Le Cercle Nautique Calédonien, une institution pour tous les voileux du Caillou ! Et comme tout acteur incontournable, nous avons voulu en savoir plus sur ce Yacht Club. Pour ce faire, qui donc de mieux placé que son Président, Mathieu Landrieu ? C’est dans les bureaux du Cercle Nautique Calédonien, bordant leur marina à Port Plaisance, que nous avons rencontré l’heureux capitaine de ce navire de 1800 moussaillons !

Alors que le club est en pleine préparation de la “Kunié Sailing Week“, Mathieu nous a expliqué les activités et les missions quotidiennes de l’association. Marin compétiteur, il s’est aussi confié sur sa passion, nous a décrit sa course rêvée ainsi que son rapport à la mer. Retour sur cette vision inspirante de la navigation, entre compétition et aventure.

Bonjour Mathieu ! © NeOcean

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Bonjour Mathieu et bienvenu sur NeOcean ! Ça ne te dérange pas trop d’avoir le même acronyme que les nageurs calédoniens ?  

Cercle Nautique
© Cercle Nautique Calédonien

Bonjour NeOcean et merci pour cette rencontre ! Effectivement, avoir le même acronyme que les nageurs calédoniens est souvent l’occasion de drôles de quiproquos. J’ai souvenir d’une dame qui avait commenté une de nos publications sur nos réseaux sociaux : « je me souviens encore d’avoir appris à nager là-bas. » ! Pas trop notre périmètre d’activité mais ça en devient cocasse ! Nous nous astreignons donc à ne pas trop dire « CNC » mais plutôt « Cercle Nautique Calédonien » ou « le Yacht Club ».

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Tu es donc le fier Président du “Cercle Nautique Calédonien”, une institution pour tous les fans de bateau. Comment en es-tu arrivé à ce rôle ?

Tout jeune, j’ai commencé à naviguer sur les « Eliott », les bateaux du club. Un peu plus tard, je suis ensuite entré comme bénévole à la section « Alizé » qui organisait les régates et les événements voile du club. De fil en aiguille, je suis devenu Président de cette section. Puis, je suis entré dans le Comité directeur du Club pour faire le lien avec celle-ci. Enfin, il y a quelques années, j’ai fini par m’engager davantage en devenant Président du club.

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Quelles sont tes responsabilités en tant que Président ? Quelles sont les missions de l’association du CNC ?

En qualité de Président, je joue d’abord un rôle d’animateur et de médiateur. Je fais en sorte que la vision que porte le club soit partagée par tous les membres, salariés ou bénévoles. Je m’assure que chacun la comprend, la partage et la diffuse. Porter ces valeurs est au cœur de ma mission et de celles de l’association. C’est ce qui nous motive, ce qui fait que chacun d’entre nous donne de son temps pour faire vivre le club.

Concrètement, les missions du club sont de valoriser tout ce qui touche à la mer, au lagon, à l’océan et au milieu naturel qui nous entoure. Cela implique des activités nautiques, des activités culturelles, de la sensibilisation, une marina – de 600 bateaux quand même ! Globalement, notre liant est la passion de la mer.

Cercle Nautique
Un passionné bavardant avec d’autres passionnés : toutes les écoutilles sont grandes ouvertes ! © Cercle Nautique Calédonien

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Combien d’adhérents avez-vous aujourd’hui ? Quels sont les avantages à être membre de l’association ?

D’abord, Il y a des avantages très pragmatiques : des réductions tarifaires chez nos partenaires et un accès aux services du club à prix réduit. Néanmoins, je suis convaincu qu’il y a beaucoup de gens qui sont membres du club pour d’autres raisons.  

En effet, nous sommes 1800 membres, et “seulement” 600 ont un bateau dans la marina. Cela signifie qu’il y a 1200 personnes qui adhérent au cercle nautique pour autre chose ! Sans trop m’avancer, c’est signe que les membres sont aussi présents pour partager des valeurs et une passion commune. Nous sommes une communauté à part entière, celle d’un yacht club et c’est ce que les membres apprécient et cherchent.

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Cercle Nautique
Une passion commune : la mer ! © Cercle Nautique Calédonien

Vous organisez un certain nombre d’événements : des courses, des concours de pêche, des cours pour les plus jeunes. Ça fait un sacré boulot ! Comment gère-t-on autant d’événements ?

Nous avons la chance d’avoir une équipe de dix salariés qui travaillent à temps plein sur l’organisation des événements : c’est notre premier secret pour réussir à faire autant de choses ! Ensuite, nous pouvons compter sur beaucoup de bénévoles, très investis et heureux de participer à la vie du club. Les pouvoirs publics nous soutiennent aussi parce qu’ils comprennent l’importance de cette cohésion sociale qui existe au travers des activités du club.

