Vous arrivez sur le Caillou ou vous êtes un consommateur régulier d’activités nautiques touristiques ? Vous voulez allier plaisir et respect de l’environnement ? Ça tombe bien, Aurélien Lalanne vient de lancer un nouveau concept sur le territoire : We Ecotourisme NC. Ce Monsieur « touche-à-tout » a soif de faire découvrir ses passions ainsi que son amour pour le lagon et sa biodiversité, tout en le préservant. Ses parcours personnel et professionnel s’entremêlent et donnent à percevoir un engagement sans faille vis à vis de l’Homme et de son environnement. Rencontre avec Aurélien…

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Salut Aurélien et bienvenue sur NeOcean ! Un rapport avec la famille de Francis ?

Salut NeOcean ! Alors, pas du tout ! On m’a souvent posé la question en métropole, ici un peu moins, parce que personne ne connait Francis Lalanne. Et puis en plus, nous n’avons pas le même coiffeur… 

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Bon ok, elle est naze ! Est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs à travers les nombreuses activités que tu as eus ? 

J’ai toujours du mal avec cette question-là, notamment en soirée, quand on te demande ce que tu fais, tu vois. Généralement, je réponds un peu ironiquement : « je fais ce que je peux, c’est déjà pas mal ! ». 

Non plus sérieusement, il y a douze ans, j’ai été « débauché » de La Réunion par les Nouvelles-Calédoniennes pour être journaliste « faits divers ». J’avais fait cette activité pendant plusieurs années en métropole et à La Réunion. Puis, quand je suis devenu papa, j’ai privilégié ma vie de famille et j’ai essayé de monter une entreprise où je pouvais avoir du temps pour mon fils. C’est là que j’ai créé une entreprise de dépôt-vente de bateaux d’occasion. C’était super, parce que ça n’existait pas ici, c’était une vraie demande.

Ensuite, j’ai monté une agence de presse : j’étais gérant et rédacteur en chef du magazine Carnet du Pacifique, qui portait sur l’environnement, l’aventure, avec des correspondants un peu partout sur le Pacifique. Puis, j’ai travaillé dans la communication à la province Sud. J’ai été conseiller du Président du Gouvernement, rédacteur en chef adjoint de Calédonia, coordinateur du plan de gestion du UNESCO… 

J’ai aussi travaillé à la base nautique du Phare Amédée, avec Pierre Crubillé, sans oublier les activités associatives dont le Président du festival de photographies sous-marines Sublimage. J’ai été professeur d’économie aussi ! Et me voilà aujourd’hui dans une nouvelle activité : WE Ecotourisme NC

Beaucoup de gens ne comprennent pas que je puisse changer de travail aussi souvent. De mon côté, je pense qu’il faut être en accord avec ses convictions et s’épanouir au travail autant qu’en dehors. C’est important pour la vie de famille. Il ne faut jamais hésiter à changer, créer, dynamiser, se renouveler… La vie quoi ! 

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Tu es de toutes les activités, mais elles ont toutes rapport avec la mer, l’océan ou l’environnement… Y en a-t-il une qui t’a particulièrement marquée ? 

Le fil rouge c’est la mer. J’ai toujours été attiré par cet univers. Là où j’ai pris le plus de plaisir, c’est quand j’ai créé Carnet du Pacifique parce que c’était un peu mon bébé, que j’ai autofinancé et qu’il me tenait vraiment à cœur. C’était un magazine gratuit, distribué dans les avions d’Air Calédonie et pour lequel j’ai vraiment investi toute ma passion pour l’environnement et la biodiversité. Il y avait une dimension humaine aussi très importante… 

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Aujourd’hui, tu te lances dans une nouvelle aventure : WE Ecotourisme NC. Peux-tu nous de quoi il s’agit et la genèse du projet ? 

