Rencontrer Marine Duprat, c’est côtoyer la passion. LES passions pour être plus exact ! La jeune maman partage son emploi du temps entre son métier d’ingénieure en eau au sein du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, son amour pour le kite, discipline fétiche de cette double championne de France, sa startup « CURL », son blog « Mamoune.co » et, bien sûr, son petit bout de chou ; frontsides nourris avec l’une de ces « Elles du lagon« .
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Bonjour Marine et bienvenue sur NeOcean. Alors, tu es une « Elles du lagon » ?
Bonjour NeOcean ! J’adore ce qualificatif, je trouve ça super sympa comme jeu de mots entre « elles » et « ailes » pour voler. C’est vrai qu’aujourd’hui, les sports nautiques intègrent de plus en plus les filles et les voiles ! Le kite et le wingfoil notamment. Ce sont des activités qui nous donnent des ailes…
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Peux-tu te présenter à nos lecteurs – pour ceux qui ne te connaitraient pas déjà – ?
J’ai commencé la planche à voile très jeune. Quand le kite est apparu sur les côtes normandes, je m’y suis adonnée avec passion et c’est devenu mon sport de prédilection. Sur le tard, j’ai aussi fait de la voile en équipe, ce qui m’a énormément plu. J’espère m’y remettre quand mon fils sera plus grand.
Je suis arrivée en Nouvelle-Calédonie il y a treize ans. J’y suis d’ailleurs venue pour le kite ! J’avais hésité avec l’Australie puisque j’ai un affect particulier avec ce pays. J’y ai fait un an d’étude et un an de visa touriste-travail. Pourtant, c’est sur le Caillou que j’ai décidé de poser mes valises et je ne regrette pas : je n’aurais pas pu rêver mieux ! Maintenant que j’ai un enfant, c’est encore plus magique de le voir grandir ici, bien que je n’oublie pas mes attaches profondes à ma Normandie d’origine !
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Tu as été championne en Nouvelle-Calédonie, championne de France, tu as participé aux Championnats du Monde… Comment en es-tu arrivée à ce niveau ? Comment s’entraîne-t-on pour des défis sportifs de cette envergure ?
J’ai commencé de manière amateur le kite. Puis, je me suis semi-professionnalisée. À l’époque, il était difficile de vivre entièrement du kite. Malgré tout, j’ai participé à des compétitions nationales et internationales. J’ai gagné les Championnats de France deux fois, je suis partie sur le Tour Asia et j’ai remporté le tournoi, j’ai fait plusieurs étapes de Tour du Monde sans jamais avoir la possibilité de le faire en entier… Pour moi, le kite est une grande passion, de l’envie et beaucoup de plaisir.
Les entraînements étaient quotidiens. Quand je n’étais pas sur l’eau, j’étais en salle, en train de faire de la préparation physique générale. Je suivais les entraînements sportifs qu’on m’imposait et qui étaient très intenses. Si c’était à refaire, je ferais différemment. Mes entraînements m’ont bien cassé physiquement. À l’époque, ils m’ont permis d’éviter les blessures « courantes » – les croisés, notamment – mais je sens que j’ai trop tiré sur mes réserves.
Si je recommençais aujourd’hui, j’irais plus souvent sur l’eau, avec des supports différents. Avant, quand il n’y avait pas de vent, c’était obligatoirement la salle pour faire du renforcement musculaire. Pourtant, d’autres pratiques existent comme le paddle, la voile, le surf… Ce sont des sports qui apportent d’autres paramètres majeurs comme l’équilibre, le gainage et qui te permettent de progresser naturellement sur ton sport de prédilection.
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Quels sont tes spots préférés pour aller glisser et pourquoi ?
Mon endroit préféré est au Brésil. Il y a un spot mythique qui s’appelle Cumbucco : les conditions de vent sont incroyables, il y a de grandes lagunes, de grandes vagues… Il y a plein de sites dans le monde que je n’ai pas visité et qui font rêver ! Le Venezuela, par exemple, que je sais assez réputé. En Calédonie, ce qui frappe, c’est la beauté des spots ! Je suis une inconditionnelle du Méridien et j’adore l’île au Maître. C’est tellement beau là-bas, je ne m’en lasse pas !
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Tu as eu un enfant il y a un an, félicitations ! Comment as-tu adapté ta pratique sportive et ta maternité ?
J’ai dû arrêter les activités sportives nautiques pendant ma grossesse puisque j’ai été très malade. Forcément, la situation m’a pesé moralement. À part de l’aquagym, je n’étais plus vraiment en mesure de pratiquer d’autres sports.
Après l’accouchement, moralement ça allait mieux mais, physiquement, c’était toujours compliqué. J’ai allaité jusqu’à neuf mois mon fils donc j’ai eu du mal à retrouver mes marques et la disponibilité de mon corps. La seule fois où je suis retournée sur l’eau pour le kite était pour le magazine TV les « Elles du lagon » produit par NeoMedia et diffusé sur NC La 1ère. Comme nous sommes sur un projet de deuxième enfant, je me vois mal me remettre tout de suite au kite. Niveau sport aujourd’hui, je suis plutôt sur le poussé de balançoire ! Et croyez-moi, ça peut durer longtemps !
