Certains d’entre vous l’ont déjà aperçu du côté de l’Anse-Vata, près du célèbre camion orange « Aloha Windsurfing ». NeOcean a rencontré Jérôme Guiraud, moniteur de voile et windsurfeur passionné jusqu’au bout des bouclettes blondes. Casquette sur la tête, lunettes de soleil et crème solaire en place, Jéjé – pour les intimes – c’est la dose de « good vibes » côté plage.
Le lagon, Jérôme est tombé dedans – littéralement- quand il était tout petit. 33 ans plus tard, entre Nouméa et Bourail, sa passion est restée la même, il en a même fait son métier, avant que quelques grosses vagues ne viennent taper dans le bateau d’Aloha Windsurfing ces derniers mois. Confidences avec cet amoureux de l’océan.
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Aloha Jérôme et bienvenue sur NeOcean ! On t’a souvent aperçu sur l’Anse-Vata, dans la camionnette orange. Tu es co-gérant de Aloha Windsurfing, qui loue du matériel et propose des cours ! Paddle, planche, wing… comment est née Aloha et où en est l’entreprise aujourd’hui ?
Ça a démarré d’une amitié entre mon ami Mathieu et moi. Vu qu’il était tout seul et qu’il avait besoin d’un camarade pour l’épauler dans son projet, il a pensé à moi. On est amis depuis le collège. Le jour où on s’est dit qu’on allait travailler ensemble, c’était à la fin d’un été. On était posés au coucher du soleil, devant les kitesurfeurs, sur la plage du Méridien. On souhaitait discuter de la suite d’Aloha. On avait fait un bel été et je ne sais plus lequel de nous deux a lancé : « Ça te dirait qu’on se lance ensemble ? » Aujourd’hui, on a douze ans d’activité derrière nous. L’aventure Aloha a démarré le 10 décembre 2010.
Tout a été un peu freiné entre la crise Covid, puis les alertes aux requins et pour finir les travaux de l’Anse-Vata. Pour la suite, on verra par rapport aux différents arrêtés et on attend que les travaux soient finis pour voir la nouvelle mise en place de la plage, notre emplacement prévu etc. Il faut aussi voir si la dynamique reprend. Quand les beaux jours seront revenus et que tout ira mieux, on verra bien comment le vent tourne. Si on n’est plus centre de location, on avait pensé à réaménager. Quoi qu’il arrive, on aura réfléchi à un plan B ou un plan C.
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Tous les évènements liés aux requins à Nouméa ont-ils changé ta vision du lagon ?
Je pense que je vis comme beaucoup de Calédoniens, dans l’interrogation. C’est tout nouveau comme problématique. En douze ans d’activité, on a été sujet à la météo, au Covid mais vu que les requins c’est tout neuf, j’ai peu de recul pour tirer des conclusions.
La première règle avec la mer c’est de rester humble. Si pendant un ou deux jours il a plu très fort, le lendemain je ne vais pas me presser pour aller à l’eau. Avant, on ne pensait pas à ça ; tout comme naviguer au coucher du soleil. Maintenant on essaie de faire attention. Le risque zéro n’existe plus. Quand il y a eu l’attaque de requin sur la plage du Château Royal, en janvier, je travaillais ce jour-là et ça atteint psychologiquement. J’ai évacué toute la plage de l’Anse-Vata, je n’ai pas attendu que les secours arrivent. Aujourd’hui, quand je sors, je fais plus attention.
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Comment est née cette passion pour la mer et les sports de glisse ?
Mon père a toujours eu un bateau et on possédait une maison secondaire à Bourail. Il m’apprenait les valeurs de la mer, la sécurité en mer etc. J’apprenais à connaître les balises, la météo et après j’ai fait ma propre expérience tout seul. La mer c’est un domaine d’expérience. J’ai commencé par l’optimiste, puis j’ai fait du Hobie Cat. Par la suite, c’est Maël, un de mes meilleurs potes, qui m’a embarqué dans la planche à voile. Je devais avoir 14 ans, la première fois que je suis monté pour la première fois sur une planche et je me disais : « Pourvu que ça glisse ! »
J’ai toujours fait de la planche pour de la rigolade, j’aime cette sensation de liberté quand je vais sur l’eau. Je glisse dans la baie et c’est mon moment d’évasion à moi. On a un cadre tellement riche et diversifié qu’il faut en prendre soin dès aujourd’hui, si on veut laisser des choses à nos enfants. On apprenait aussi tout ça aux enfants avec Aloha. Il y a toute une pédagogie de la mer, ça me tient à cœur et ça a de la valeur pour moi.
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