On les aime, on les adore : les requins-léopards sont nos petits favoris à la rédac’. Il y a quelques semaines, nous rencontrions Hugo Lassauce, responsable du Zebra Shark Project, afin qu’il nous en dise plus sur son parcours et son rôle dans ce programme de l’Aquarium des Lagons. Aujourd’hui, nous sommes retournés le voir mais non pour en faire de lui la star d’un nouvel article mais bien pour vous dire plus sur ses petits protégés : nous avons nommés, les requins-léopards !
Nous l’attendons avec impatience : les premiers œufs sont sur le point éclore… Mais alors, pourquoi naissent-ils dans les coulisses de l’Aquarium ? À quoi ressemble la love life de ces petits squales ? Et quel est l’avenir de ces adorables requins, qui ressemblent à leur naissance, davantage à des requins-zèbres que léopards. Nous sommes allés enquêter à la source, auprès d’Hugo dans la nurserie de l’Aquarium…
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Une espèce passée à la loupe des scientifiques
Le requin-léopard est ce petit squale que vous avez sûrement déjà croisé dans le lagon, sur les fonds sableux. Plutôt impassible et tranquille, il n’est pas des plus farouches. Sa morphologie et sa robe mouchetée sont très caractéristiques de cette espèce et rend son identification – très – facile.
Bien que paisible et inoffensif pour l’Homme, le requin-léopard est hélas la cible de multiples convoitises. Sa peau, d’où certains extraient un cuir robuste, ainsi que l’huile contenue dans ses organes, suscitent un vif intérêt. Sa chair et ses ailerons sont également prisés. Pourtant, cette espèce, inscrite sur la liste Rouge de l’UICN en tant qu’espèce en danger, subit une pression de pêche sans véritable contrôle. C’est le cas en dans certaines espaces indonésiens ; où leur population a drastiquement chuté.
Dans les démarches pour contrer cette réalité malheureuse, des programmes se mettent en place. Sur le Caillou, c’est notamment le cas de l’Aquarium à travers le Zebra Shark Project. S’il travaille depuis dix ans sur cette espèce, c’est notamment pour accroître les connaissances à leur propos et ainsi aider à mettre en place des programmes de conservation, basés sur la recherche et pourquoi pas, aider à (ré)introduire des requins-léopards dans ces espaces.
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La saison des Zamours chez les requins-léopards
Mais si on veut en savoir plus sur ces squales tachetés, il faut les étudier de près ! L’un des axes est d’en savoir plus sur leur « love life ». Voici donc les dessous « olé olé » de leur cycle de reproduction, connus à ce jour par les scientifiques. Et pour commencer, sachez que chez les requins-léopards, la taille compte ! En effet, la reproduction est « souvent » une affaire de taille puisque les mâles deviennent matures sexuellement lorsqu’ils atteignent un mètre cinquante. Les femelles doivent attendre de mesurer un peu plus, un mètre soixante-dix, pour être en capacité de procréer.
Chez le requin-léopard, c’est l’oviparité qui est de mise : la femelle pond des œufs dans lesquels les embryons se nourrissent de leur propre réserve vitelline. Ainsi, les œufs, semblables des capsules brunes caoutchouteuses, sont déposés et se fondent dans le substrat marin. La période d’incubation, variable de quatre à cinq mois, dépend étroitement de la température moyenne de l’eau. Une élévation de la température entraîne une réduction de cette période d’incubation.
Vous seriez surpris de la taille de ces œufs ! En tout cas, nous l’avons été la première fois que nous en avons vu un. Une femelle en pond environ une trentaine pendant à l’année. Et à l’Aquarium, on peut en compter vingt pour cette saison ! C’est sept de plus que l’année dernière. Ces œufs proviennent de Sainte-Marie ou de la Baie D avant sa fermeture. La raison de cette collecte, outre l’aspect scientifique tient en ce qu’ils sont particulièrement exposés aux prédateurs… Les incuber en captivité a donc pour objectif de leur donner une chance de survie plus grande avant de les réintroduire dans leur milieu naturel : le lagon.
« Quand ils naissent, les bébés sont livrés à eux-mêmes ! Ils doivent être tout de suite autonomes et trouver à manger. Ils mesurent à peine trente centimètres, ils sont très fragiles et les prédateurs sont nombreux autour d’eux… La vie commence dangereusement pour eux ! »
Hugo, le papa poule
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Avant de retourner dans le grand bain…
Pas de panique donc, l’Aquarium est là pour veiller au grain et empêcher que cela arrive ! Les bébés devraient sortir de leur coquille dans quelques jours, sous les yeux paternels d’Hugo et des autres membres de l’Aquarium. Durant leurs premières semaines de vie, ils seront placés individuellement dans un bassin et nourris par la main d’Hugo. Et ces petites bêtes ne vont pas rester éternellement petites, tant est si bien qu’elles seront ensuite placées dans de plus grands bassins, cette fois-ci à quatre ou cinq.
« Dans la semaine, je suis le seul à m’occuper d’eux. Je les nourris de manière individuelle au début. Quand ils sont bébés, ils mangent vraiment bien, notamment des petits morceaux de crevettes sur le bout d’un pic. C’est une autre histoire quand ils sont plus grands ! C’est compliqué et ça prend plus du temps. Et puis je dois adapter leur assiette à leur poids et leurs caractéristiques propres… J’introduirais au fur et à mesure des petits escargots ou des choses qu’ils retrouveront dans la nature… Et ce n’est pas une mince affaire ! Ils font un peu leur crise d’ado et mangent moins bien que bébé ! »
Hugo, le chef cuisto pour bébés requins-léopards
Mais ils ne resteront pas éternellement dans les coulisses de l’Aquarium. Et heureusement d’ailleurs. En effet, Hugo nous a expliqué que quatre mois minimum après leur éclosion, les petits squales seront relâchés. Ils auront été nommés – on a ouïe dire que cette année les bébés porterons des noms de personnages de Disney -, identifiés et badgés pour être sûr de pouvoir les suivre sur le long terme. Car un requin-léopard peut vivre au-delà de 25 ans !
Il reste tant à apprendre de cette espèce que le programme mené par l’Aquarium est primordial. Tant pour accroître les connaissances à leur propos que pour leur permettre de mettre en place des outils pour leur protection. Et si vous n’avez encore jamais vu ces requins en PMT, ouvrez l’œil et scannez le fond du lagon. En prêtant un peu attention à leurs tâches, vous pourrez peut-être différencier Maurice de Gilou !
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