Épisode #3 – En mode “inside” pour la régate « Kunie Sailing Week » 

Plongée, trail, cata, apnée, kite, pêche aux gros, parachute, randonnées… La Nouvelle-Calédonie est un trésor pour les amoureux de la nature. Une nature resplendissante et unique au monde que l’on peut approcher grâce aux savoir-faire de multiples prestataires engagés qui nous font découvrir leurs passions. Dans cette série d’articles, la rédac’ mène l’enquête et part à la découverte des activités les plus folles du Caillou. On vous raconte…

Après avoir passé la tête sous l’eau avec Blue Caledonia Diving, puis être partis dans les airs du lagon de Poé, nous avons souhaité tester une expérience à la surface de l’eau… Et pour ce faire, quoi de mieux qu’une petite « régate des familles » entre Nouméa et l’Île-des-Pins ? Embarqués sur un navire participant, nous sommes partis à la découverte d’une épopée maritime. Âmes sensibles, ne pas s’abstenir…  

__

Kunie Sailing Week, 2ème édition 

« Salut Valérie, on aimerait bien venir couvrir la régate KSW mais on est des marins d’eau douce : t’aurais pas une solution ? ».

La rédac’ de NeOcean, squatteur de bateaux…

Valérie, c’est Valérie Blondin, la responsable “événementiel et communication” du Cercle Nautique Calédonien, l’organisateur de cette jeune régate. Des pieds, des mains, du mail et des coups de fil et nous voilà embarqués sur le FARR 10.20 de Christophe et Edith, un destrier marin nommé « Axians Untouchable ». Quatre personnes à bord pour manœuvrer ce navire « moitié plaisance-moitié régate » comme nous le présente sympathiquement notre skipper. Le départ est programmé pour 15h, mercredi 12 avril face à la célèbre et actuellement déserte « Baie des Citrons ». Pour cette course, les « sharks », c’est nous ! 

Coup de corne de brume (ou quelque chose comme ça) donné par le CNC et paf, nous voilà déjà en train de faire la nique à « BCI Brer Fox » au coude à coude avec les autres embarcations. La bonne nouvelle, c’est que le soleil est au RDV. La mauvaise, c’est que y’a… pétole ! Ca tire des bords face à Coin Coin, ça « enroule » la bouée verte et ça glisse sur l’eau face à un Mont Dore enrobé de nuages. Pendant les (rares) temps morts de navigation, on prend le temps de se rappeler à quel point on est veinards de vivre en Calédo : la nature est enivrante de beauté et le voilier, ses silences et son roulis, sont de parfaits outils de communion. 

__

Dans l’enfer de Woodin

Bon, c’est bien gentil ces aiguillettes qui jumpent et ces nuages aux formes enfantines qui peignent le sunset mais ce qui compte, c’est la gagne ! Écouter le marin, c’est comme écouter le mandarin : les néophytes n’y comprennent rien ! Ca demande de « choquer » par ici, ça prend les « addo » par là, ça sort l’« asi » pour ce bord et ça gonfle le « spi » pour le prochain. Bref, au milieu de ce tumulte de termes technico-tactiques que Didier Deschamps n’aurait pas renié, le voilier « fonce » vers le Canal Woodin, découvert par les aïeux en 1847 – oui, on aime bien l’Histoire ! Partis à trois intervalles horaires d’écart – 15h, 16h, 17h – en fonction de leur taille, caractéristiques et autres calculs complexes, les navires entrent en pleine nuit, tour à tour, dans le gouffre qui sépare l’Île Ouen de la Grande Terre. Ici, pas de lune et pas… de vent ! Moteur interdit, on se rend rapidement compte qu’on pourrait bien y passer la nuit, tankés sous ces monts obscurs… 

De là, les tentatives se succèdent. Christophe tente environ 1267 spis différents, abat, relance et on finit par tirer moults bords de 37 centimètres. Une impression domine parfois : celle de reculer. Lorsqu’on apprend que ce n’est pas qu’une impression mais que le courant de la marée nous fait, effectivement, “avancer en arrière“, le moral commence à chuter. La première « ligne d’arrivée » est à deux cents mètres et, franchement, on irait plus vite en trottinette électrique ou même à la nage mais les poissons qui sautent çà et là nous rappellent volontiers qu’il n’est pas l’heure de « baigner ». Bref, régater sans vent, ça s’appelle stagner dans une mare d’huile. Heureusement, l’ambiance à bord est à la pédagogie et le moral se regonfle au cocktail Tusker / croques monsieur.

Kunie
1267 manoeuvres plus tard… © NeOcean

Six heures plus tard (!), on a franchi la fameuse ligne fictive derrière Poulpito et Blue et on sort (enfin) du canal. Il est 2h43 du matin, les feux de navigation verts, rouges et blancs en haut des mâts inspirent une forme de désespoir qui rappelle fort les petits bassins stagnants où, gamins, on lançait des navires en bois. Le quart est pris et c’est à notre tour d’aller rejoindre Morphée pour quelques courtes heures à se baver dessus de fatigue. Puisqu’on vous dit que la navigation est vocation de passionnés ! 

__

La nature donne et reprend… 

Pendant ces heures de sommeil, la VHF berce nos rêves avec des histoires de baleine… quand, soudain, le vrombissement du moteur éclate. Réveil brutal qui signifie que le comité d’organisation a choisi d’arrêter cette première partie de la course : faudrait pas non plus rater la coutume d’accueil des Kunie demain matin, sur les coups de 11h. 

Les cinq nœuds affichés sur le compteur font presque plaisir à voir après tant de pétole. Café, clope… banane et le bateau glisse vers l’Île-des-Pins qui est apparue à l’horizon. Alors qu’on entraperçoit au loin la Baie de Kuto, notre destination finale, deux rorquals viennent nous faire un coucou, secondés par leurs lieutenants dauphins. La nature donne et reprend… Cette fois, elle a d’abord repris son vent pour nous offrir sa faune marine. Et dans ce cadre magnifique, on se sent soudain comme les petits personnages à bord des navires de notre enfance qu’on lançait sur les bassins…  

Suite au prochain épisode… 

Résultats de la régate aller ici