Avez-vous déjà entendu parler de ces anges gardiens ? Depuis plus de quatre ans, une quinzaine de bénévoles, réunis sous l’association Gardiens des îles, parcourent les îlots au large de la commune de Païta. Des jeunes, amoureux de leurs bandes de sables où ils ont passé leur enfance. Entre nettoyage, reboisement et sensibilisation, focus sur cette association qui se rêve à un meilleur équilibre entre plaisir et protection de la nature

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Gardiens du confort et de la nature

En Province Sud, les îlots sont nombreux et leur réputation n’est plus à faire. Que l’on parle de Signal, Larégnère ou l’îlot Maître, tout le monde les connaît. Mais il n’y a pas que le lagon de Nouméa qui renferme des trésors. Au large de Païta, plusieurs îlots sont très prisés des Calédoniens et c’est là que l’association Gardien des îles agit. L’idée de cette asso’ est partie d’un constat entre Malik Oedin, en charge de la faune sauvage à la Province Nord et des amis, en 2018 : les îlots ne sont plus ce qu’ils étaient.

Les anges-gardiens © Gardiens des îles

Les bénévoles ont jeté leur dévolu sur l’île Ange et l’île Ronde, en baie de Naïa. Bien que très fréquentés par les habitants de Païta, Dumbéa et Nouméa, elles ne sont pas vraiment aménagées. Pas de poteaux pour y installer sa bâche, de farés ou de toilettes sèches, seulement le sable et la végétation, laissées à la portée de tous. “Depuis petit, je suis en mer et en regardant un peu les gens et leurs mauvais comportement, l’érosion, comment l’îlot se dégrade… je me dis que c’est bien de mener des choses pour ralentir tout ça” indique Yvérick Bouteiller, vice-président de l’association. Sur le terrain, c’est lui qui mène les opérations.

Fort de ce constat, ces anges-gardiens calédoniens ont décidé de mener plusieurs actions : reboisement, nettoyage, inventaire des espèces et sensibilisation auprès des usagers du lagon. “On a bien vu que ça avait changé avec les années. La fréquentation a changé et les gens ne respectent pas trop” raconte Yvérick. Alors si les bénévoles veulent retrouver leurs îlots d’autrefois, il va falloir se mettre au travail. L’association travaille avec la mairie de Païta et le bureau d’études Littoralys avec le soutien de l’Office français de la biodiversité pour concilier usages et préservation de la biodiversité sur les îlots du lagon. 

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Dépollution et reboisement 

Les actions les plus souvent menées ont été celles qui ont permis de rendre les îlots plus propres. A grand coup de sacs poubelles et d’huile de coude, les bénévoles ont ramassé plusieurs fois des centaines de kilos de déchets, laissés par les plaisanciers, qui selon Yvérick, respectent peu les lieux. “Il y a un manque de respect par rapport à l’environnement. Ils n’hésitent à couper des arbres, ils ne regardent pas s’il y a des nids quand ils mettent leurs tentes et ils laissent leurs déchets.”


C’en est trop pour les gardiens, qui aimeraient aménager des panneaux sur ces îlots, pour informer les Calédoniens sur les devoirs qu’ils ont envers la nature, notamment en matière de pollution mais aussi de biodiversité. Ce mois-ci, ils mèneront une action auprès des usagers. “On a prévu un vrai questionnaire pour aller interroger les gens et aussi compter les bateaux. On aimerait connaître leurs habitudes, à quelle fréquence ils viennent, s’ils remarquent certains changements, s’ils connaissent les règles etc.”

L’association travaille conjointement avec la mairie de Païta et la Province Sud pour mener ses actions, mais le travail est difficile. Tout dépend beaucoup des conditions météos pour se rendre sur les îlots, et des bateaux à disposition ; chaque fois, les bénévoles utilisent leurs propres embarcations

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Gare aux envahisseurs

Gardiens
Qui s’y frotte, s’y pique ! © Gardiens des îles

Sur terre comme en mer, il y a des actions à mener. Des récifs bordent les plages et l’an dernier, les membres ont compté les étoiles de mer Acancasther. Ces dernières dévorent le corail. Alors équipés de leurs PMT, les bénévoles ont plongé pour faire l’inventaire. Côté terre, on a aussi affaire à des espèces invasives. Certaines, comme les Figuiers de barbarie, des cactus très résistants, ont pris beaucoup d’ampleur. “C’est très délicat à traiter, car si on casse un morceau, ça repousse” indique Yvérick. Les espèces envahissantes prennent tellement de place, qu’elles empêchent certains oiseaux marins de faire leurs nids, comme les pétrels.

Autant de paramètres qui contribuent à dégrader les îlots, sans compter l’érosion et la montée des eaux. Alors l’association réalise, dès qu’elle le peut, des actions de reboisement. “L’idée de cette association c’est d’être un organisme opérationnel auquel la mairie de Païta ou la Province peut faire appel pour mettre en place des actions sur ces îlots” explique Malik Oedin. Si vous avez prévu de larguer les amarres le 16 décembre prochain direction l’île Ange, vous risquez de croiser la route des bénévoles de l’association. Ils seront présents pour discuter avec vous de la préservation de l’environnement.

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