et vider le poisson, comment reconnaître les espèces etc. « J’ai toujours eu ce coup de cœur pour la mer, ça ne m’a jamais dégoûté, au contraire ça m’a passionné rapidement » explique Olivia.
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Passionnée par un dur métier
La jeune femme arrête l’école en troisième, pour un CFA coiffure mais elle est rapidement retournée à ses premiers amours. A 16 ans, elle s’implique dans l’activité familiale, une façon de gagner de l’argent « facilement » en suivant sa passion. Olivia n’a jamais trop réfléchi à son avenir, si ce n’est profiter du moment présent et vivre au jour le jour. « J’aurais aimé continuer des études pour voir autre chose et profiter de mes week-ends et avoir une vie normale » dit-elle.
Mais une vie « normale » comme dit Olivia, lui conviendrait-elle ? De 7h à 17h dans un bureau ? Peut-être, peut-être pas. Si elle aime son métier, la Calédonienne, qui un jour s’est rêvée hôtesse de l’air, est consciente des difficultés rencontrées au quotidien. La concurrence avec les autres pêcheurs, la conjoncture économique ou encore les charges qui incombent au métier, la vie de vendeuse de poissons n’est pas de tout repos. « J’ai fait d’autres métiers : serveuse, coiffeuse… mais je suis toujours revenue aux poissons » confie-t-elle.
Depuis 2008, Olivia est titulaire d’une stalle à son nom au marché. Un endroit qu’elle aime et qu’elle partage avec son mari Rodrigue, du mercredi au dimanche, toute l’année. « On travaille pour nous. J’aime l’ambiance du marché, c’est festif et on rencontre beaucoup de monde » explique-t-elle.
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Coquillages, maquillage et marinade
Exit le cliché de la poissonnière à la voix criarde avec les cheveux en bataille, Olivia elle, est plutôt eyeliner et manucure. Très coquette, Olivia met un point d’honneur à s’apprêter pour aller travailler. « C’est un respect aussi pour le client d’être présentable. Ce n’est pas parce qu’on vend du poisson qu’il faut se laisser aller. » Nul doute que les clients se perdent dans ses yeux aussi bleus que les couleurs de l’océan.
De retour chez elle, Olivia n’en a jamais assez du poisson. Poissonnière mais aussi cuisinière hors-pair, elle fait chauffer les fourneaux pour préparer de bons petits plats à déguster en famille. Si elle apprécie « un bon steak » de temps en temps, ce qu’elle sait faire le mieux, c’est cuisiner les produits de la mer. Gratin de crabes ou de crevettes, enchiladas à la langouste, poulpe grillé ou encore filet de perroquet panné… Olivia redouble d’inventivité pour sublimer tous les produits frais, qu’elle connaît sur le bout des doigts. Parmi tout ses plats, on ne saurait lequel choisir. On en a l’eau à la bouche !
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