Nichée dans le vaste lagon calédonien, Tiga se distingue comme la plus petite des Îles Loyauté. Avec une cinquantaine d’habitants répartis sur ses 12 km², cette île entre Maré et Lifou est un concentré de tradition et de nature. 

Pourtant, depuis toujours, Tiga fait face à un défi majeur : l’isolement complet, sans ravitaillement régulier pour ses habitants. Une situation qui s’est accentuée ces derniers mois, plongeant les habitants dans l’isolement forcé. Une situation préoccupante qui sera temporairement réglée avec le départ d’un bateau de fret ce mardi de Nouméa. Cap sur Tiga ! 

Tiga
© Nouvelle-Calédonie Tourisme

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L’épreuve de l’isolement 

Habiter sur une île est un défi de taille. Particulièrement quand celle-ci ne mesure que quelques kilomètres carrés et qu’elle est dépendante de l’extérieur. La province des Îles Loyauté est composée de quatre îles, dont une est très souvent méconnue – voire inconnue – mêmes de certains Calédoniens : Tiga. Cette réalité se traduit par un enclavement technique : l’île fait fait à une grande difficulté de ravitaillement. 

Si celui-ci a toujours été une tâche complexe, Tiga bénéficiait, jusqu’à l’année dernière, d’un d’aller-retour de fret régulier. Mais le catamaran Ieneic, qui effectuait la liaison entre Tiga et Lifou deux fois par semaine, a cessé de fonctionner. Les vols intérieurs étant insuffisants pour recevoir les marchandises essentielles, l’isolement persiste…

Tiga
Le catamaran a cessé de faire la jonction pour cause de réparations… © Tour du monde nc

Et même s’aggrave, semaines après semaines, laissant les habitants coupés du monde et en manque de tout ce qui leur est nécessaire, notamment d’un point de vue alimentaire. Seule issue à cette situation ? Faire appel à des particuliers et des bateaux privés. Une solution couteuse et insuffisante pour des habitants dans des situations économiques déjà précaires.  

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La voix de Tiga 

Tiga
© J.F. Clair

Difficile de ne pas se sentir abandonné face à cette situation. C’est en tout cas ce que martèle les habitants, qui se sentent « à part ». L’annulation de la fête de la pastèque la semaine dernière ne fait qu’accentuer ce sentiment. L’économie locale repose en grande partie sur l’agriculture ou la pêche et notamment sur la vente de la pastèque. Deux tonnes : c’est la quantité qui leur reste à écouler faute d’avoir pu le faire… 

Confrontés à des pénuries alimentaires, les habitants de Tokanod – Tiga en Drehu – font aussi face à des difficultés d’accès aux soins médicaux. Cette détresse est exacerbée par le sentiment que leurs besoins sont ignorés ou minimisés par les autorités extérieures qui se renvoient la balle, tantôt pour des problèmes budgétaires, tantôt pour une question de compétences. 

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Entre isolement et résilience 

Dans tous les cas, Tiga est emblématique des défis auxquels sont confrontées de nombreuses îles dans le Pacifique. Entre isolement et résilience, l’île cherche à trouver un équilibre entre préservation de son héritage et adaptation aux réalités du monde moderne.

Un bateau, chargé de 200 tonnes de fret, est parti ce matin de Nouville. Il devrait arriver demain à Tiga et remplir les étals de l’épicerie de l’île et les placards de la cinquantaine d’habitants… Pour autant, le problème persiste et cette solution transitoire rappelle la nécessité de trouver des solutions pour Tiga, tout en nous sensibilisant sur la réalité de nombreuses populations du Pacifique.

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