À Nouméa, Aventure Pulsion offre une parenthèse hors du temps à ceux qui rêvent de prendre le large sans quitter le lagon. Et l’expérience est toujours placée sous le signe de la nature, de l’évasion, et d’un soupçon d’aventure. À la barre, Michael Cano, un mordu de sports nautiques qui a transformé sa passion en mode de vie grandeur nature. Depuis Ouémo ou plus loin sur la Côte Oubliée, il emmène les curieux comme les habitués découvrir un autre visage de la Nouvelle-Calédonie, celui qu’on explore au ras de l’eau, pagaie en main. Des virées pleine lune aux traversées des baies, il en a vu passer des paysages… et quelques surprises météo.

On l’a rencontré pour parler de cette envie de transmettre, de ce que le kayak change dans la manière de découvrir le territoire, et de ce qui le pousse, depuis des années, à embarquer toujours plus de monde dans ses aventures salées.

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Bonjour Michael et bienvenue sur NeOcean ! Avant de commencer, peux-tu nous en dire un peu plus sur ce qui t’a embarqué dans l’univers des sports nautiques et ce qui t’a amené à être à la tête d’Aventure Pulsion ?

Aventure Pulsion, c’est une entreprise que j’ai rachetée il y a maintenant neuf ans. J’ai grandi à Nouméa, et durant ma jeunesse, j’ai beaucoup pratiqué le kayak, la planche à voile et j’ai toujours été orienté « encadrement sportif ». Ça a d’ailleurs été mon cursus, j’ai passé un diplôme d’encadrement sportif, en STAPS. Du coup, l’opportunité de reprendre Aventure Pulsion me paraissait être une suite logique de mon parcours.

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Tu proposes des locations, mais aussi des sorties encadrées. Qu’est-ce qui te plaît le plus : voir des gens partir à l’aventure en solo ou partager l’expérience avec eux en tant que guide ?

Clairement, partager l’expérience avec eux. C’est clair que dans notre métier, on peut dire que notre plaisir, c’est de faire plaisir. Et juste être là pour faire découvrir de nouveaux spots, des sites, ou même une activité nouvelle pour eux, c’est juste un bon kiff. C’est vraiment ce qui me plaît le plus.

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Finalement, pourquoi ramer seul quand on peut pagayer ensemble ! Alors, quelle est la meilleure histoire ou anecdote que tu aies vécue lors d’une de tes sorties ?

En neuf ans, j’en ai fait plus d’une des sorties… Il y en a plusieurs, mais c’est vrai qu’avec un groupe sur la Côte Oubliée, on a rencontré un bébé baleine qui passait sous les kayaks. Il a fait quelques allers-retours autour de nous avant de repartir. C’était juste incroyable. Après, il y a plein de petites anecdotes, de petites expériences : les sorties en pleine lune à la forêt noyée, où d’un coup tu vois un arc-en-ciel de nuit. Ça peut paraître anodin, mais c’est très rare d’en voir. Ce sont des moments flashs comme ça qui restent gravés dans ma mémoire.

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Les paysages du lagon calédonien sont un véritable terrain de jeu pour les amoureux de la nature. Quel est ton spot préféré à explorer en kayak ?

Mon spot préféré, ce serait une cascade qui se trouve sur la Côte Oubliée, un petit peu avant Petit Borindi. Vers la fin d’étape, après trois jours de kayak, avant d’entamer le quatrième jour, on peut s’arrêter dans un tout petit estuaire. On pose les kayaks, on suit à pied la vallée, et on tombe sur une immense cascade à plusieurs étages qu’on peut gravir. Palier par palier, on découvre des piscines à débordement naturel avec vue sur l’océan. Ce spot est fou !

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On a vu exploser la popularité du paddle ces dernières années. Est-ce que c’est l’activité qui a pris le lead ou est-ce que le kayak reste indétrônable ?

Non, le kayak reste indétrônable. On propose une petite flotte de paddle mais notre clientèle reste touristique et elle ne maîtrise pas forcément ce support. Donc on a des outils adaptés qui permettent très rapidement de se faire plaisir sur des petites randos, etc. C’est vrai que le paddle ça plaît beaucoup, mais à partir d’un certain âge ou d’un certain niveau de forme physique, ça devient plus fatiguant que le kayak, qui est une activité plus grand public. En ce qui nous concerne, c’est le kayak qui reste leader dans le choix des clients.

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Deux Michaels pour deux fois plus d’aventure © NeOcean

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Peu importe que l’on préfère le kayak ou le paddle, on trouvera forcément notre bonheur avec les sorties variées que tu proposes ! Du petit îlot à la grande expédition sur la Côte Oubliée, quelle ambiance veux-tu créer pour tes clients lors de ces séjours ?

