ÉPISODE #14 – L’hydroptère, le Iron Man des océans
Barque, plate, cargo, gabare, vedette, péniche, nef, chaloupe, yacht, escobarderie… Autant de synonymes pour décrire un moyen de transport bien connu des Calédoniens : le bateau. Quelle que soit leur forme, leur taille, leur mode de navigation, on dit que chaque embarcation possède une âme. Dans cette série d’articles, nous vous présenterons les concepts et navires les plus originaux du monde, à mi-chemin entre féerie, innovation et folie humaine : chers lecteurs, bienvenue dans notre série « Maman, les p’tits bateaux qui vont sur l’eau… » !
Dans notre dernier épisode, nous vous avions présenté le Sailing Yacht A, voilier démesuré tout droit sorti de l’imagination d’un milliardaire en mal de discrétion. Pour cette quatorzième escale, on change radicalement de cap direction l’Hydroptère, un bolide des mers capable de défier la gravité. Plus proche d’Iron Man que d’un voilier classique, ce prototype fou, né de cerveaux bien affûtés, a longtemps survolé les flots à une vitesse folle. Une embarcation aussi rapide que visionnaire, qui prouve qu’en matière de bateaux, l’impossible peut prendre le large.
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Un génie (incompris)
L’histoire de l’Hydroptère, c’est d’abord celle d’un homme un peu obstiné (et très passionné), Alain Thébault, un navigateur français qui rêvait de voir un bateau voler au-dessus de l’eau. Dans les années 90 il se lance dans cette idée folle avec l’aide d’une équipe d’ingénieurs de chez Dassault et EDF. Son but, c’est juste d’aller plus vite que tout le monde, avec un bateau qui décolle dès que le vent souffle un peu fort.
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Une armure qui vole
Le secret de l’Hydroptère, ce sont ses foils, des ailes sous-marines dissimulées sous la coque. À mesure qu’il accélère, la coque sort de l’eau, le frottement disparaît et le bateau s’envole (presque). Un peu comme Iron Man quand il active ses propulseurs, sauf qu’ici, c’est le vent qui fait tout le boulot. En 2009, l’Hydroptère atteint une vitesse impressionnante de 100 km/h, un exploit pour un voilier.

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De l’abandon à la résurrection
Mais comme celle d’Iron Man, l’histoire n’est pas sans obstacles. L’Hydroptère a connu des hauts, des bas, et surtout des plantages mémorables. Problèmes techniques, chavirages, fissures dans la coque, et surtout des galères de financement. Il impressionne mais le projet est difficile à vendre à ceux qui n’avaient pas vu les Marvel. Brillant mais trop en avance, le projet finit par être abandonné. Un peu comme Tony Stark quand tout le monde doute de ses inventions.
Mais comme dans tout bon reboot, l’Hydroptère renaît. En 2015, le bateau est racheté à Los Angeles par une équipe de passionnés, qui lui offrent une seconde vie sous le nom d’“Hydroptère 2.0”. Ce nouveau projet, plus écologique et pédagogique lui permet de repartir à l’aventure dans un monde où les bateaux à foils envahissent les océans : IMOCA à foils, catamarans volants de la Coupe de l’America, trimarans de course… Le foil n’est plus une lubie, mais il reste le pionnier.

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Héritage d’un super-héros
Aujourd’hui, on peut dire que l’Hydroptère a ouvert la voie à toute une génération de bateaux futuristes. Il n’a peut-être pas changé le monde, mais il a changé la manière dont on conçoit la navigation rapide. Comme Iron Man, cet électron libre trop en avance sur son temps a ouvert la voie à de nouvelles innovations. Un peu incompris, trop visionnaire, mais inoubliable.
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