Oh qu’ils sont beaux ces longs week-ends de mai, ce mois « gruyère » où les ponts de jours fériés permettent de voguer sur les ponts des bateaux ! De notre côté, la rédac’ s’est embarquée sur le Nautilus 360 à destination de Lifou pour une navigation en direction de la Baie de Santal. Au programme : plongées, PMT, randonnées, déjeuners et visites pédagogiques. Immersion au sein du projet « Immersion 360 »

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En immersion Nautilus dans la Baie de Drueulu

Bastien Preuss cherchait quelques sponsors pour s’évader vers Lifou pendant quelques jours afin de partir à la rencontre des jeunes rassemblés par les associations Lyto Fishing et Trois amis Fenanu. Alors, une joyeuse troupe de marins d’eau douce, dont notre fondateur faisait partie, s’est embarquée à bord du plus grand catamaran à voiles de Nouvelle-Calédonie pour quelques dizaines de miles sur le lagon. Ainsi, mercredi 30 mai au soir, tout le monde à bord et, après un rapide brief de l’armateur-pédagogue, le cata s’élança vers 19h30 sur une mer d’huile. Au lendemain, le jeudi 1er mai, vers 15h, la Baie de Drueulu dévoilait ses belles plages et son lagon azur parsemé de pépites de lumière éjectées d’un soleil éblouissant. 

A peine le temps de sauter dans l’annexe que les locaux nous accueillirent sourire aux lèvres en nous souhaitant la bienvenue et en nous exhortant à enfiler nos masques pour un petit PMT au coucher de soleil. Réserve à gauche, réserve à droite, perroquets à bosse au milieu. Lendemain matin, vendredi, 7h30 et tout l’équipage est déjà sur le pont pour débarquer à la rencontre officielle. Après une humble et respectueuse coutume, maîtres qualificatifs du séjour, nous voilà au contact des enfants impatients de se rendre à bord pour visiter le Nautilus et en apprendre plus sur les métiers de la mer ; la visite, orchestrée par le Doc Preuss, maître ès biologie marine, conquit aussi bien les cœurs que les esprits de la marmaille fort heureuse de se retrouver dans ce Disneyland flottant… 

« La ressource marine est très importante pour nous qui sommes des gens des îlesEt pouvoir sensibiliser les enfants et informer la population l’est tout autant pour qu’on soit efficace et agisse en coordination, dans la baie de Santal en tout cas. » – Théo Ijezie, secrétaire de l’association Trois amis Fenanu

Pendant ce temps, nouzôt’, à dos de pickup, puis à la force des mollets, nous rendîmes au trou bleu de la tribu, accompagnés par le fidèle Ernest ; quelques enjambées dans la forêt humide, un plouf dans une baie où eau douce et eau salée se tutoient et quelques brasses dans le « trou bleu » plus tard, nous voici de retour dans la baie pour baigner à la mer et déguster les délicieux mets préparés par les cheffes de la tribu. Bénitier, loche et tarots au menu, petite « boîte » pour s’hydrater et « pourlèchage » de babines en fin de repas. Toubon sous le soleil de Lifou ! L’après-midi permit à certains d’aller plonger sur des sites à rascasses merlet, à d’autres de « buller » dans les filets et à une poignée de mettre un petit coup de pêche sous l’œil de carangues intrépides.

 

Après cette journée bien remplie d’échanges, de rencontres, de partages et de palabres, quoi de mieux qu’un dîner inattendu à bord pour remercier nos hôtes du week-end ? L’équipage aux manettes culinaires, l’improvisation en guise de menu et nous voici en compagnie de Théo, Ernest, Glawdys, Pierre, Monique, Paul, Ludo… et toute la bande pour grignoter le vivaneau, le thon fumé, le gouda aux épices et siroter quelques citronnades. Ça cause cricket avec ces dames, ça papote pêche et chasse avec ces messieurs et ça regarde le JT de NC La 1ère pour découvrir le sujet dédié à notre petite escapade drehu. Qu’on se le dise, le « vivre-ensemble » n’est pas mort et ces instants de camaraderie en témoignent parfaitement !

« Le projet « Immersion 360° permet de sensibiliser les jeunes à la préservation de la biodiversité et aux richesses des lagons calédoniens. Cette expédition, c’était l’occasion à la fois de leur faire visiter le Nautilus mais aussi, pour des passagers, de découvrir Lifou sous un autre angle, dans le partage et l’échange avec les tribus locales. » – Bastien Preuss, armateur du Nautilus et docteur en biologie marine

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On barre à Lifou Nature !

