Épisode 7 – La méduse immortelle ou la quête de la jeunesse éternelle
Dans l’univers terrestre des super-héros, Spiderman tisse des toiles, Superman vole et Flash est plus rapide que l’éclair. Mais les océans abritent, eux aussi, une ligue secrète de super-animaux marins, chacun doté de pouvoirs plus étonnants les uns que les autres. Rejoignez les rangs de la Ligue marine extraordinaire, où la pieuvre défie les lois de la physique, le poisson-lune joue de la bioluminescence et où les étoiles de mer se régénèrent sans fin…
Après avoir tremblé devant une méchante métamorphe et s’être entraîné tel un Jedi en devenir avec le nautile, nous allons effleurer un rêve poursuivi depuis des millénaires : l’immortalité. Si vous pensez que cette capacité était réservée à un certain Docteur tout droit venu de Gallifrey, c’est que vous ne connaissez pas encore tous les secrets cachés dans les profondeurs des océans. Passez les portes du TARDIS et partez à la rencontre d’une méduse à la jeunesse éternelle.

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Ne jamais se fier aux apparences
L’immortalité, un terme qui en laissent certains songeurs et qui en terrifie d’autres. Et si sur terre nous en sommes encore à des expérimentations de cryogénisation, dans les océans ce n’est pas une, mais deux espèces de méduses immortelles qui vivent dans les abysses.
Découverte en 1857, la Turritopsis nutricula peuple à l’origine la mer des Caraïbes, en 1988, une autre espèce, la Turritopsis dohrnii fut repérée dans les eaux de la Méditerranée et du Japon. Capables de s’adapter facilement à n’importe quel type d’environnement, elles ont peu à peu investi la plupart de nos océans se nourrissant principalement de planctons, de mollusques, de larves et d’œufs de poisson.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces petites bêtes ne payent pas de mine. Mesurant entre quatre et cinq millimètres de diamètre pour l’une et un centimètre de diamètre pour l’autre, nos deux compères sont toutes deux vêtues d’une robe transparente et d’un estomac rouge vif. Elles peuvent avoir entre huit et quatre-vingt-dix tentacules, pouvant compter jusqu’à une centaine de filaments, en fonction de l’espèce, de leur âge et de leur lieu d’habitation.
De primes abords, nous pourrions donc nous dire que cet animal n’a rien de grandiose, mais pourtant, tel un Seigneur du Temps sa capacité extraordinaire ne réside pas dans son physique, mais plutôt dans sa biologie…

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“Jusqu’à l’infini (infinity)”
Si pour nous, simples mortels, la vie est un concept linéaire, ces méduses, avec leur capacité de transdifférenciation tordent les lignes du temps pour renaître de leurs cendres.
Ce processus débute lorsque la méduse adulte est sujette à des conditions de stress environnementales, de blessures ou simplement de vieillissement. Plutôt que de se laisser aller à son dernier souffle, elle réagit en se transformant. Se met alors à l’œuvre un processus de transdifférenciation, où les cellules de son corps se reprogramment pour redevenir des cellules-souches qui se réorganisent ensuite en un polype, le stade juvénile de son cycle de vie. Ce polype peut alors se développer à nouveau en une méduse adulte, permettant à l’organisme de boucler son cycle de vie de manière répétée. Cependant, comme chaque héros, elle n’est pas infaillible et ses ennemis jurés comme les maladies ou les prédateurs, peuvent stopper brutalement ce cycle sans fin.
Ce don particulier à de quoi intriguer et laisser songeur… De nombreux scientifiques étudient cette capacité biologique impressionnante qui pourrait fournir des informations sur des maladies liées à l’âge, comme le cancer et la neurodégénérescence. Pour autant, cette méduse intrigue autant qu’elle inquiète. Telle une armée silencieuse, les chercheurs ont constaté que ces espèces prolifèrent de plus en plus dans les eaux du globe grâce (ou à cause), de leur capacité, du réchauffement climatique et des activités humaines.

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La quête d’une vie pour la méduse
L’énigme de l’immortalité a toujours fasciné l’humanité, que ce soit à travers la science ou la fiction. À l’instar du Docteur de Gallifrey, la méduse immortelle nous invite à reconsidérer les frontières de la biologie et de notre propre destinée. Qu’il soit vu à travers le prisme des océans ou des étoiles, ce graal reste une source inépuisable de fascination nourrissant notre quête sur les mystères de la vie éternelle.
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