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Tu es aussi à l’origine de la création d’une association de kitesurf « pour filles » qui s’appelle « L-Kite ». Pourquoi l’avoir créé ?
Je trouve ça super qu’on m’en parle encore ! Mon association est en sommeil après huit ans d’activité. L’association a été l’occasion de créer une bonne dynamique de copines et de nous permettre de faire plein de choses. Le fait que les gens gardent un bon souvenir de cette association me rend véritablement heureuse. Cependant, la crise requin et la baisse de la pratique féminine du kite rend les choses plus compliquées à relancer aujourd’hui. Je ne suis pas sûre que nous aurions les mêmes retours qu’il y a dix ans… Alors même si j’espère que nous pourrons réveiller cette asso, je ne veux pas faire moins bien !
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En parallèle de cette passion, tu as aussi été juriste spécialisée dans le maritime et tu as obtenu un Master sciences de l’eau il y a deux ans. Peux-tu nous raconter ton parcours professionnel ?
De base, je suis juriste, spécialisée dans le maritime, l’environnement, l’aménagement urbain sur le domaine public maritime. plus tard, je me suis spécialisée en science de l’eau avec un parcours eau-littoral pour devenir ingénieure en eau. De base, je suis davantage spécialisée sur la partie « eau salée ». Cependant, au Gouvernement, je travaille surtout sur les milieux aquatiques et la gestion du domaine public de l’eau, sur les cours d’eau et le domaine public fluvial, des bassins versants jusqu’à la mer.
En parallèle, j’ai créé une startup avant ma grossesse, « CURL« , une application basée sur la prédiction des menstruations. Des applications existent mais je souhaitais développer une approche plus approfondie sur la cyclicité et ses influences dans notre vie de tous les jours. En tant que sportive, je me suis rendu compte que j’étais plus performante à certains moments de mon cycle. C’est cette conscientisation qui m’a donné envie de développer le projet. De là, j’ai compris que les cycles et donc nos hormones avaient une influence énorme sur nos états émotionnels, notre manière de nous alimenter, nos compétences dans le sport, etc , … Ca m’a alors donné l’envie de vulgariser cette connaissance afin que toutes les femmes puissent l’utiliser et apprendre à optimiser sa vie sur tous ces aspects. Avec l’arrivée de mon fils, j’ai mis les choses en suspens. C’est frustrant mais c’est toujours dans un coin de ma tête.
En attendant, nous avons créé un blog de maternité avec deux autres amies : Mamoune.co. C’est une page qui fait la promotion de produits en lien avec la maternité et le petit twist, c’est le côté conseils aux mamans par des mamans – qui ont-elles-même expérimenté ce dont elles parlent ! Nous partageons donc notre retour d’expérience sur l’utilisation des produits, de manière fun et surtout très pratico-pratique. C’est une activité qui correspond à nos vies et nos possibilités du moment. Bientôt le site internet !
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Tu as travaillé pour badger les requins en 2018. Que penses-tu de la situation actuelle ?
J’étais à l’époque super passionnée par ce sujet et par cette problématique locale. Nous avions lancé une étude avec l’IRD sur la biologie et l’écologie des grands requins à l’échelle de la Nouvelle-Calédonie. Nous avions pu ainsi récolter des informations qui étaient inexistantes jusqu’à présent. Les découvertes étaient fascinantes. Certains bouledogues, par exemple, vivent de façon quasi permanente ici, à tel point que quand nous les avions déplacés, ils étaient revenus quelques jours après. Ces informations nous permettaient de commencer à entrevoir des pistes de gestion du risque requin. A mon sens, c’est à cette époque qu’on aurait dû mettre en place des moyens forts en continuant les études en cours et en approfondissant la connaissance.
Aujourd’hui, je suis partagée concernant cette crise. Nous ne sommes plus sur de la prévention mais clairement sur du palliatif, c’est un triste constat. Alors, évidemment, dans ce contexte que je regrette, la pratiquante d’activités nautiques et maman d’un bébé que j’imagine bien mettre à l’eau un jour se sent plus rassurée par les mesures en cours. Pourtant, une autre partie de moi, qui est profondément écolo, est scandalisée par cet état de fait. Notamment quand nous savons que certains de ces animaux se baladent partout dans le monde. Je pense que si certains de nos animaux étaient « prélevés » hors de nos eaux, nous serions les premiers à faire un scandale Ils ont un rôle crucial à jouer dans leur milieu..!
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Et pour finir, un dernier mot pour nos lecteurs – et pour tes fans – ?
Avis aux mamans pour venir-nous rencontrer sur « Mamoune.co » sur Facebook et Instagram et pour les autres, à bientôt sur l’eau !
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