Si vous pensiez que les oiseaux marins n’étaient que des mouettes bruyantes et des pigeons de mer, détrompez-vous. Ce jeudi 13 mars, au Centre Nautique Calédonien (CNC), c’était la conférence mensuelle dédiée aux oiseaux marins de Nouvelle-Calédonie. Ambiance conviviale garantie, avec Tugdual Piriou, directeur du CNC, qui nous accueille chaleureusement et en toute simplicité.
« C’est comme à la maison ! » – chez Tugdual Piriou
Aux commandes de cette soirée pleine de plumes et de passion, Thomas Bouyard, chargé de projet chez Bird Conservation New Caledonia (BCNC), une association de protection de la nature créée en 2021 par d’anciens étudiants de l’IRD, de jeunes chercheurs regroupant des spécialistes de l’écologie, de la conservation et de la restauration. C’est avec enthousiasme et une bonne dose d’anecdotes que Thomas nous a plongés dans l’univers de ces voyageurs des airs calédoniens, en nous montrant que non seulement les oiseaux marins sont bien plus cool qu’on ne le pense, mais qu’ils jouent aussi un rôle essentiel dans la préservation des écosystèmes marins et terrestres de Nouvelle-Calédonie.
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Un double vie bien rodée entre terre et mer
Les oiseaux marins mènent une vie de nomades entre l’océan et les îlots isolés. La mer, c’est leur resto cinq étoiles où ils passent la majeure partie de leur temps à chasser. Mais quand vient l’heure de fonder une famille, ils prennent la direction de la terre ferme, à la recherche de sites de reproduction calmes et éloignés, histoire de ne pas être dérangés. En général, c’est retour à la “maiz” une fois par an pour pondre un seul poussin et lui prodiguer tous les soins possibles. Eh oui, les oiseaux marins sont des parents exemplaires, chez eux, l’égalité est de mise, les deux partenaires se relaient pour couver et nourrir le petit.
Mais les oiseaux marins sont aussi les plus menacés de la planète. Avec leur double vie entre terre et mer, ils sont exposés aux dangers des deux milieux : prédation, pollution lumineuse, surpêche, dérangement humain, et bien sûr, les effets du changement climatique. Pourtant, ces oiseaux courageux continuent de nous rendre d’énormes services écologiques. Alors la prochaine fois que vous croisez un Fou à pieds rouges ou un Noddi noir, prenez le temps de les observer et de penser à leurs incroyables périples. Parce que sans eux, nos lagons n’auraient pas la même saveur.

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La Nouvelle-Calédonie : un refuge pour ces voyageurs ailés

La Nouvelle-Calédonie, c’est un pur bonheur pour les oiseaux marins en quête de tranquillité. Avec environ sept cents îlots et des présences humaines relativement faibles, c’est l’endroit rêvé pour faire des petits. Mais tout n’est pas rose sous le soleil calédonien, surtout quand il faut faire cohabiter ces oiseaux avec les activités humaines, comme les sports nautiques.
Parmi les nombreux habitants à plumes de Nouvelle-Calédonie, certains sortent du lot aux yeux de Thomas. Par exemple le pétrel, pourtant pas vraiment la coqueluche locale avec sa réputation d’oiseau bruyant et un peu bête. Pourtant, il mérite notre respect : il représente environ 50% de la population mondiale en Nouvelle-Calédonie. En plus, avec le petit cœur blanc sur la poitrine des poussins, difficile de ne pas craquer.
« Ils sont tellement mal aimés en Calédonie… On ne se rend pas compte, mais ils sont une richesse de biodiversité. Et puis, comment ne pas avoir un peu d’empathie pour ces poussins ? » – Thomas, aimant
La Frégate du Pacifique est aussi l’un des chouchous de Thomas. Avec plus de deux mètres d’envergure, c’est l’oiseau marin le plus grand de Calédonie. Le mâle arbore une poche rouge gonflée pour séduire sa dulcinée lors des parades nuptiales. Mais la frégate est un aussi un peu clepto sur les bords, en gros elle vole la nourriture des autres.
« C’est un oiseau pirate, mais qui a quand même beaucoup de style. » – Thomas, fan de pirate des Caraïbes

Et en plus, sachez que ces as du ciel peuvent rester en vol pendant des mois sans jamais se poser, jusqu’à 165 jours d’affilée en planant sur les courants thermiques. Dormir en volant ? Check.
Malheureusement, la survie des espèces est mise à rude épreuve mais heureusement, plusieurs programmes de conservation se mobilisent pour leur donner un coup de bec. “À la recherche de l’Océanite tempête de Nouvelle-Calédonie”, un programme de recherche lancé pour tenter de localiser ce mystérieux oiseau. « I Feel Gould”, ce projet vise à jouer les gardes du corps pour les colonies de pétrels de Gould. « ASAP » (Artificial Sites for Tahiti Petrel) mené par l’IRD et construit sur le site de Koniambo.
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Ces héros insoupçonnés du lagon
En tant que voileux passionné, Thomas s’est un jour demandé si les oiseaux marins pouvaient servir d’indicateur pour la navigation. Après tout, dans la culture polynésienne, ils guident déjà les marins depuis des siècles. En fait, certains oiseaux se la jouent “Catherine Laborde” en modifiant leur comportement à l’approche d’un cyclone. Ils se mettent à voler extrêmement haut, de manière anormale, pour éviter un cyclone.
« Personnellement, je fais plus confiance à Windy qu’à la frégate qui part à 3 000 mètres d’altitude ! » – Thomas, peu confiant
Bon même si ces observations sont prometteuses, il n’existe pas encore de faits scientifiques suffisamment solides pour remplacer la bonne vieille appli de navigation.
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Allez viens… on est bien
En Nouvelle-Calédonie, les oiseaux marins ne sont pas juste des silhouettes planant au-dessus des vagues. Ils sont les gardiens d’un équilibre fragile, et leur protection est essentielle pour préserver tout l’écosystème du lagon. Alors faites partie de l’aventure et devenez bénévole ou adhérent de Bird Conservation New Caledonia. Promis, personne ne vous demandera de rester 165 jours en vol.
Alors, prêt à devenir un super-héros des lagons ?

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