Comme le dit l’expression de La Fontaine : « un « Pluquin » vaut mieux que deux tu l’auras ; l’un est sûr et l’autre ne l’est pas » ! Et de l’assurance, Jérémy Pluquin n’en manque pas ! À 24 ans, il a déjà eu plusieurs activités professionnelles et sa nouvelle aventure, se nomme l’hydrofoiler Manta5. Nous vous parlions de cette monture marine à pédales et moteur électrique la semaine dernière. À essayer très prochainement sur l’Anse Vata, vous pouvez déjà réserver une initiation avec Jérémy sur son site Jé Sport.
Jérémy, c’est un jeune homme dynamique, à la blague facile et qui connait tout le monde sur la plage. Et pas moyen de ne pas avoir d’anecdotes lors d’une discussion avec lui. Difficile de ne pas sentir la passion de la mer qui l’anime et la volonté de fer qui l’habite pour développer son projet. En tout cas, il est déjà prêt à passer la vitesse supérieure et à mouiller le maillot – jaune – pour réussir ! Découvrez notre Lance Armstrong du lagon.
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Salut Jérémy, bienvenue sur NeOcean. Alors, ça pédale dur sur ton hydrofoiler ?
Salut NeOcean, merci de venir à ma rencontre ! Oui, ça pédale dur, ce n’est pas de tout repos si on veut vraiment pratiquer du sport et se donner à fond. Ça me correspond bien, j’ai toujours été très sportif et je suis de tout ce qui peut se faire dans l’eau.
J’ai passé toute mon enfance en Calédonie même si je n’y suis pas né. J’ai vécu sur un bateau pendant neuf ans et j’ai pratiqué tous les sports nautiques possibles et imaginables ! Je suis accro aux sensations fortes et à l’adrénaline, et les sports de glisse apportent beaucoup de ces émotions.
À 24 ans, j’ai la chance d’avoir déjà beaucoup voyagé et d’avoir eu des expériences professionnelles très diverses, orientées sport. Puis, en 2023, j’ai lancé ma société Jé Sport, qui a pour vocation de créer et développer une nouvelle activité touristique et nautique en Calédonie, avec un produit assez révolutionnaire qu’on appelle l’hydrofoiler.
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Donc en fait tu pédales sur l’eau c’est ça ? Comment fonctionne l’hydrofoiler ?
Alors, ce n’est pas « bikefoil » comme c’est souvent décrit, car on plane sur l’eau. Il n’y a pas de roues : un hydrofoiler est une structure « vélo » qui est sur deux foils, perpendiculaires à la structure, un à l’avant et un à l’arrière, qui permet une stabilité incroyable et donc qui s’adapte à toutes les pratiques. Je m’explique… Que ce soit un athlète de haut niveau ou une personne qui pratique occasionnellement – voire pas du tout – du sport, les deux peuvent tout à fait utiliser un hydrofoiler, de manière très ludique. La prise en main est super rapide et pour le monter-démonter, c’est relativement simple aussi.
Il y a deux options : soit vous utilisez simplement le moteur électrique grâce à la batterie en lithium et vous avez deux heures et demie environ d’autonomie pour une vitesse moyenne de 15 à 20 kilomètres heure. Soit vous êtes très sportif et vous voulez vraiment vous endurcir, vous muscler et dans ce cas-là, l’hydrofoiler devient un vrai outil. En effet, pédaler dans l’eau peut devenir très physique : il va s’utiliser comme un vélo électrique sur route, avec dix niveaux d’assistance. Pour vous donner un exemple, quand vous êtes à 50% de l’aide de l’assistance électrique, c’est l’équivalent en test d’effort pour un cycliste de monter le Mont Koghi ! Donc ça devient très challengeant. Vous pouvez faire des pointes de vitesse à 35 kilomètres par heure ! Plus vous pédalez, moins vous utilisez l’assistance électrique et plus votre autonomie d’utilisation augmente.
À partir de ce lundi, je commence mes baptêmes au Phare Amédée. Pour le moment, c’est la seule base nautique que j’ai mais je compte bien en ouvrir d’autres en fonction de l’engouement des Calédoniens. Pour moi, c’est vraiment une nouvelle façon de rider et de profiter du lagon. On a le droit d’aller jusqu’à 3,7 kilomètres d’un abri. Pour les riders, l’hydrofoiler est tellement stable qu’il est possible de surfer des vagues de 2,5 mètres !
Pour le moment, j’ai deux hydrofoilers mais je compte bien augmenter ma flotte. Je suis le référent de la marque “Manta 5” dans le Pacifique et j’ai la capacité pour former et certifier des moniteurs. À partir de là, je pourrais ouvrir d’autres bases nautiques suivant la demande des néophytes : îlot Maitre, Château Royal, une base dans le Nord, une base dans le Sud, sur le lac de Yaté. Car l’hydrofoiler se pratique sur n’importe quel plan d’eau. Le fait qu’il se démonte facilement fait que vous pouvez l’emmener partout.
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Pourquoi tu as voulu importer ces hydrofoilers en Calédonie, là où il y a déjà tant d’activités nautiques ? Qu’est-ce que tu ressens quand tu es sur/dans l’eau ?
Très honnêtement, j’adore cette pratique et je la trouve respectueuse de l’environnement. On s’entend : je sais que la fabrication ne l’est pas forcément mais je pense véritablement que l’hydrofoiler pourrait devenir un moyen de se déplacer sur le lagon tout aussi agréable que d’autres véhicules qui sont eux, plus polluants.
Pour moi, le lagon est une source de vie, je m’y sens mieux que sur terre. Il est très important pour moi de respecter ce milieu nautique et aquatique. Toutes les espèces qui s’y trouvent étaient là bien avant nous et y seront bien après nous. Le lagon, la mer, l’océan sont vraiment des milieux magiques et pleins de ressources ! On a la chance en Calédonie d’avoir le plus beau lagon du monde qui est même classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ! Il faut en profiter, le protéger.
Pratiquer tous les sports nautiques comme j’ai pu le faire m’a permis de me connecter très fortement à la Nature. C’est un peu paradoxal mais j’oublie que je suis humain quand je suis dans l’eau. J’ai l’impression d’être un dauphin ! Quand je fais des apnées par exemple, il m’arrive de ressentir l’appel des abysses. Je suis tellement bien dans l’eau que c’est difficile de remonter à la surface et à la réalité ! L’océan c’est ma vie. Je suis l’océan.
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