WE Ecotourisme NC
© Aurélien Lalanne

Bien sûr ! We Ecotourisme NC est une société qui organise des événements écotouristiques dont le fil rouge est la biodiversité. Je souhaite créer un tourisme moderne tout en faisant de la prévention et de la sensibilisation. C’est un projet qui me tenait à cœur depuis des années, et puis, à vrai dire, je transforme uniquement ma passion pour les expériences nautiques en métier

Je ne commercialise que les activités que j’avais l’habitude de faire tous les week-ends. Globalement ce sont des éco-tours à la demi-journée, journée ou sur 24h, en mélangeant activités nautiques, plongée, PMT, gastronomie tout en faisant des éco-interventions sur la biodiversité. Finalement, je transforme mes passions en métier ! C’est la clé d’une réussite, faire ce qu’on aime et le partager avec les autres. 

WE Ecotourisme NC
Les animaux phares du Pacifique © Aurélien Lalanne

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Pourquoi avoir fait le choix de partir dans le tourisme ? Comment concilier une ac9vité qui est « polluante » de nature avec une activité « nature friendly » ? 

WE Ecotourisme NC
Des sharks et un homme © Aurélien Lalanne

Le tourisme j’y étais déjà, malgré moi, puisque je suis ultra-consommateur d’activités touristiques ! C’est pour cela que j’apprécie personnellement les prestataires touristiques dont certains sont devenus de véritables amis. Et puis, en tant que guide baleine ou opérateur pour la base nautique du Phare Amédée, j’avais déjà un pied dedans.

Quant à savoir si le tourisme est polluant ou « nature friendly », chacun fait ce qu’il peut à son échelle et c’est déjà pas mal. L’important, c’est de prendre conscience de nos actes et d’agir en conséquence en respectant notre propre « échelle d’engagement ». Par exemple, je possède, à titre perso, un bateau à moteur. Beaucoup plus polluant qu’un voilier. J’assume ce choix mais je fais en sorte de limiter mon impact en ayant choisi un « petit » bateau, avec un « petit » moteur économique, en respectant les consignes de mouillage pour ne pas abimer les herbiers ou les coraux avec mon ancre, … Le cœur de mon projet, est de pouvoir proposer des activités qui collent avec « l’échelle d’engagement » de chacun.

Pour autant, à travers toute l’histoire du capitalisme occidental, on a fait porter la « faute » de la pollution au consommateur. Alors que les industriels et les pouvoirs publics ne sont pas ou peu inquiétés. Évidemment que chacun peut et doit faire un geste pour l’environnement. Mais la véritable bataille, elle est politique, peser au sein des instances qui prennent les décisions ou qui font les lois, c’est là qu’il faut être !

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Quel est ton regard sur le tourisme vert dans le monde et plus particulièrement en NC ? Comment images-tu le monde de demain ? 

Alors je vais peut-être en choquer certain, mais pour moi, le tourisme vert, c’est du green whashing ! Ça ne peut exister en Nouvelle-Calédonie. À partir du moment où tu as traversé le monde en avion, ou en paquebot pour venir ici, tu n’as pas le droit de parler de tourisme vert. Notre empreinte carbone ne nous le permet pas… C’est là où il y a toute la nuance entre tourisme vert et éco-tourisme

WE Ecotourisme NC
L’homme dauphin © Aurélien Lalanne

Oui, l’activité touristique est émettrice de CO2 et autres pollutions, comme pratiquement toutes les activités d’ailleurs, mais c’est à nous, prestataires touristiques, de faire passer le message à nos clients pour que ces impacts soient réduits. L’écotourisme, c’est intégrer le respect de la biodiversité dans les pratiques touristiques et je crois qu’il a un avenir tout tracé en Calédonie, comme ailleurs. Et je m’y attèlerai. 

D’ailleurs, je participerai le 17 avril prochain, en visioconférence, à un séminaire à Marseille sur le tourisme durable organisé par l’association Green Cross, afin de parler de la Nouvelle-Calédonie.

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Au-delà de faire du tourisme, ton concept WE Ecotourisme NC semble placer la sensibilisation à l’environnement au cœur de l’activité ? Qui sont les personnes avec qui tu travailles ? 

