En partenariat avec Deepsea Solutions
Des coques de navires à la croûte coriace, une biodiversité marine qui tire la sonnette d’alarme, et une technologie qui aspire tout, sauf les problèmes… Michael Field, ingénieur passionné et déjà à la tête d’Island Robotics, revient à la surface avec un projet pensé pour notre lagon, Deepsea Solutions. Une solution blue techde nettoyage de coques de bateaux, écolo et malin. Moins de pollution, plus de protection ! La rédac’ est allée à sa rencontre pour plonger au cœur d’une innovation qui nettoie dans salir.
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Bonjour Michael et bienvenue sur NeOcean ! Peux-tu te présenter à nos lecteurs et nous parler un peu de ton parcours ?
Merci NeOcean ! Je suis Michael Field, directeur d’Island Robotics. À la base, je suis ingénieur en électrotechnique. J’ai beaucoup travaillé en Australie et en France dans la recherche marine. Puis, en arrivant en Nouvelle-Calédonie, j’ai créé ma boîte, Island Robotics. Aujourd’hui, je me lance dans un deuxième projet qui s’appelle Deepsea Solutions, dédié au nettoyage des coques de grands navires.
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D’où t’est venue l’idée de proposer une solution de nettoyage « propre » ici, en Nouvelle-Calédonie ?
C’est venu de mon associé en Australie, qui a une société de scaphandriers. Il a constaté que pendant les nettoyages de coques de bateaux, tout le biofouling, c’est-à-dire les matières organiques qui s’accrochent aux coques, finissait dans l’eau. Et ça, ça amène des espèces invasives et des virus néfastes pour l’écosystème marin. Il a donc cherché une solution qui permettrait de capturer tout ce qui se dégage lors du grattage des coques. C’est comme ça qu’on en est arrivés à développer ce système ici.

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Qu’est-ce qui distingue cette solution des autres techniques existantes dans le monde maritime ?
C’est le niveau de capture qui fait la différence. En réalité, ça n’existe pas encore. Ça commence à émerger, parce que c’est devenu nécessaire. Notre système, c’est véritablement une petite usine mobile qui aspire fortement tout ce qui est gratté sur la coque. Ensuite, on a un système de filtration et de traitement de classe mondiale, pour pouvoir rejeter de l’eau propre à la mer tout en capturant les déchets solides et organiques, qui seront ensuite détruits à terre. Actuellement, la plupart des nettoyages de coques sont encore faits sans aucun système de capture. C’est pour cela que de plus en plus de réglementations interdisent ces pratiques. D’ailleurs, l’Australie et la Nouvelle-Zélande exigent désormais que les coques soient propres avant d’arriver dans leurs eaux.


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Vous assurez un taux de captage de 99,9 % pour préserver le lagon et sa biodiversité. Comment assurez-vous ce contrôle qualité ?
Comme je le disais, notre système fonctionne comme une usine, donc tout est surveillé et contrôlé grâce à un système automatisé avec des capteurs partout. On peut détecter immédiatement s’il y a une fuite, un problème de pression ou toute autre anomalie. Dans ces cas-là, soit le système s’arrête immédiatement pour que l’on puisse intervenir, soit des alarmes se déclenchent et on peut gérer le problème en temps réel.
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Tu disais que ce système, c’est comme un rempart contre la dispersion des espèces envahissantes. Avez-vous déjà identifié des organismes à risque ?
Pas encore. Notre première intervention est prévue dans une semaine. Mais c’est un point qui va être très intéressant à observer. Il y a deux risques principaux selon moi, d’un côté, des espèces invasives qui pourraient retourner à l’eau et perturber l’écosystème marin. De l’autre, parmi les déchets que nous ramenons à terre, il peut y avoir des virus nuisibles à l’agriculture ou à l’aquaculture. C’est pourquoi on travaille avec le SIVAP (Service d’Inspection Vétérinaire Alimentaire et Phytosanitaire) pour suivre une procédure de biosécurité. En parallèle, on pourra aussi analyser ce qu’on a capturé pour identifier d’éventuelles nouvelles espèces. Une tonne de déchets par navire, ça peut être très intéressant pour la recherche.
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Et que deviennent donc les déchets récupérés lors du nettoyage ?
Dans un premier temps, on suit les règles fixées par le SIVAP, qui gère les déchets liés à la biosécurité, l’agriculture et l’aquaculture. Avec eux, on a mis en place un protocole pour incinérer ces déchets. On tient absolument à ce que tout soit fait dans les règles de l’art, proprement, sans aucun risque. Ce n’est pas encore très réglementé aujourd’hui, mais ça le deviendra. Nous, on a anticipé ces évolutions réglementaires. C’est justement pour ça qu’on a opté pour ce système de capture. Cela va au-delà de ce qui existe actuellement. Ça fait douze mois que nous discutons avec les autorité, la Province Sud, Gouvernement, les affaires maritimes, pour être sûrs d’être bien cadrés et en conformité.

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Penses-tu que le port de Nouméa pourrait devenir un modèle de port écologique grâce à des initiatives comme la vôtre ?
Oui, bien sûr ! Même en métropole, ce type de technologie n’existe pas encore. Pour le port de Nouméa et les affaires maritimes, on va proposer des pilotes de nettoyage de ce type. On va commencer par proposer nos services aux navires qui font escale ici. Et puis, il y a aussi les navires qui transitent dans la région en direction de la Nouvelle-Zélande ou de l’Australie. Ils pourront désormais faire un détour pour venir se faire nettoyer ici. Cela va augmenter le trafic maritime en Nouvelle-Calédonie, générer des bénéfices économiques et créer de nouveaux besoins humains. Car une fois qu’ils sont ici, ils ont besoin de carburant, de nourriture, de ravitaillements, etc. Ce serait une vraie dynamique bénéfique pour le port, les agents, les pilotes maritimes. Donc oui, on pourrait vraiment devenir un modèle écologique du futur, avec une plateforme de nettoyage unique en son genre !


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La Blue Tech est en pleine effervescence. Quels autres projets ou innovations maritimes imagines-tu pour renforcer la résilience des océans dans notre région ?
C’est une question très large ! Mais même dans notre domaine, on va continuer à innover. Grâce à mon expertise, on compte automatiser davantage nos services, avec l’intelligence artificielle et les robots. Cela permettra d’être plus efficaces et plus sûrs. On veut aussi développer de nouveaux produits made in Calédonie, exportables ailleurs pour répondre à des enjeux mondiaux. Les océans, c’est immense, il y a la surface, bien sûr, mais aussi tout ce qu’il y a dessous. Je pense que ce n’est qu’avec les robots qu’on pourra mieux surveiller, mieux comprendre, mieux protéger. À l’heure actuelle, on manque encore de données à plusieurs niveaux.
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