« Le temps est vraiment idéal, si on partait pratiquer la pêche sportive en apnée ? ». Non, a priori, vous n’entendrez pas souvent ça sur le Caillou. Ici, on est plutôt familiers des « L’engin, c’est pétole molle, on barre en mer piquer un coup ! ». Ce qu’il faut retenir, quoi qu’il en soit, c’est que les Calédoniens sont des grands amateurs de pêche. Faut dire qu’avec le plus grand lagon du monde, y’a de quoi faire ! Parmi les techniques particulièrement populaires sur notre île, le « spearfishing» possède la particularité d’allier détente et exploration sous-marine. Petit guide des bonnes pratiques et bons points à connaître au moment de se lancer !

Spearfishing – Chasse sous marine Nouvelle Calédonie © Lampa Prod

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Pêche sous-marine : premiers battements de palmes

Commençons par les bases : la pêche ou chasse sous-marine, c’est cette technique de pêche qui consiste à harponner un poisson avec une flèche, en apnée, à l’intérieur ou à l’extérieur du lagon. Un loisir qui allie liberté, balade et nourriture mais qui comporte aussi quelques risques… Au moment de débuter, gardez toujours en tête que le plus important en se mettant à l’eau, c’est de veiller à sa sécurité. En ce sens, il est fortement recommandé d’être toujours accompagné d’un binôme, si possible expérimenté. Le lagon calédonien abrite quelques requins qui, sans forcément être mal intentionnés mais plutôt partisans du moindre effort, ne manqueraient pas d’essayer de chiper votre poisson qui traînerait trop longtemps au bout de la flèche. De la même façon, la pratique de l’apnée entraîne un risque de syncope dont il faut être conscient. En chasse comme dans le proverbe, prudence est toujours mère de sûreté. 

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Piquer, c’est bien mais en sécurité, c’est mieux ! © Thomas Debien

Niveau matériel ensuite, comment s’équiper ? Chaque pêcheur a ses habitudes et ses préférences, mais un fusil entre 110 et 140 cm convient parfaitement à un début de pratique sur les récifs et les tombants. Vous pourrez également vous munir d’un harpon plus court pour les trous – environ 75 cm – ou de gants épais puisqu’en effet, une langouste au feu, ça fait toujours plaisir. Outre le masque, le tuba, les palmes et les plombs, il vous faudra également une combinaison. Une épaisseur de 3mm fera l’affaire en été, quitte à rajouter une souris en hiver où l’eau du lagon avoisine les 23°C (contre 28°C en été). Pas d’inquiétude pour trouver son matériel puisque le Caillou compte de nombreux magasins spécialisés en même temps qu’un marché d’achat et revente d’occasion conséquent : la Nouvelle-Calédonie, c’est en effet plus de 12 000 adeptes de la chasse sous-marine !

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Une pratique éco-responsable 

Maintenant qu’on est équipé, qu’est-ce qu’on mange ? Riche d’une biodiversité exceptionnelle, le lagon calédonien abrite de nombreuses espèces de poissons. Dès lors, la pêche en apnée implique un prélèvement très sélectif de la faune marine. L’enjeu est de choisir ses proies en fonction de la saison, de leur taille et de leur espèce. Plusieurs raisons à cela : tout d’abord, vous entendrez rapidement parler d’un “contretemps”hic” un poil fâcheux qui répond aux petits noms de « gratte » ou ciguatera. En effet, certains édifices de coraux calédoniens sont colonisés par des algues, hôtes de micro-organismes qui génèrent des toxines. Les poissons herbivores ou mangeurs de corail consomment ces toxines qui, en suivant la chaîne alimentaire, se concentrent dans les grands poissons carnivores. Le pêcheur sous-marin étant au bout de cette même chaîne alimentaire… vous pouvez bientôt vous retrouver avec ces toxines dans le corps en mangeant certains de ces poissons. 

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Pêcher ou se “gratter”, il faut choisir ! © Shutterstock

A partir de là, c’est une tornade de symptômes pas franchement sympathiques qui vous attend. Il faut donc connaître les poissons à éviter de consommer et, vous référer à quelques guides savants, vous permettra de déterminer lesquels. Consulter les gens du cru et l’expérience des locaux est également un plus, puisque théoriquement, tous les poissons du lagon peuvent être affectés à un certain degré. Pas de panique néanmoins, il se consomme beaucoup de produits de la mer en Nouvelle-Calédonie et les intoxications ne sont pas si fréquentes.

Connaître les espèces à prélever et les bonnes pratiques, c’est également un enjeu pour la biodiversité et la préservation à long terme des ressources. Des règles strictes sont fixées par le code de l’environnement et leur respect est primordial pour la conservation de notre patrimoine naturel. A l’exception des espèces pélagiques (15 individus par bateau et par sortie), dans le lagon, le quota de pêche autorisé de produits de la mer est de 40 kg par jour et par bateau. Enfreignez cette limitation et vous vous exposerez à 2 684 000 francs CFP d’amende et une possible confiscation de votre matériel. Sachez également que la pêche sous-marine est interdite de nuit, en bouteilles et à moins de 50 m d’un dispositif de concentration de poissons (DCP).

Longtemps considéré à tort comme un sport de « massacreurs », la chasse en apnée regroupe de plus en plus de pratiquants « éco-responsables », soucieux d’adapter leur pratique aux enjeux de préservation de l’environnement marin. Ainsi, les équipes participantes aux championnats de Nouvelle-Calédonie font, par exemple, appel à l’IRD pour déterminer dans leur règlement à partir de quelle taille telle espèce de poissons peut être prélevée. On vous invite donc à suivre leur exemple et à vous montrer responsables à tous niveaux … 

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Amateur de chasse, ce guide sera ton ami © Editions Catherine Ledru

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La pêche sous-marine : un loisir pour les uns, un sport pour les autres

Pour peu que vous suiviez ces quelques conseils et que vous vous documentiez en conséquence, le monde fabuleux de la chasse sous-marine s’offre désormais à vous : bossus, saumonées, thazards, carangues gouttes d’or, loches bleues, thons, langoustes porcelaines… Vous aurez de quoi vous régaler !

Et pour les plus passionnés et sportifs d’entre vous, on vous invite également à découvrir les championnats de Nouvelle-Calédonie de pêche sous-marine : cinq manches, une zone de pêche tirée au sort et une compétition en duos où l’objectif est de ramener le plus de poissons différents. À chaque manche du championnat, le butin des pêcheurs est offert à l’association Les Sans Voix qui œuvre sur le territoire pour les plus démunis. Les vainqueurs s’envoleront par la suite pour une compétition internationale en Polynésie française. À vos ceintures, prêts ? PLONGEZ !

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Et maintenant, y’a plus qu’à y aller ! © Nathanael Ambroise

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