Pourtant, si on s’écoutait, nous organiserions dix fois plus d’événements encore ! Des idées, nous en avons à la pelle ! C’est un brise-cœur de devoir nous restreindre. Ce qui est sûr, c’est que notre volonté est d’organiser un concours de pêche, sur le même modèle que la Groupama Race : un événement annuel de grande ampleur pour les Calédoniens. Nous essayions de nous professionnaliser dans l’organisation des événements : “moins mais mieux”.

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Son chien s’appelle Régate… © Mathieu Landrieu

En tant que marin expérimenté, quel est ton rapport à la navigation ?

Je suis vraiment tourné vers la navigation d’aventure : partir plusieurs jours en mer avec un équipage élargi. C’est ce qui m’a toujours animé et passionné : être au milieu des éléments, ne pas avoir de bruits, se confronter à des météos diverses et variées et le tout en équipe. Le côté rugueux d’une nature sauvage me plait beaucoup et j’aime pouvoir partager tout ça. Je ne suis pas un grand amoureux de la plaisance

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Imagine ta course rêvée : peux-tu nous la décrire ?

C’est plutôt une course longue. C’est une course avec du monde. C’est une course avec beaucoup d’aventure : de la mauvaise météo, de la pétole, des doutes, des émotions très fortes… Ma course rêvée est une course intense ! C’est aussi une course en équipage. Je trouve qu’être à plusieurs fait pleinement partie de la difficulté de préparer l’aventure.

Il y a une course qui me fait rêver et qui existe déjà, c’est la Melbourne-Osaka Cup. C’est une course longue et ambitieuse : cela fait des années qu’elle me fait de l’œil, il faut que j’arrive à me lancer !

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On te sent un peu compétiteur dans l’âme ! Comment s’organise une équipe à bord d’une régate comme la Groupama Race ?

Je suis clairement compétiteur, oui ! Mettre des gens extrêmement compétiteurs avec des gens qui le sont moins est totalement contre-productif, voire dangereux ! Il y a un contrat moral à passer avec tout le monde avant le départ : chacun doit s’assurer qu’il est sur le même niveau d’engagement.

La préparation avant la course est donc primordiale. C’est 50% du travail en amont, il n’y a pas que le bateau qu’il faut pousser et préparer. Les sorties préalables vont permettre de se confronter à des moments difficiles en mer, des situations où il faut fournir des efforts physiques et psychologiques importants. Cela permet de s’assurer qu’on est prêt, que l’équipage fonctionne bien, que chacun a son poste dédié sur le bateau… S’il y a des montées de compétences à faire, c’est en amont qu’elles s’effectuent.

Une fois en mer, l’équipage s’organise pour être en forme autant que possible : bien manger, bien s’hydrater, essayer de dormir autant que possible… C’est très militaire, il n’y a plus que les règles établies qui comptent car c’est ça qui fait tenir un équipage fatigué !

Niveau navigation, je suis plus à l’aise sur les réglages du bateau pour optimiser sa performance. Pourtant, j’ai un vrai coup de cœur pour la navigation « technique ». Je suis assez branché cartographie, je fais de la course d’orientation en dehors de la navigation et j’aime analyser les éléments à notre disposition (météo, routage) pour prendre des décisions. La « nav’ » c’est aussi ce qui fait qu’on perd ou qu’on gagne une course. C’est dur parce qu’au bout de trois jours, la lucidité du départ n’est plus la même.

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As-tu un souvenir de navigation qui te tient particulièrement à cœur que tu voudrais partager avec nos lecteurs ?

J’ai eu la chance de faire la Sydney Hobart il y a quelques années, sur un bateau calédonien et avec un super équipage ! Nous avons vraiment vécu la course à 100%, avec un bateau poussé dans ses limites techniques, de la casse, de la météo dure, beaucoup de mer, cinquante nœuds de vent parfois… Malgré tout cela, nous nous sommes imposés en gagnant le record de vitesse de l’épreuve pour la catégorie des moins de douze mètres. Et à ma connaissance, il est toujours en vigueur !

Cercle Nautique
Une course mythique du Pacifique ! © Canva

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Une dernière actu ou un dernier mot ?

Cette année, le Yacht club veut mettre en place un cycle de conférences qui commencera dès que le nouvel espace sera terminé et inauguré. L’idée est de continuer à rassembler les adhérents et les aventuriers de passage en Nouvelle-Calédonie, autour de thématiques et de sujets qui leur ressemblent.

Il y a aussi l’organisation de la deuxième édition de la « Kunié Sailing Week », une semaine autour de la navigation. Départ de Nouméa, direction l’Île des Pins en traversée de nuit. Une fois sur place, des événements sont organisés par les habitants de l’île, notamment des courses de pirogues. J’ai le secret espoir, à terme, de remettre en place une grande course officielle de pirogues. Cette Kunié Sailing Week est un vrai pont entre les populations de la Grande Terre et des habitants de l’île et elle me tient particulièrement à cœur. Larguez les amarres et en route !

La 2e édition est là ! Et notre petit doigt nous dit que vous allez en entendre parler très bientôt… © Cercle Nautique Calédonien

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