Encore une grasse matinée foirée ! Réveillés par les moteurs à 4h du matin, le Nautilus s’évade maintenant vers les abords de Xepenehe pour une belotte et rebelotte avec la team associative. Une quarantaine d’enfants attendent sur le rivage qu’on les transporte à bord. Sages comme des images en ce samedi matin – un peu difficile pour certains… -, ils suivent la même session Preussienne et s’émerveillent ensemble de la taille du bateau et des casques de réalité virtuelle mis à leur disposition. De notre côté, c’est avec Lino – « sans le Ventura« , comme il le précise – que nous partons en « rando » Lifou Nature pour découvrir les forêts primaires et un PMT au tombant d’un jardin de corail à en faire pâlir les loches saumonées. D’autres font une double plongée Lagoon Safaris après un petit coup de fil à Ludo et s’émerveillent des champs de gorgones de l’Arche et de la multitude de couleurs visibles dans l’eau cristalline. 

« C’était une belle expérience ! Découvrir les fonds marins de Lifou aussi bien que les forêts primaires où les espèces endémiques se côtoient, tout en partageant des moments forts avec les locaux, c’est une bonne manière de (re)découvrir la Nouvelle-Calédonie ! – Guillaume Terrien, sponsor et équipier de bord

Alors que les enfants regagnent le rivage, le Nautilus retrouve ses marins d’eau douce pour un déjeuner-salade pendant que certains membres de ce drôle d’équipage s’enjaillent sur un bougna roussette en tribu en compagnie de Bastien. Âmes sensibles… tentez le coup : quand c’est bien préparé, la vérité, c’est excellent ! L’après-midi se passe soit à bord, à taper le carton et à vanner le voisin, soit en balade au Centre Nautique ou la vanilleraie pour acquérir la précieuse gousse de Lifou, mondialement (re)onnue. En ce samedi, la météo n’est pourtant plus aussi clémente et le Capitaine Adrien décide de lever les voiles le plus tôt possible pour rentrer à Nouméa. Nous n’aurons pourtant pas le temps de mettre un petit coup de traîne car c’est bien le départ qui traîne… mais qu’importe (ou presque), le Nautilus sort les voiles et démarre sa navigation retour

On pourrait vous raconter comment chacun d’entre nous (ou presque) a rendu triples boyaux en sortant de la baie abritée, « légèrement balancés » par des pointes à 30 nœuds et un vent de face qui ont compliqué la navigation retour. On pourrait aussi vous raconter une nuit agitée, passée vivants mais tout blancs, luttant contre les éléments et repeignant la coque du bateau. On pourrait vous conter le lever du jour aux environs de Thio, le passage tout gris du cap N’dua et la traversée du Canal Woodin ou encore la pêche au tazar suicidaire et à la bonite excitée mais on préfèrera sans doute terminer cette expérience par l’arrivée au Port Moselle, aux alentours de 18h, après presque 24h de traversée. Rincés mais ravis d’avoir vécu ces moments hors du temps… 

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Cultures partagées. Expérience approuvée !

Comment conclure ces quatre journées sans mentionner la « Santal Cup », une régate en pirogue qui se tiendra le 11 novembre prochain en compagnie des piroguiers de Lifou et de leurs semblables des îles voisines du Pacifique ? Alors que nous débutions notre balade forestière, Lino avait fait un crochet par son chantier maritime où une pirogue en pin colonnaire était en train d’être travaillée. Prochaine étape pour notre troupe de marins d’eau douce ? 

Quoi qu’il en soit de ces futures aventures que nous vous recommandons chaudement, ce séjour à Lifou, bien que parfois chaotique dans son organisation et son déroulé, a permis de se faire quelques souvenirs « pour la vie », comme on dit. 

Et si nous ne devions en retenir qu’une chose, ce serait sans doute ces moments humains, entre nous, équipage d’infortune aux accents roumains, et avec ces tribus qui, loin de l’image qu’on peut faussement s’en faire, se bougent pour dessiner un futur où jeunes et moins jeunes, « zor », « calédoniens » et « kanaks », apprennent les uns des autres et s’enrichissent au contact de leur culture respective. Oléti, tata et… « à demain Ernest » ! 

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