« À sept minutes seulement de Nouméa », flotte une embarcation pas comme les autres… À son bord, vous pouvez déguster une cuisine familiale et locale, siroter un bon cocktail mojito pomme-liane tout en piquant une tête dans le bleu du lagon. Bienvenue sur Le Ponton « 2 ».

Positionné au bord du récif Tamanou, Le Ponton a eu plusieurs vies… tout comme Philippe Frolla, son gérant ! Alors que nous avions découvert le premier chapitre de l’histoire du Ponton à travers la voix d’une Sirène, c’est à travers le parcours de Philippe Frolla, que nous découvrons la suite de l’histoire. Embarquez dans son univers, rempli de passions et partagé entre tourisme, restauration, écologie et plongée.

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Bonjour Philippe et bienvenue sur NeOcean ! Après la Sirène du Ponton 1, on rencontre le gérant du Ponton 2 ! Peux-tu te présenter un peu plus en détail à nos lecteurs ?

Bonjour NeOcean, je m’appelle Philippe Frolla, je suis originaire de Monaco, j’ai grandi sur le bassin méditerranéen. Passionné de mer et d’océan depuis mon plus jeune âge, je suis arrivé en 2002 sur le territoire, sur bons conseils d’amis passionnés de plongée et de chasse sous-marine. Depuis, j’ai eu plusieurs casquettes, dont l’une est celle d’associé et gérant du Ponton 2.

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Le Ponton ne nous est pas inconnu ! Peux-tu nous conter ton histoire vis-à-vis de ce lieu et surtout sa raison d’être aujourd’hui ?

Pour toutes les personnes qui ont transité par l’établissement de manière professionnelle, Le Ponton est avant tout une aventure, un coup de cœur, une passion ! C’est un établissement totalement atypique, qui était d’abord positionné en arrière-récif, au niveau de la fausse passe de Uitoé, puis dans la passe de Dumbéa.

À la base, le Ponton est une plateforme d’accueil pour les touristes, majoritairement des Japonais à l’époque. Il permettait de faire de la plongée en scaphandre. Il y a eu une période où le Ponton proposait des activités et découvertes en plongée avec la fameuse Sirène ! Enfin, quand Fabrice, dit « Balou » et Jean-Marc l’ont repris, ils proposaient des activités de loisirs (snack, snorkeling, concerts…). Le Ponton était totalement à l’abandon depuis plusieurs années… Ils ont fait le pari de le sortir, de le retaper et de le remettre en place !

Pour avoir les autorisations d’exploitation de la plateforme, il a été nécessaire de faire un état des lieus des communautés coralliennes par une notice d’impact. C’est à ce moment que je découvre Le Ponton où Jean Marc et Balou font appel à mes services pour faire cette notice d’impact. En 2012, la dépression Freda a endommagé le Ponton et il a été nécessaire de le rapatrier sur Nouméa pour le rénover. Je suis entré dans l’aventure avec le projet de le placer plus proche de Nouméa.

ponton
© NeOcean

Le Ponton est positionné depuis sous le vent du récif Tamanou, à moins de 10 minutes de bateau de la Côte Blanche. Nous sommes spécialisés dans de la cuisine familiale : poissons du lagon et crustacés. La restauration prend beaucoup de temps mais j’ai la chance d’avoir une équipe qui est très fidèle, très professionnelle et qui fait un super travail malgré la technicité et la complexité de l’établissement. Il y a de la navigation, il peut y avoir des renversements météorologiques qui rendent les services compliqués… Les lieux sont cependant sécurisés et agréables pour accueillir du monde, même en temps un peu mitigé.

Ça me fait penser à une anecdote. L’année dernière, on a reçu un comité d’entreprise qui faisait une chasse au trésor sur l’ilot Uéré avec I Dream. Pendant que Pierre-Yves gérait cette chasse au trésor, j’ai commencé à aller récupérer certains des participants pour les ramener au Ponton. Au deuxième aller-retour, un événement climatique très localisé à la Baie de Sainte-Marie s’est produit : une mini tornade s’est créée. Elle nous a coupé la visibilité et en plus, elle a tout renversée notre belle mise en place prévue à bord du Ponton. Nous avons réussi à nous abriter mais nous étions à deux doigts d’annuler la journée.

Pour autant, une fois l’orage passé, le reste de la journée a été très festive, bien que les tables aient été retournées. Les gens avaient envie d’en profiter, ils nous ont beaucoup sollicités au bar et ça été un service super ! Il y a un tas d’anecdotes à raconter. À chaque fois, on ne sait jamais le service que l’on va avoir. Chaque jour, l’ambiance varie en fonction des gens qui embarquent !

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Travailler sur le Ponton c’est forcément avoir un rapport à l’environnement marin fort. Peux-tu nous parler un peu plus d’où te vient se rapport à la mer et plus spécifiquement au lagon calédonien ?

Je suis issu de la Méditerranée, j’ai grandi en faisant la chasse aux poulpes, aux girelles, aux sarrans avec mon frère avec qui nous pratiquions la chasse sous-marine. Cela nous a amené à pratiquer d’autres disciplines, comme l’apnée profonde. Mon frère a d’ailleurs été recordman du monde et j’ai moi-même participé à quatre championnats du monde d’apnée.

Championnat du monde en Sardaigne en 1998, avec l’équipe de France, Monaco et Nouvelle-Calédonie © Philippe Frolla

D’ailleurs, c’est lors de mon premier championnat du monde que j’ai entendu parler de la Calédonie. C’est resté dans un coin de ma tête pendant plusieurs années, jusqu’à ce que je me décide à quitter mon Monaco natal pour tenter l’aventure ici. En arrivant, j’ai créé une structure de snorkeling, d’apnée et de chasse sous-marine à l’Île des Pins.

La Nouvelle-Calédonie m’a permis de me développer sur plein de niveaux. J’ai passé mon capitaine 200 en 2006 et j’ai créé un carnet d’identification des poissons. Un second guide des poissons et des reptiles de Calédonie est sorti en 2013, avec des détails plus précis. Cette passion des poissons ma permit d’intégrer  l’EPHE (l’Ecole Pratique des Hautes Etudes) pour devenir ingénieur écologue.

Aujourd’hui, je participe avec Laurent Wantiez, Maître de conférence à l’UNC en écologie marine, au suivi des zones qui sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Je fais beaucoup de plongée autour de la Calédonie et sur les récifs éloignés pour regarder l’état des récifs et communautés coralliennes.

J’ai une grosse pensée actuellement pour tous les acteurs qui œuvrent pour le tourisme tourné vers le lagon car la météo du moment n’est pas forcément la meilleure. Merci à NeOcean de mettre en avant toutes ces personnes qui se donnent du mal pour proposer des activités de qualité malgré toutes les difficultés actuelles. Nous avons besoin de positif et de valoriser tout ce qui se fait ici !

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