ÉPISODE #2 – Partie 2/2 – Du Panama aux Galapagos

Tout le monde sur le pont moussaillons ! Nous embarquons sur le Getaway pour faire la traversée des Caraïbes et du Pacifique à la voile. Enfin… C’est François Papin, capitaine du navire, qui nous raconte les étapes de son épopée à bord de son monocoque, qui n’en est pas à son premier voyage ! En effet, fidèle destrier de ses parents depuis plus de trente ans, le Getaway a déjà fait le tour du monde et parcouru tous les océans pendant deux décennies.

Rencontré au mois de mars alors qu’il allait s’envoler vers la Guadeloupe, nous avions décidé de suivre le parcours de François et de le partager à tous ceux qui rêvent d’aventures. Tel un journal de bord, découvrez les étapes du nouveau périple du Getaway, ses matelots et leurs péripéties.

Après avoir passé l’étape cruciale du Canal de Panama et dépassé l’archipel des Galapagos, l’équipage est maintenant en route vers les îles Marquises. Les deux frères, François et Jean-Mi, profitent d’une étape assez calme. Finalement, vivre sur terre ou sur mer peut se ressembler. Toutefois, leur arrivée aux Marquises marquera une étape importante du voyage…

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Des Galapagos aux îles Marquises, il n’y a qu’un mois ! © Google Map

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Les jours se suivent et se ressemblent

Samedi 27 mai

Cette nuit, à quatre heures du matin, nous dépassons officiellement l’Equateur. Nous flottons donc maintenant la tête en bas !

Dimanche 28 mai
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Rien de vaut la pêche à la traîne en pleine mer © François Papin

Nous avançons tranquillement sur notre route, il fait beau. En plus des fichiers météo, l’installation du bord permet d’avoir des informations sur les courants sous-marins. C’est un sacré bazar là-dessous ! Il y a des flèches dans tous les sens. Il semblerait qu’on ait, à l’heure actuelle, 1.2 nœud de courant dans le nez, ce qui explique peut-être notre vitesse plutôt timide de 4.5 nœuds. D’après la carte, nous risquons de subir ce courant contraire pendant plusieurs jours. Il va nous falloir atteindre une latitude de 3°Sud, voire plus, pour espérer retrouver un courant portant.

Cet après-midi, nous avons pêché une daurade coryphène de quatre-vingts centimètres, je n’y croyais pas trop en mettant mon poulpe, tout abîmé, à trainer dix mètres derrière le bateau. La technique m’a été donnée par Jean-Jacques, un ancien collègue de travail et pêcheur confirmé. La technique en question ? Mettre une traîne juste dans les remous du bateau à cinq ou dix mètres derrière le tableau. Je remonte la bête, elle est magnifique, avec des reflets bleus et jaunes. Pour le repas du soir, c’était donc daurade marinée dans du citron en entrée et darne de daurade avec du riz en plat principal, un régal ! Nous estimons qu’il nous reste au frigo de quoi faire encore deux ou trois repas de poisson. Finalement, nous mangerons du poisson jusqu’au jeudi, soit huit repas en tout !

Mardi 30 Mai

Voilà deux semaines que nous avons quitté Panama City et cinq jours que nous avons dépassé l’archipel des Galapagos. Ce matin, nous avons croisé la route d’un groupe de mammifères qui ressemblaient à des dauphins, en plus calmes, plus grands et gris foncés. Le groupe progressait cap au sud et ne s’est pas du tout intérressé au bateau, ils ne sont pas déroutés et nous non plus.

Samedi 3 Juin

Les jours se suivent et se ressemblent, nous ne voyons personne à l’horizon. D’après les informations de la famille à terre, le catamaran danois “CLEO” est derrière nous à plus de cent milles. Il y aurait également deux bateaux à plus d’une heure devant nous. Je ne sais pas si on va les rattraper, j’aimerais bien, ça ferait une occupation !

Aujourd’hui, je me suis attelé à essayer de faire un relevé avec le sextant puis les calculs qui suivent afin de déterminer notre position sur le globe terrestre. La visée s’est effectuée dans de bonnes conditions car le bateau ne bouge pas beaucoup et le ciel est bien dégagé. Je m’installe dans le cockpit et c’est parti. Au bout de quelques minutes, j’arrive à “poser” le soleil sur l’horizon et note immédiatement l’heure GMT.

Le 3 juin 2023 à 18h23min33sec GMT, relevé: 58°41″

Après une heure à la table à carte à faire des calculs, aidé des tables HO249 et de ma calculatrice spéciale, j’aboutis à des résultats que je ne sais pas reporter sur la carte. Heureusement que le GPS fondtionne !

