Cette semaine, la planète bleue a rendez-vous à Nice. Du 9 au 13 juin, la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 3) rassemble les États, les scientifiques, les ONG et les territoires ultramarins autour d’un enjeu commun, celui de l’avenir des mers et des ressources marines.
Parmi les participants, la Nouvelle-Calédonie compte bien faire entendre sa voix. Forte d’une politique environnementale ambitieuse et d’un parc marin de référence, elle vient partager ses avancées mais aussi ses réflexions face aux défis d’une protection durable et partagée des océans. L’occasion également pour la French Tech Nouvelle-Calédonie, en collaboration avec le Cluster Maritime de Polynésie française, d’organiser une conférence à La Baleine sur les économies bleues des territoires, la présentation de la « Cartographie BlueTech » portée par l’association et une session de pitch d’entreteneurs calédoniens, polynésiens et régionaux.

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Un lagon qui montre l’exemple
Tous les regards sont tournés vers Nice. Sur scène, les grands acteurs du monde maritime, venus partager leurs avancées pour mieux protéger les mers du globe. Et la Nouvelle-Calédonie ne pouvait pas rater cette occasion ! Il faut dire que notre archipel a de solides arguments à faire valoir. Avec le Parc naturel de la mer de Corail (1,3 million de km²), la Nouvelle-Calédonie s’est imposée comme un véritable laboratoire grandeur nature de la conservation marine. Début 2024, de nouvelles zones ont été classées en réserve intégrale ou naturelle, faisant passer à 10 % la surface maritime placée sous protection renforcée. Cette décision permet aujourd’hui de suivre de près certaines espèces clés du lagon.

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L’UNOC « Made in Calédonie »…
En 2025, la Nouvelle-Calédonie a franchi une nouvelle étape avec le vote d’un moratoire de cinquante ans interdisant toute exploitation des fonds marins. Une mesure forte, qui vise à prendre le temps de mieux connaître ces écosystèmes encore méconnus avant d’envisager quoi que ce soit. Mieux vaut prévenir que creuser.
Autre nouveauté, un comité consultatif renouvelé pilote désormais la gestion du parc. Ce collectif rassemble scientifiques, pêcheurs, coutumiers, associations, ONG et professionnels du tourisme. L’objectif étant de trouver le bon chemin entre préservation, usages durables et développement raisonné.
Côté finances, la Nouvelle-Calédonie se dote aussi de nouveaux outils. Le Fonds de conservation de la mer de Corail permettra de capter plus facilement les soutiens financiers extérieurs, pour continuer à faire vivre des projets de terrain tout en valorisant l’attractivité écologique du territoire.

En sus de cette vision politique, c’est une association calédonienne de la « Tech », la French Tech Nouvelle-Calédonie, qui a pris les choses en main ; Guillaume Terrien, VP de la FTNC et Lionel Loubersac, co-fondateur du CMNC et membre du board de la FTNC, se sont ainsi rapprochés de leurs voisins polynésiens en la personne de Muriel Pontarollo et de Stéphane Renard et du Cluster maritime de PF, pour organiser une conférence « Océan d’innovation, territoires de solutions » en présence d’interlocuteurs experts de l’économie bleue, de la BlueTech, d’entrepreneurs et du Dr Stuart Minchin, Directeur général de la CPS.
Cette conférence était organisée en trois temps forts ; tout d’abord, une présentation par Stéphane Pérez, le Président du CMPF, sur l’économie bleue de la Polynésie bientôt suivie de celle de Lionel Loubersac qui a profité de sa prise de parole pour annoncer le lancement d’une « Cartographie des projets innovants BlueTech » calédoniens qui a pour vocation d’être étendue à la région. Tea Frogier est ensuite venue a son tour présenter la Stratégie Pays de l’Innovation pour le compte de la Polynésie française.
Et puis ce fut au tour du Dr Stuart Minchin, DG de la Communauté du Pacifique, de présenter les activités technologiques régionales de son organisation et de s’attarder sur le formidable outil Digital Earth Pacific, une plateforme « data-centric » à la disposition des gouvernances. Les entrepreneurs ont pu ensuite pitcher leur solution innovante : Céline Pousse pour AEL / LEA et son robot Thoë et David Wary de la SAS Airaro.


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Penser plus profond que la surface
En marge de cette conférence internationale, une voix s’élève depuis Nouméa pour élargir le champ de vision. Dans une chronique, la journaliste Aude-Émilie Dorion signe un texte engagé et documenté à propos de la situation du Pacifique Sud, intitulé « Réchauffement climatique : folie des hommes vs montée des eaux ».
Dans ce texte, elle revient notamment sur les tensions croissantes autour de l’exploitation des ressources minérales en eaux profondes. Les fonds marins du Pacifique sont devenus des zones de convoitise majeures dans la course mondiale à la transition énergétique. Mais cette ruée vers les abysses pose une série de questions cruciales, connaît-on vraiment les impacts environnementaux ? Quel avenir pour les écosystèmes profonds ? Et à qui profitent ces ambitions ?

Elle pointe aussi les dilemmes que rencontrent les États et territoires insulaires, entre financements internationaux, pêche hauturière, Parc naturel de la mer de Corail, etc. Sans accuser ni dénoncer, la chronique ouvre un champ de réflexion sur les nouveaux équilibres à trouver entre écologie, économie, autonomie locale et dynamiques mondiales. Elle rappelle surtout que dans cette histoire, les territoires insulaires ne sont pas seulement des lignes sur une carte, ce sont des lieux de vie, de culture et de résilience, en première ligne face aux dérèglements climatiques.
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Une mer à défendre
L’UNOC 3 est l’occasion pour la Nouvelle-Calédonie de réaffirmer son engagement en faveur des océans. Grâce à une gouvernance partagée, des choix forts en matière de protection et une volonté d’innovation, le territoire montre qu’il est possible de conjuguer action locale et vision globale.
Entre conservation, concertation et réflexion, la Calédonie trace sa route et elle compte bien ne pas perdre le nord !
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