Aïe, ça pique ! Une rencontre fortuite avec un oursin ? Qui s’y frotte s’y pique, comme dit le proverbe. Les oursins sont des animaux marins singuliers. Du latin « ericius », qui signifie « hérisson », l’oursin possède un corps recouvert d’épines. Il n’est pas considéré comme un coquillage puisqu’il fait partie de la famille des échinodermes, au même titre que l’étoile de mer ou le concombre de mer.

Présents depuis plus de 500 millions d’année – rien que ça… -, l’oursin se décline en plusieurs centaines d’espèces à travers les océans mondiaux. Souvent relégués au rang de curiosités piquantes, ils sont en réalité des acteurs essentiels de nos mers. Leur étude et leur protection sont cruciales pour la santé de nos écosystèmes marins. Très appréciés par les fins gourmets, les oursins pourraient aussi représenter un secteur économique prometteur. Zoom sur ce petit animal marin aux potentialités méconnues…

Pique et pique et colégram !

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L’oursin, l’animal hérissé mais fragile  

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Qui habite proche d’un littoral a probablement déjà croisé un oursin. Particulièrement en Nouvelle-Calédonie… Ce petit animal sphérique, recouvert d’épines, mesure généralement entre 5 à 10 centimètres de diamètre. Certaines espèces peuvent atteindre les 30 centimètres, sans compter ses piquants, qui peuvent être de dimension très variables. Ses épines servent à la fois de protection et de moyen de déplacement. Étrange…  

Les oursins se distinguent par leurs couleurs variées et leur anatomie singulière : ils n’ont pas de tête et leur bouche, équipée de dents, se situe sous leur corps ! Ces dents font partie d’un système complexe de mâchoires appelé la « lanterne d’Aristote » et leur permet de broyer les algues et les débris organiques.

Cependant, malgré leur apparence redoutable, leur physiologie les rend très vulnérables aux impacts environnementaux tels que la pollution ou les changements thermiques. L’acidification des océans constitue également une menace sérieuse pour leur cycle de vie et leur survie. De plus, la surpêche est une préoccupation croissante, car elle perturbe l’équilibre naturel de leur habitat.

Une morphologie bien particulière… © Ifremer/Le Gall d’après dessin de JJ.Vayne

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Les écogardes épineux des récifs marins

Dans l’écosystème marin, les oursins tiennent un rôle crucial. Ils sont essentiels pour réguler la croissance des algues, ce qui est vital pour la santé des récifs coralliens. En « broutant » ces algues, ils empêchent ces dernières de recouvrir complètement les coraux, permettant ainsi de maintenir un équilibre écologique.

Ces petite boules piquantes contribuent également à la biodiversité marine. En creusant des abris dans les roches calcaires, ils créent des habitats pour une multitude d’autres espèces marines. Cependant, leur importance est souvent sous-évaluée, d’où la nécessité de programmes de conservation efficaces. Ces programmes incluent la création d’aires marines protégées, des initiatives de recherche et de surveillance, ainsi que des campagnes de sensibilisation pour informer le public sur l’importance des oursins dans l’écosystème marin.

Mille et une couleurs !

Des études de l’IFREMER chez nos voisins polynésiens visent à mettre en avant le potentiel écologique – et économique – des oursins de la région. Les scientifiques étudient depuis plusieurs semaines deux espèces locales : l’oursin-diadème et l’oursin à bonnet de moine dans le but de développer une aquaculture de repeuplement. Ce projet vise à restaurer les populations surpêchées et à améliorer l’écosystème en contrôlant le développement des algues sur les coraux.

« Notre mission est de contribuer au développement de filières commerciales mais on se tourne aussi de plus en plus vers une aquaculture qui fait du bien à l’environnement en restaurant des populations surpêchées ou en décroissance »

Guillaume Mitta, responsable du laboratoire des Ressources Marines en Polynésie française et directeur de l’UMR Santé et services des écosystèmes polynésiens (Secopol)

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Une étoile piquante pour l’économie marine ?

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En outre, les oursins ne sont pas seulement des acteurs clés de l’écosystème marin, ils ont aussi un impact économique notable. D’abord parce qu’ils sont aussi considérés comme des mets délicats et recherchés en gastronomie. En effet, les initiatives de l’IFREMER dans le Pacifique tendent notamment à développer une filière commerciale autour des oursins, non seulement pour la consommation locale mais aussi pour l’exportation.

Ainsi, l’aquaculture des oursins poursuit un objectif commercial qui permettrait dynamiser le secteur de la pêche. Dans ce contexte, ces efforts pourraient contribuer de manière importante à l’économie des régions concernées, tout un favorisant une exploitation durable. En effet, il s’avère que la surpopulation des oursins dans certaines parties du monde pose problème. C’est le cas en Californie où les populations d’oursins détruisent les écosystèmes. Favoriser l’aquaculture est une façon de prendre soin de ces environnements marins fragiles.

De manière générale, les oursins, bien que souvent perçus comme de simples résidents piquants des fonds marins, sont en réalité des trésors biologiques, écologiques et économiques. En Nouvelle-Calédonie, où la mer est intrinsèquement liée à notre culture et notre économie, la compréhension, la protection et la valorisation de ces créatures sont essentielles pour préserver la richesse et la santé de nos océans. Alors, la prochaine fois que vous nagerez près d’un oursin, prenez un moment pour apprécier ce petit génie épineux de l’océan !

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