Épisode 3 – Avril au large de la Calédonie

À l’abordage, moussaillons ! Cette année, on prend le cap vers de nouvelles aventures maritimes ! Le Petit Poucet met les voiles à nouveau, mais cette fois avec un équipage prêt à fendre les vagues et à défier les océans. Vous avez bien sûr reconnu le fidèle Blade Runner, de nouveau en course pour la Groupama Race New Caledonia qui commence le 15 juin prochain.

NeOcean repart à la conquête du large et Blade Runner tient bon la barre pour ce troisième épisode du journal de bord mensuel du voilier. La Groupama Race approche alors pas question de se tourner les pouces. Entre entrainements, derniers travaux et virage de bord, le mois d’avril a été bien chargé. Exit le Sud, Thio ou Maré, cette fois, cap sur la côte Ouest pour une nouvelle course préparatoire. Une sorte de répétition générale où tout est passé au crible, les voiles, les réflexes et les nerfs. Damien Meunier vous embarque pour ce récit !

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Les coulisses de Blade Runner

On commence par souhaiter la bienvenue à bord à notre petite nouvelle, Clémence, qui se joint à nous pour son baptême du large. Sept à bord, il a fallu pousser la coque et bosser pour équiper le bateau. On récupère des mâts de planche à voile (merci Charlotte et Océane), le vieux trampoline du cata de Maxime, et voilà de jolies toiles anti-roulis pour que personne ne finisse catapulté hors de son lit. On a aussi pas mal grimpé en haut du mât pour (tenter) de sauver notre girouette… RIP, valeureuse sentinelle du vent.

Côté sécurité, le mois a coché toutes les cases. On vous en avait parlé dans l’épisode précédent, on attendait l’exercice de “l’Homme à la mer”. Ça s’est passé le 3 avril, avec Lauren du Cercle Nautique Calédonien. Plein vent arrière, spi gonflé, un plouf express et voilà le malheureux récupéré en cinq minutes. Check ! Le 10 avril, inspection générale : gilets, sceaux, épontilles, pinoches, fusées… Check ! Le 30 avril, c’était entraînement hebdo, mais sans le capitaine. J’étais coincé sur la route de Koumac donc c’est Antoine qui a pris la barre. L’équipage a assuré et le chef peut dormir sur ses deux oreilles.

Blade Runner
Y’a du people à bord là ! © L’oeil de Cha’

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Embarquement imminent

Pour Pâques, pas de chasse aux œufs, mais chasse au vent ! Direction Bourail pour une OffShore qui sonne comme l’ultime répétition avant le D-Day (la Groupama Race pour ceux qui n’ont pas suivi). Vendredi 18 avril, briefing du CNC qui nous annonce un vent inexistant et une arrivée décalée. Bonne nouvelle pour les retardataires, casse-tête pour nous car certains ont des engagements pro et familiaux dès lundi. Pas le choix, on ne fera pas la course complète, mais on ne va pas rester à quai pour autant. Départ le soir même, cap sur le Phare Amédée, Larégnère, puis Maitre avec une navigation sous les étoiles aux lueurs de la lune et des lumières de la ville. Et avec du café, beaucoup de café.

À bord, c’est la croisière qui régale. Pas de sandwichs tristounets ni de lyophilisés déprimants. Grâce à la famille de Steeve Pommarede, c’est banquet en mer : carbo (version lardons ou poisson), rougail saucisses, salades piémontaises (avec toujours une version au thon), et tartare de thon. Ça vous a donné envie hein ? Moral au top, estomac aussi. Avec notre cadette Clémence, on est sept à bord du plus petit bateau inscrit. Mais tout le monde fait “joli son cœur”. 

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Blade Runner se tire

Samedi matin, on barre à Bourail ! Grâce à notre préacheminement discret de la veille, on rejoint la Baie des Citrons déjà bien échauffés. Le CNC est prêt, Maluco cherche encore son hélice, les autres s’activent. À 9h30, dix-sept voiliers s’élancent vers le Phare Amédée dans un souffle léger. Blade Runner, petit mais rusé, joue la finesse. Gestes précis, rien qui dépasse. Toute la journée, le vent fait le yo-yo. La nuit tombe, la lune veille, et l’océan nous offre une surprise au crépuscule : un spectacle de dauphins !

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En avril ne te découvre pas d’un fil

Dimanche matin, l’horloge tourne. On est en retard, et nos obligations à terre nous rattrapent. Je rassemble l’équipage pour une réunion de crise. Le vent est attendu dans deux heures, et pas pour longtemps. C’est maintenant ou jamais. Alors pied au plancher et on fonce plein Est. 80 milles nautiques de louvoyage (au prés) à avaler. Même pas peur. Après tout, la Groupama, c’est 300 de louvoyage après 300 de portant ! Easy.

Miracle pascal, le vent est bien là, le soleil et le moral aussi. On range le bateau, on se refait une beauté et même si c’est Pâques et pas Noël, distribution de cadeaux signés Tricot Rayé, notre nouveau partenaire. Une tenue rayée stylée pour chacun ! Elles seront d’ailleurs disponibles à la vente au profit de notre asso Hisse Et Ose.

Tout le monde passe à la barre, y compris celle qui n’aimait pas ça. Spoiler alert : il faudra maintenant leur arracher la barre des mains. Réglages, manœuvres, siestes utiles, Blade Runner tourne comme une horloge marine. En chemin, Poulpito Sailing Team et BNC Sailing Team nous doublent avec élégance. Ils gagneront la course, bravo les champions !

On aurait pu rentrer. Mais non. Tant qu’à ne pas être classés, autant continuer. On pousse jusqu’à la passe de Dumbéa, face à la houle, dans le noir. De retour dans le lagon, fini les longues houles et l’horizon qui danse. Les îlots familiers apparaissent et le réseau revient sur nos “mobilis”. La magie s’estompe doucement. Il est 23h00, les voiles descendent et le moteur prend le relais. 190 milles en 52 heures, notre course à nous, on l’a gagnée. Dernier festin signé Pommarede et chacun rentre, curieux de savoir si le mal de terre nous attend au tournant.

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En mai, fais ce qu’il te plaît


Mais Blade Runner, ce n’est pas que des navigations sportives et des travaux. C’est aussi des balades entre amis, des sorties en famille et même des virées avec des Kiwis en mission repérage pour une future escale scolaire. Bref, on trace notre sillage et on tisse des liens. Grande nouveauté cette année, Blade Runner est désormais équipé d’une connexion Starlink. Terminé les zones blanches dans le grand bleu, maintenant on a de quoi rester en lien avec la terre ferme, streamer un peu et surtout être en contact avec Nouvelle-Calédonie la première, à qui on envoie déjà des images pour le JT du dimanche !

Ce mois d’avril fut salé, iodé, agité, mais joyeux et encore rempli de souvenirs à la pelle. Alors continuons de voguer ensemble, vent dans les voiles et à très vite pour le prochain épisode.

Damien.

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