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Boussole, sextant, GPS, faites votre choix ! © Canva

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Naviguer, manger, lire, calculer

Mardi 6 Juin

Voilà trois semaines que nous avons quitté Panama et douze jours que nous sommes passés au nord de l’Archipel des Galapagos. Il reste mille-trois-cents milles jusqu’à Hiva-Oa, aux Marquises. Nous avons navigué sous spi depuis hier matin, une navigation assez agréable avec un vent faible : entre dix et douze nœuds. Malheureusement, nous n’arrivons pas à tenir le cap et finalement nous affalons le spi, au bout de trenteheures, pour remettre les voiles en ciseaux, tribord amure et génois à contre. J’installe une retenue de bôme car ça gigote pas mal avec les vagues qui arrivent à 120° sur l’arrière. Nous faisons maintenant cap sur les Marquises ! Pas très vite, mais on avance. D’après la météo, le vent devrait revenir d’ici à deux jours.

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Un horizon calme et plat © François Papin

Vendredi 9 Juin

Le vent est revenu depuis hier matin, nous faisons route voiles en ciseaux sur le bon cap. Ce matin, à l’heure du petit déjeuner, une daurade coryphène s’est invitée au bout de notre ligne de traîne. Entre deux tartines de pain frais… – je ne sais plus si je l’ai dit mais Jean-Mi fait du pain tous les deux jours. Ainsi, nous avons du pain frais en permanence sur le bateau, ce qui est un luxe apprécié. – Je disais, entre deux tartines, je vais servir un coup de rhum à notre nouvelle recrue, ce qui a le don de la calmer immédiatement. Avec du rhum à 59°, tu m’étonnes !

À l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes à 960 milles (1780 Km) de Hiva-Oa, notre prochaine escale, à la vitesse moyenne de 5 nœuds (9 km/h). Vous imaginez bien qu’on n’est pas tout à fait arrivé, mais on approche.

Dimanche 11 juin

Nous progressons en direction de Hiva-Oa, toujours voiles en ciseaux, à cinq nœuds. Il fait beau et une partie de nos journées sont consacrées à lire dans le cockpit. Certains livres sont franchement intéressants et méritent le détour : Homo Sapiens et Homo Deux de Yuval Harrari, Le Monde sans fin de Jean-Marc Jancovicci ou encore Le Bug humain de Sébastien Bohler. D’autres permettent de se changer les idées : Le 5e élément écrit par Terry Bisson suivant le script du film de Luc Besson, Bons Baisers de Russie, un James Bond de Ian Flemming ainsi que Code Zéro de Ken Follett. J’en profite également pour faire quelque chose que je ne prends jamais le temps de faire : le tri dans les photos de mon téléphone. C’est dingue la quantité de photos qu’on prend de nos jours pour finalement ne jamais les regarder…

Les jours qui suivent, je continue à m’entrainer à faire des points au sextant. Je m’améliore et gagne en rapidité. Mes calculs aboutissent à des points nous situant entre 10 et 17 milles de notre position réelle, ce n’est pas si mal pour un débutant !

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L’art du sextant est bien difficile © Canva

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Terre en vue !

Vendredi 16 Juin

Au petit matin, après un mois de mer, nous apercevons l’île l’île de Fatu-Hiva sous les nuages. À 14h30, nous jetons l’ancre dans la Baie des Vierges, à Hanavave. Les montagnes noires tombant dans la mer associées à une végétation variée donnent un paysage impressionnant. Le mouillage est profond, les grains se suivent et les rafales de vent qui descendent de la vallée ne sont pas rassurantes mais nous sommes arrivés.

Dimanche 18 Juin

Après deux jours à Hanavave, nous partons en driection de Hiva-Oa. Nous descendons à terre pour la première fois depuis un mois et allons nous ballader sur l’île. Le village d’Atuona est à deux kilomètres et nous avons les jambes endolories par le trajet. Après un mois en mer, nous n’avons plus de jambes ! Nous passons quelques jours à Hiva-Oa suivis d’une courte escale d’une nuit à Tahuata, l’île juste à côté, puis nous repartons en direction de Nuku-Hiva.

Après une journée de navigation, nous mouillons à Nuku-Hiva, devant le village de Taiohae, la capitale. Le mouillage est spacieux mais franchement inconfortable à cause de la houle qui rentre : le bateau roule beaucoup. Nous débarquons à terre pour voir si ça bouge moins… L’accueil est très sympathique, les gens sont souriants et tout est facilement accessible : banques, magasins, snacks.

Dimanche 25 Juin

Nous louons une voiture pour aller chercher Jean-Jacques, notre père, qui arrive par avion et qui nous accompagnera pendant un mois pour la navigation entre les Marquises et Tahiti. La prochaine étape ? Les Tuamotus.

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