Épisode #3 – Bottsand, le dévoreur d’hydrocarbure
Barque, plate, cargo, gabare, vedette, péniche, nef, chaloupe, yacht, escobarderie… Autant de synonymes pour décrire un moyen de transport bien connu des Calédoniens : le bateau. Quelle que soit leur forme, leur taille, leur mode de navigation, on dit que chaque embarcation possède une âme. Dans cette série d’articles, nous vous présenterons les concepts et navires les plus originaux du monde, à mi-chemin entre féérie, innovation et folie humaine : chez lecteurs, bienvenue dans notre série « Maman, les p’tits bateaux qui vont sur l’eau… » !
Pour ce troisième épisode, nous laissons de côté les yachts de luxe ou les optimistes démontables pour nous attaquer à un bateau qui se fend en deux pour dépolluer nos océans. Il en existe deux spécimens sur la planète. Leur nom ? Le Bottsand 1643 et son frère jumeau l’Eversand 1644. Leur mission ? Nettoyer nos mers des substances « huilées », grâce à leur physionomie carrément surprenante !
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Bateau-charnière gourmand en huiles polluantes
Dans la famille des bateaux « hors-normes », nous appelons celui qui se sépare en deux ! Et ils sont au nombre de deux : le Bottsand et l’Eversand. Longs de 46 et 49 mètres chacun, ils ne sont plus tout jeunes puisqu’ils ont été construits au début des années 1980. Aussi nommés bateaux-charnières, ils ont la particularité d’avoir une coque qui se divise en deux, s’ouvrant jusqu’à 65 degrés ! Vous voilà avec deux coques pour le prix d’une ! Mais alors, pourquoi qu’ils s’ouvrent les bateaux ?
Ces Transformers de la mer ont été construits par la Marine allemande. Ils ont le profil d’un navire militaire mais ils n’ont pas pour objectif de guerroyer ! Non ; leur but à eux est de nettoyer les mers des hydrocarbures qui pourraient s’y trouver. Grâce à l’ouverture de leur coque à 65 degrés, les bateaux vont canaliser les substances liquides polluantes qui se trouveraient à la surface de la mer. Ensuite, un système de pompes internes se met en branle pour séparer eau et huiles et ainsi filtrer les hydrocarbures. Ces derniers vont aller remplir les 790 mètres cubes des réservoirs de ces mastodontes allemands et laisser des eaux propres !
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Les marées noires n’ont qu’à bien se contenir !
Ces ogres amateurs de marée noire peuvent donc nettoyer jusqu’à 140 mètres cubes de surface océanique polluée par une nappe de pétrole de deux millimètres d’épaisseur par heure. L’équivalent en surface de sept hectares de terrain ! Pourtant, si cet aspirateur de pollution semble particulièrement efficace en cas de « fuite », une contrainte s’impose à lui : ses systèmes ne lui permettent pas d’aller à plus de dix nœuds, soit 18,52 kilomètres par heure. Un vrai frein pour envisager une mission de sauvetage expresse après une catastrophe dans des eaux éloignées ! Ainsi, ces deux bâtiments naviguent et se concentrent dans les eaux de la Mer Baltique, notamment pour nettoyer les dégâts d’un trafic maritime extrêmement régulier dans cette zone.
Car ces deux bateaux ont été conceptualisés pour un fléau qui existe bel et bien : la pollution des mers par diverses substances. On estime à six millions de tonnes par an la quantité d’hydrocarbures introduite dans les océans par l’activité humaine. De plus, des catastrophes peuvent arriver quand des porte-conteneurs remplis s’échouent sur un lagon. Cela peut concerner aussi les épaves qui jonchent nos fonds sous-marins et qui pourraient d’un jour à l’autre laisser échapper des tonnes de pétrole… Des solutions existent pour dépolluer nos océans, et le Bottsand et l’Eversand en sont la preuve. Et s’ils ne se plient pas en quatre pour vous aider, ils ont le mérite de tout de même se fendre en deux !
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