Épisode #1 – Préparation et grand départ

Tout le monde sur le pont moussaillons ! Nous embarquons sur le Getaway pour faire la traversée des Caraïbes et du Pacifique à la voile. Enfin… C’est François Papin, capitaine du navire, qui nous raconte les étapes de son épopée à bord de son monocoque, qui n’en est pas à son premier voyage ! En effet, fidèle destrier de ses parents depuis plus de trente ans, le Getaway a déjà fait le tour du monde et parcouru tous les océans pendant deux décennies.

Rencontré au mois de mars alors qu’il allait s’envoler vers la Guadeloupe, nous avions décidé de suivre le parcours de François et de le partager à tous ceux qui rêvent d’aventures. Tel un journal de bord, découvrez les étapes du nouveau périple du Getaway, ses matelots et leurs péripéties. Pour le premier épisode de cette odyssée marine, la mer des Caraïbes s’ouvre à l’équipage après un bon mois de préparation.

Cécile fait partie de l’expédition jusqu’au Panama. Bonne amie de François et navigatrice de premier plan, elle nous livre le récit de cette première portion de voyage dans lequel elle a embarqué…

Speed Marine
Un sacré trajet pour rejoindre Nouméa ! © Google Maps

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Préparation du bateau et pérégrinations alentour…

Speed Marine
Peinture et antifouling ! © François Papin

« Pour François, le mois de mars à Pointe-à-Pitre fut consacré à la préparation du bateau. Dès son arrivée le 7 mars, le navire a été mis au carénage. Sa sortie de l’eau a ainsi permis un tour complet de la coque afin d’examiner ses points sensibles : un moyen d’acquérir une vision assez précise de l’état général du bateau. S’en est donc suivi le nettoyage et la peinture de la coque avant la garniture d’une généreuse couche d’antifouling !

Côté intérieur, les fonds de cale ont été explorés. Nous avons redécouvert l’âme d’un bateau empreint de vingt-cinq ans de voyage et de rencontres. Émotions garanties pour tout le monde ! Puis, il a fallu remonter tous les coffres et équipements, les divers aménagements et les réservoirs d’eau ! Entre-temps, le bateau a été remis à l’eau sans que cela ne sonne la fin des rénovations pour autant. En effet, François et Gérard – son beau-père et ancien propriétaire du Getaway – ont changé des haubans, certaines drisses et écoutes avant d’inspecter le système de barre et changer la chaîne de mouillage.

La prise en main du bateau par François s’est faite progressivement par des petites sorties en mer. Un aller-retour en Martinique avec Anyvonne – sa mère – et Gérard, a permis à François de poursuivre son « apprentissage » des spécificités du Getaway auprès de ceux qui connaissent le mieux le navire. Il a ainsi pu tester le fonctionnement des équipements et de l’électronique embarqués, notamment le système d’identification automatique (AIS). Les navires professionnels et les cargos en sont généralement équipés, manière utile d’anticiper leurs trajectoires et d’éviter de possibles collisions ! De plus, le régulateur d’allure, magnifique instrument qui barre avec le vent à l’arrière du bateau, a montré toute sa précision et sa fiabilité.

À notre arrivée en Guadeloupe, son frère et moi avons trouvé un François serein, prêt et animé d’une joyeuse hâte de partir. Après que François s’est magistralement chargé de la partie technique avec Gérard, nous entamons une préparation plus logistique du départ. Que la cargaison commence ! 22 kg de farine pour le pain, 8 kg de féculents, 3 kg de café, trois boîtes à thé, des épices, du lait de coco en masse, des légumes en tout genre et quelques conserves de plats « tout prêts » que j’espère secrètement ne jamais toucher… Quelques sucreries faisaient aussi partie du premier ravitaillement : confitures, fruits et petites gourmandises. Sans oublier les produits frais dont on sait qu’ils peuvent tenir au moins dix jours.

