Ce jeudi 9 octobre, le lagon avait rendez-vous au Château Royal. Le forum Éch’Océan – Résonances calédoniennes à l’Année de la Mer, organisé par Pew Bertarelli Ocean Legacy (PBOL), a réuni scientifiques, coutumiers, institutionnels et acteurs économiques autour d’un même horizon, celui de transformer les grands engagements internationaux pour l’océan en actions concrètes, ici, en Nouvelle-Calédonie. Une journée pour faire des vagues dans notre grand bleu.

__

Écho d’ouverture 

C’est Christophe Chevillon, directeur de PBOL en Nouvelle-Calédonie, qui a donné le coup d’envoi de cette journée salée.

« Si vous êtes ici aujourd’hui, c’est que vous avez conscience que l’océan est quelque chose d’indispensable, vital, précieux. » – Christophe, qui vit pour l’océan

Un rappel bienvenu quand on sait que le Parc naturel de la mer de Corail, c’est 1,3 million de km² d’océan à préserver. Depuis plus de dix ans, PBOL œuvre à la conservation du patrimoine marin calédonien, en s’appuyant sur un large réseau d’acteurs (institutionnels, économiques, coutumiers, scientifiques et associatifs). 

Aline Schaffar, cheffe de projet de PBOL, a ensuite planté le décor de l’événement : replacer Éch’Océan dans le sillage de l’Année de la Mer 2025 et de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3), qui s’est tenue à Nice en juin dernier. Dans cette idée, deux leviers y sont alors mis en avant. La protection des océans et de leurs ressources ; et la formation de partenariats solides pour des actions concrètes et durables. Elle a aussi rappelé la présence active du Caillou sur la scène internationale, de « Te Reo O Te Moana » en Polynésie à « Vivatech » à Paris, en passant par « Our Ocean » ou le « Blue Economy & Finance Forum » à Monaco. Autant de rendez-vous qui ont fait écho à cette Année de la Mer, et dans lesquels la Nouvelle-Calédonie a su faire entendre sa voix.

__

Écho institutionnel 

La matinée s’est poursuivie en faisant place à une table-ronde de haut niveau sur la gouvernance, animée par Charlotte Ullmann, avec Jean-Luc Vaslin, directeur des Affaires maritimes de la Nouvelle-Calédonie, et Bertrand Turaud, représentant du membre du gouvernement Jérémie Katidjo-Monnier.

Jean-Luc Vaslin a d’abord pris le micro pour dresser le panorama de cette Année de la Mer. 350 événements labellisés “Mer en commun” en France, dont 28 en Nouvelle-Calédonie, parmi lesquels les dix ans du Parc naturel de la mer de Corail, la New Caledonia Groupama Race, ou encore “Cap sur la pêche”, qui se tiendra en novembre 2025. Il a également rappelé les cinq grands axes stratégiques portés par la France à l’UNOC : les fonds marins, la réglementation de la haute mer (BBNJ), la lutte contre la pêche illicite, la décarbonation du transport maritime et la guerre contre la mer de plastique.

Le micro est passé à Bertrand Turaud, qui a mis en lumière l’intérêt de cette Année de la Mer pour la Calédonie :

  • Informer sur la biodiversité exceptionnelle du territoire
  • Sensibiliser les Calédoniens à l’importance du rôle de l’océan dans la régulation du climat
  • Valoriser la Nouvelle-Calédonie à l’échelle régionale et internationale grâce à la labellisation

Il a évoqué plusieurs actions emblématiques, avec notamment les expositions photographiques itinérantes, le livre “Un océan de savoir” produit par l’IRD, la Quinzaine de la mer du lycée Lapérouse ou encore la Fresque Océane mise en place par Soizic Fleury. Surtout, il a rappelé la force du message calédonien porté à l’UNOC, une voix politique et institutionnelle, une voix autochtone à travers la Vision Kanak de l’Océan, et une voix scientifique avec l’IRD, l’Ifremer et les entreprises innovantes de la bluetech

La Nouvelle-Calédonie a marqué les esprits avec son moratoire de 50 ans sur l’exploitation des fonds marins, salué à l’international, et un financement de quatre millions de dollars obtenu via la Fondation Bezos et porté par la CPS, pour un ambitieux programme de conservation à l’horizon 2030. Un souffle bleu pour la gestion du Parc naturel de la mer de Corail.

océan
« This is the voice » version océan © NeOcean

__

Éch’ollectif 

L’après-midi, place à l’intelligence collective. Les participants se sont répartis dans quatre ateliers thématiques, chacun consacré à un enjeu clé pour transformer les grands engagements internationaux en actions bien locales. Ces ateliers avaient pour objectif de faire émerger des outils concrets pour la Nouvelle-Calédonie, en s’inspirant des dynamiques régionales et mondiales.

Premier atelier : « Gouvernance et coopération régionale ». Ou comment rendre la gouvernance plus inclusive, pour que chaque voix compte dans la décision ? Et surtout, comment renforcer la coopération régionale pour élargir les Aires Marines Protégées ?

Second atelier : « Savoirs autochtones et patrimoine océanien ». Ici, les échanges ont porté sur la reconnaissance des espaces et espèces d’importance coutumière au sein du PNMC, mais aussi sur la transmission intergénérationnelle des savoirs traditionnels et spirituels liés à l’océan.

Troisième atelier : « Sciences marines et connaissances pour l’action ». Cet atelier s’est penché sur la manière d’intégrer davantage la science comme outil d’aide à la décision, et sur la création d’un indicateur synthétique capable de refléter l’état de santé du Parc.

Quatrième atelier : « Économie bleue et développement durable ». Enfin, comment encourager un tourisme responsable dans le Parc sans compromettre la conservation ? Et quels mécanismes de financement bleu imaginer pour assurer une gestion durable du PNMC ?

Au fil des discussions, une évidence a émergé : la Nouvelle-Calédonie a déjà toutes les clés pour agir, à condition de continuer à connecter ses forces scientifiques, coutumières, économiques et institutionnelles. Les échos de cette réflexion collective devraient maintenant se transformer en vagues d’actions, prêtes à déferler sur le terrain.

océan
Une phrase qui fait écho… © NeOcean

__

Écho final 

Éch’Océan a prouvé que la Nouvelle-Calédonie ne se contente plus de naviguer à vue. Elle trace sa propre route bleue, ambitieuse et collective. Parce qu’ici, quand l’océan fait écho, c’est tout un territoire qui résonne !

__