Vous ne vous êtes jamais demandé quelles étaient les histoires derrière ces hommes et ces femmes au marché aux poissons de Nouméa ? Ces travailleurs acharnés, pour qui l’amour de la mer et de la pêche ne s’explique pas. Bien souvent, c’est un loisir voire une passion qui s’est transformée en métier. 

Après avoir fait la connaissance d’Olivia, la coquette pêcheuse aux cheveux longs du marché, nous avons rencontré l’un des piliers de la pêche : Dominique Deschamps. Yeux bleus, peau bronzée par le soleil, à 61 ans, c’est encore et toujours la passion qui anime cet Alain Delon du lagon, plus de 40 ans après avoir pris la décision de devenir pêcheur professionnel.

__

Dominique Deschamps, pêcheur de générations en générations

Il a connu le tout premier marché aux poissons de la ville de Nouméa, celui proche de la place des Cocotiers. Depuis sa fermeture, il s’est installé à Port Moselle depuis 1992. Dominique fait comme on dit “partie des murs.” Fils de pêcheur, il est issu d’une famille de sept enfants où à l’époque, tout le monde a goûté à l’eau salée du lagon. “Mon père pêchait sur Poya. Je devais avoir six ans et avant, il n’y avait personne en mer. Un jour il nous a demandé si on voulait manger des crabes. A la marée montante, il y avait un crabe tous les cinq mètres et il fallait faire attention où on marchait” se souvient Dominique. 

Si le pêcheur a grandi à Nouméa, il passait le plus clair de ses vacances en province Nord, avec ses deux frères, sur le campement que son père avait construit sur la presqu’île Béco, au large de Népoui et Poya. C’est arrivé au lycée, en seconde, que Dominique se rend compte qu’il ne veut faire qu’une chose : pêcher. Les livres et les ordinateurs ce n’est pas trop son truc ; lui c’est plutôt hameçons et cannes à pêche

Dominique
Ho le beau Dawa ! © Deschamps Fish Market

A seulement 15 ans, Dominique est devenu pêcheur professionnel et trois ans après, il achète son premier bateau, en contreplaqué bois, avec l’aide de son père. 44 ans plus tard, Dominique navigue toujours autant sur le lagon. Il perpétue même la tradition familiale, en pêchant avec son fils et ses petits-fils. 

__

Le travail c’est la santé !

“Le pêcheur courageux, va toujours gagner sa vie.” Dominique est un travailleur acharné et l’amour de la mer ne s’est jamais éteint, malgré les difficultés du métier. Du mardi au dimanche, le Calédonien alterne entre session pêche et vente au marché avec sa femme qui tient la table. D’habitude, le réveil sonne à 4h. Cap sur le lagon sud pour pêcher dawa, mulets ou encore maquereaux. Après autant d’années de pratique, il connaît tous les secrets mais s’il l’avoue quand même : “On en apprend tous les jours !” S’il pêche été comme hiver, la saison fraîche reste la meilleure pour bien travailler le poisson. Parole de professionnel.

Lors de ses campagnes de pêche, Dominique est bien accompagné. Parmi ses cinq enfants, son fils aîné Frédéric, 39 ans, est aussi passionné que lui. Ces derniers temps, le duo sort en mer quatre jours par semaine. “Il a fait comme moi et m’a dit à 17 ans “Papa je veux arrêter le lycée.” Quand les enfants étaient petits, on partait trois jours en famille dans le Sud avec le bateau et les gosses étaient heureux” confie Dominique. C’est ce qu’on appelle joindre l’utile à l’agréable.

La passion ne s’éteint pas chez les Deschamps car Dominique emmène aussi ses petits-enfants à la pêche dès qu’il en a l’occasion. Quand on lui pose la question, il ne se voit pas faire autre chose. La retraite ? Un mot qu’il ne connaît pas. “Je me vois bien travailler jusqu’à 70 ans !” lance-t-il en rigolant. Même à cet âge-là, pas sûr qu’il choisisse l’option chaise longue au bord de mer. Si c’est le cas, on est prêt à parier que la canne à pêche ne sera pas très loin pour un dawa sur la braise au déjeuner… à partager en famille bien sûr.

__