Nous avons créé une charte écotourisme NC avec des associations locales (CIE, Symbiose, Caledoclean) et nationales (GreenCross, Longitude 181) afin de sensibiliser nos clients aux « bons gestes » pour l’environnement. Je ne comprends pas pourquoi, en 2024, la Nouvelle-Calédonie n’est toujours pas dotée d’une telle charte généralisée !

Je travaille évidemment avec les prestataires touristiques, notamment nautiques, déjà très au fait de ces questions, qui sont au contact des clients toute la journée. Je regrette l’absence en Nouvelle-Calédonie d’une structure d’accueil qui mêle à la fois sensibilisation à l’environnement et développement touristique. C’est vers là que je veux me diriger. Concrétiser une synergie évidente entre ces deux mondes.

WE Ecotourisme NC
Une petite journée à découvrir le Caillou autrement ? © Aurélien Lalanne

Le « tout nickel », à cause duquel la Nouvelle-Calédonie a été pendant trop longtemps classé dans le top 5 des endroits les plus polluants au monde en termes de rejets de CO2 par habitant, a atteint ses limites… Et j’espère de tout cœur que la Nouvelle-Calédonie puisse retrouver l’humilité de penser que ses richesses sont celles du vivant, la biodiversité, les femmes et les hommes qui la composent. Il faut miser sur tout cela et les pouvoirs publics ont un rôle à jouer.

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Journaliste « mer », communicant, apnéiste, pédagogue, président de festival de photos sous-marines… Une casquette préférée ? Pourquoi ? 

Ça va paraître un peu « bateau », sans jeu de mot, mais la casquette que je préfère est celle de Papa. Voir dans les yeux de mon fils des étincelles qui m’aident à concrétiser tous mes projets, ça n’a pas de prix. Tout cela, je le fais pour lui, et pour que nos enfants, et les enfants de nos enfants ne puissent pas nous dire un jour : « Vous n’avez rien fait ».

WE Ecotourisme NC
Un petit requin léopard, nos préférés ! © Aurélien Lalanne

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Comment décrirais-tu ton lien à l’univers de la mer/océan/lagon ? D’où te vient-il ? Quelles sont tes passions liées au lagon ? 

WE Ecotourisme NC
Pierre Crubillé et Blue Caledonia Diving © Aurélien Lalanne

Je me sens totalement en phase avec la vision mélanésienne et polynésienne de l’environnement qui place l’homme en son milieu et non au-dessus. Mon grand-père, agriculteur, cultivait ses parcelles sans pesticide et nourrissait toute notre famille tout en arrivant à en vivre modestement. 

Mon père, commandant du port de Sète et hydrographe, a réalisé les premières cartes marines de la Polynésie et de la Nouvelle-Calédonie au début des années 1970, et pour m’endormir, il me racontait les histoires de Moto-moto, un petit polynésien qui avait curieusement mon âge et qui découvrait l’océan et ses habitants. Ma mère, greffière au tribunal administratif de Montpellier, m’a transmis ses valeurs de fraternité entre les peuples du monde, et sa passion pour la culture et les récits des voyageurs.

Et puis j’ai eu la chance de rencontrer des personnes formidables ici, comme Pierre Crubillé et bien d’autres, Manuel Delligny, Albert Gnipate, Francois Prioul, David Vincent, Edouard Rentchler, et bien d’autres qui m’ont ouvert les portes de ce formidable lagon et de ce territoire magnifique qu’est la Nouvelle-Calédonie. J’ai besoin de mettre la tête sous l’eau pour être bien. Donc le lagon est pour moi plus qu’une activité, c’est un lieu où je me réfugie pour être bien…

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Une dernière info ou actualité à ajouter ? 😉  

Sous ma casquette de délégué régional de l’association Longitude 181, j’interviendrai en présentiel au collège de Boulari et en webinaire auprès de tous les établissements du vice-rectorat, le 30 avril prochain, sur le thème « Des requins et des hommes ». L’idée est de rassembler tout le monde autour de ce sujet, de partager les idées et d’avancer ensemble, dans les mêmes directions.

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