L’ambiance que je veux créer, c’est une ambiance « aventure ». Dans le nom de l’entreprise, tout est dit : Aventure Pulsion. Et ce côté aventure me plaît bien. Chacun peut y trouver sa propre belle aventure. Pour un croisiériste australien, partir deux heures sur l’îlot Sainte-Marie, c’est une vraie aventure. Et pour le Calédonien qui a l’habitude de l’outdoor, partir sur la Côte Ouest ou la Côte Oubliée pendant quatre jours, là c’est une belle aventure. L’esprit outdoor, l’esprit aventure, c’est ce que l’on veut dégager de l’entreprise. Et on s’aperçoit que la clientèle que l’on a est totalement en adéquation avec ça, car c’est ce qu’elle vient rechercher également. Et dans cet esprit aventure, on retrouve aussi des valeurs comme la liberté : quand on est perdu au milieu de l’océan, seul, en kayak, on se sent tout petit, mais on se sent libre. Quand on part trois ou quatre jours sur la côte inoubliable, de Karikaté à Ouano, c’est physique, c’est fatiguant, mais psychologiquement tu te libères, c’est assez incroyable. Donc voilà : aventure, liberté, ce sont les mots à retenir.

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Il y en a même pour ceux qui chercheraient un peu de romantisme sous les étoiles : les excursions en kayak à la pleine lune. Entre le silence du lagon et la lumière de la lune, qu’est-ce qui rend cette expérience unique ?

Il y a déjà le côté improbable et mystique de faire du kayak dans une forêt, de nuit, éclairé par la lune. Chaque sortie est magnifique, avec une atmosphère unique et des paysages splendides. Quand la lune éclaire les arbres dans la forêt noyée à la Rivière Bleue (ce sont des arbres qui ont une fibre bien blanche), le reflet de la lune sur ces arbres les fait ressortir à fond. Et quand la lune est vraiment pleine, sans aucun nuage ni vent, ça offre un paysage de fou. Les arbres sont hyper éclairés, et ça crée un reflet dans l’eau. C’est splendide.

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Gérer un centre de location et d’excursions, ça ne doit pas être tous les jours une mer d’huile. Quelle a été ta plus grosse galère et comment tu as gardé le cap ?

Des galères, on en a traversé pas mal, des très grosses. Tout bêtement, le phénomène météo La Niña a apporté énormément de pluie pendant un an. Et quand tu fais du kayak, il faut qu’il fasse beau. Quand il pleut, tu ne fais pas de kayak. On a eu énormément d’annulations pendant les deux années de La Niña, et ça, malheureusement, tu ne peux pas faire autrement. S’il pleut, il pleut. Les rivières sont en crue, il ne fait pas beau, les gens annulent, et donc pas de kayak. C’est tout à fait compréhensible, mais pour nous, ça a été une grosse galère dans la gestion de l’entreprise. C’est ça qui a été le plus dur, au-delà des petites galères ponctuelles que toutes les entreprises ont. Mais des galères où il a fallu avoir les reins et le moral solides pour se dire « allez, c’est pas grave, on va se relancer« , La Niña en a fait partie, le Covid aussi. Et puis il y a les petites galères qui ne font pas rire sur le coup mais qui, avec le recul, deviennent presque rigolotes. Mais La Niña reste le plus démoralisant.

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Un projet ou une nouvelle destination à teaser à nos lecteurs avant de retourner pagayer ?

Oui absolument ! On a récemment lancé la commercialisation d’une nouvelle prestation : le “base to base”. C’est une excursion de trois ou quatre jours qui relie notre base de la Rivière Bleue à notre base de Dumbéa. On commence en kayak, on traverse la forêt noyée, on remonte la Rivière Bleue. Ensuite, on lâche les kayaks, on part à pied, on entame le sentier du GR. Après deux jours de marche, on arrive sur la haute Dumbéa, où des vélos nous attendent pour finir le parcours jusqu’à la base de Dumbéa. En trois jours, ils auront fait la forêt noyée, la forêt vierge, des points culminants, des points de vue, une descente en VTT, des baignades en rivière. C’est orienté assez sportif, mais la formule en quatre jours reste accessible ! On a déjà lancé pas mal de nouvelles prestations depuis un an : la côte inoubliable, une excursion de quatre jours sur la Côte Ouest en allant chercher les petits îlots paradisiaques, le tour des baies en partant de Ouémo jusqu’à la baie de l’Orphelinat, etc.

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Informations pratiques :

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