Getaway
Cécile aux commandes ! Laissez vous porter par son récit © François Papin

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La mer à perte de vue…

La date du départ est fixée : 14 avril. Nous avions prévu une première nuit au mouillage aux Saintes, afin de partir reposés – et à l’abri des apéros de ponton, si vite arrivés… Nous avions aussi organisé nos quarts à venir, en se répartissant sérieusement la veille et la sécurité sur les heures de la nuit et plus simplement sur celles de la journée. Ce soir-là, nous guettions pour la première fois le rayon vert à l’horizon, ce dernier rayon du soleil… Quelle formidable sensation de savoir que nous partions ensemble dans cette traversée. C’est véritablement le 15 avril que nous prenons la direction des Caraïbes avec cette merveilleuse sensation « d’entrer » dans la mer.

François, toujours attaché à son bateau © Cécile

La destination n’occupe pas vraiment les esprits et la vie à bord s’organise. L’attention que nous portons aux repas est très importante, c’est un moment clef de nos journées. Le reste du temps, chacun participe aux manœuvres nécessaires à la navigation. En parallèle, une certaine tranquillité s’installe, ponctuée de chansons et d’humour. C’est aussi un formidable moment d’introspection, de réflexion, de méditation, sur tout, sur rien, un moment hors du temps, hors de tout.

Sans se le dire, j’ai l’impression que nous apprécions cela. Surtout lors des quarts de nuit, sous la voûte étoilée… François a d’ailleurs pris l’habitude de retirer le bimini – le taud – pour que nous puissions profiter de ce ciel. Frustrés de ne pas pouvoir reconnaître plus de constellations, nous téléchargerons une application permettant de décrypter cette voie lactée à la prochaine escale.

La mer, les premiers jours assez formée, est redevenue plus calme les suivants. Sur une allure portante, nous sortons le spi dans la journée et préférons le génois tangonné pour la nuit. Malheureusement, une manille de la drisse de spi, en tête de mât, s’est rompue le troisième jour. Hors de question de monter en haut du mât pour la changer en pleine mer… Nous continuons avec le génois. Le vent s’est calmé et malgré l’allure portante en vent arrière ou grand largue, nous devons nous aider du moteur tout au long du dernier jour et de la dernière nuit pour arriver aux San Blas. Notre traversée aura duré dix jours. François avait prévu entre dix et quatorze : encore un bon calcul !

Derrière, la côte ; devant, la mer à perte de vue… © François Papin

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Le calme avant la tempête…

Les San Blas, c’est un univers de carte postale, magnifique et paisible où nous choisissons de faire escale quelques jours avant de rejoindre la capitale du Panama : Panama City ! Le premier jour, nous effectuons les démarches d’enregistrement aux douanes, sur la toute petite île El Porvenir. Le lendemain, nous poursuivons la découverte de ces îles du paradis et de leurs habitants qui viennent commercer en pirogue autour du bateau : des molas, des poissons, des langoustes. L’eau est magnifique, l’air est léger et les montagnes embrumées restent visibles sur la côte. Il est dit que l’archipel contiendrait 365 îles… Bien que nous ne puissions les compter en cinq jours, chacune de celles que nous voyons est un régal pour les yeux ! Pourtant, il nous faut quitter cet univers de quiétude pour rejoindre Panama. C’était un peu le calme avant la tempête… Car les cargos et porte-conteneurs pointent déjà le bout de leur nez et nous allons tous dans la même direction : le Canal de Panama.

Durant ces quinze jours, tout s’est donc bien déroulé au niveau de la navigation. Nous quittons les San Blas et rejoignons Panama City en vingt heures. L’ambiance est bien différente à présent… Au-delà de l’animation, la ville nous parait aussi étouffante que la chaleur qui y règne. Nous entamons les démarches pour la traversée du Canal … Suite au prochain épisode. »

Cécile

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Getaway
Les tours ont leur charme aussi à Panama… © NeOcean