Un breton qui n’aime pas la mer, n’est pas un vrai breton ! Johann Le Dreau est plus à l’aise un pied dans l’eau, que les deux pieds dans le terreau. Passionné de pêche mais aussi de bateaux, il a laissé ses claquettes en Calédonie il y a 25 ans.
Où qu’il aille, Johann Le Dreau n’est jamais bien loin du rivage ou bien à quelques mètres sous l’eau, dans le lagon sud. Son fidèle compagnon, le fusil sous-marin, est toujours à ses côtés. Pas n’importe lequel, celui qu’il a lui-même fabriqué. Le Calédonien d’adoption est plutôt chasse aux poissons que chaque aux cerfs.
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Johann Le Dreau, jamais la tête sous l’eau
Ce n’est plus un secret pour personne : la Nouvelle-Calédonie est un « hot spot » pour les sessions pêche. Pêche à la ligne, à la mouche, aux crabes… et pour certains, la pêche sous-marine. Si elle demande plus de dextérité que les autres, elle nécessite aussi du matériel de pointe, surtout quand on veut ramener du gros poisson dans la glacière.
A 50 ans, il n’a jamais quitté le milieu maritime. Avec deux brevets de techniciens dans le domaine de l’aquaculture, Johann s’est finalement éloigné un peu de son métier d’origine. Les rencontres de la vie l’ont amené sur le Caillou, en 1999. Il travaille dans l’élevage de crevettes, puis se met rapidement à son compte pour la rénovation, entretien et réparation des bateaux.
Habile de ses mains, Johann, également surfeur, a rapidement ouvert un « surf shop » pour entretenir les planches de surfs mais aussi pour les fabriquer. Il a alors été sollicité sur des chantiers de construction naval… et travaille pendant plus de deux ans, sur la construction d’un catamaran de 26 mètres de long ! Autant de rencontres et de compétences que Johann va mettre à profit pour se lancer un nouveau défi : la construction de fusils sous-marins.
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Dans les bois
Juste avant que le coronavirus vienne le titiller, Johann s’attelait à rénover des piscines. Mais en mars 2020, les Calédoniens ont préféré profiter de leur piscine plutôt que de l’avoir en chantier alors il a profité du confinement. C’est là qu’il s’est mis en tête de fabriquer son propre fusil sous-marin. « J’ai travaillé dessus pendant deux-trois mois. J’ai regardé sur internet pour savoir comment faire et je voulais faire quelque chose qui correspondait à mon standard de qualité » explique Johann.
Après son premier fusil, il décide d’en faire d’autres et finalement, d’étendre son activité d’entrepreneur. Johann ne fabrique pas n’importe quelle arme ; il utilise le bois, qui était beaucoup utilisé dans l’histoire de la chasse sous-marine, notamment par les Tahitiens. « Le bois absorbe le recul que l’on peut avoir dans l’eau. Il est lourd et puissant. » Pour créer ses œuvres, Johann se niche dans son atelier, qui sent bon la poussière de bois. Pas question d’utiliser le premier arbre venu, il privilégie le bois local, de très bonne qualité et en particulier, le « Montrouziera cauliflora » autrement dit, le houp, endémique au territoire.
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L’artisan des mers
Aujourd’hui protégé car autrefois trop exploité, le houp se trouve encore ; Johann a pu en dénicher grâce à son réseau, dans des vieux bâtis de porte ou encore dans les poutres d’un hangar. Bref, de fil en aiguille, il s’est fait son stock. « Chaque essence de bois à ses caractéristiques » précise-t-il. Johann travaille aussi avec du bois de mahogany et peut parfois allier les deux dans une création. Couper, mesurer, assembler, polir… fabriquer un fusil sous-marin est un travail d’adresse et de précisions, qui peut prendre plus de 40 heures.
Perfectionniste, Johann s’assure que le fusil possède une bonne flottabilité, en le testant dans l’eau et en y ajoutant si nécessaire, des petits plombs. En trois ans d’activité, il a signé près de 80 fusils ; une fierté pour celui qui autrefois participait aux championnats de France de chasse sous-marine. Bien au-delà du Caillou, Johann exporte ses fusils pour les pêcheurs du monde entier : les loches n’ont qu’à bien se tenir !
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