SÉRIE : LES COURSES À LA VOILE À TRAVERS LE MONDE – ÉPISODE #5 – ROLEX FASTNET RACE

Ragazzi, ragazze, bienvenue sur NeOcean ! Si les alizés gonflent vos voiles et l’azur illumine vos cœurs, c’est que cette série d’articles sur les courses à la voile à travers le monde va vous faire chavirer. Petit tour d’horizon des balades plus ou moins tranquilles au sommet des flots du globe… 

Dans le quatrième épisode de cette série, nous vous présentions la mythique Rolex Sydney Hobart Race qui relie chaque année, comme son nom l’indique, Sydney en Australie à Hobart en Tasmanie. Cette semaine, on reste avec le fabricant suisse de montres de luxe mais on quitte les eaux du Pacifique direction… la Manche ! En quarante-neuf éditions, la Rolex Fastnet Race est devenue l’une des courses à la voile les plus mythiques du monde, forte d’une histoire hors du commun. 

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La Rolex Fastnet Race, un siècle d’histoire sur la Manche © Carlo Borlenghi/Rolex

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La plus grande flotte du monde 

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Le mythique rocher du Fastnet

Pour retrouver l’origine de la Rolex Fastnet Race, il faut remonter quasiment un siècle en arrière, en 1925. Après avoir participé à la Bermuda Race entre Newport (USA) et les Bermudes, le journaliste britannique Weston Martir se dit qu’il est temps d’organiser une course similaire sur le Vieux Continent. Un an plus tard donc, sept bateaux s’élancent de Ryde (Royaume-Uni) pour aller enrôler le Fastnet, ce rocher situé sur une petite île au sud de l’Irlande. Organisée depuis par le Royal Ocean Racing Club (RORC), cette course en équipage et sans escale rallie depuis 1927 Cowes à Plymouth, toujours en allant enrouler le Fastnet Rock

Alignant des bateaux de toute classe et proposant un classement en temps réel et un en temps compensé, l’épreuve devient rapidement réputée pour ses difficultés. En 1931, elle adopte un format biannuel. Désormais disputée aux alentours du mois d’août les années impaires, elle exige d’excellents choix stratégiques de la part des marins en raison des courants, des forts coefficients de marée et des prévisions météo souvent capricieuses.

Devenue extrêmement populaire, la Fastnet Race connait une explosion de son nombre de participants ces dernières années. En 2023, ce sont plus de 500 bateaux qui sont attendus sur la ligne de départ – soit la plus grande flotte du monde -, parmi lesquels des classes aussi imposantes que les multicoques Ultime et Ocean fifty. Contraint de changer son port d’arrivée face à cet engouement, l’organisation opte pour le port de Cherbourg (cocorico !) en 2021 et 2023. 

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Hop, on enroule autour du rocher © Kurt Arrigo/ROLEX

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1979, une édition tragique 

SI la Rolex Fastnet Race a eu lieu sans discontinuer pendant près d’un siècle, c’est aussi parce que la culture anglaise de la voile est très forte… et responsabilise les skippers. Sans cela, il y aurait eu fort à parier que l’épreuve disparaisse dès 1979, après une édition tragique. Cette année-là, une énorme tempête s’abat sur la course. Des vagues énormes couchent les navires sur l’eau pour un bilan accablant à l’arrivée : 75 bateaux chavirent, 5 coulent, 15 marins sont décédés et 139 autres ont dû être secourus. Seuls 86 navires sur les 306 enregistrés au départ finiront par être classés à Plymouth. Après une enquête approfondie, la course survivra néanmoins. La culture anglaise de la voile, encore : les skippers s’embarquent à leurs risques et périls… 

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La Navy à la rescousse des naufragés de l’édition 1979 © Royal Navy

Les leçons du passé sont toutefois bien retenues. Près de trente ans après le drame de 1979, l’édition de 2007 se prépare dans des conditions météorologiques épouvantables. Andrew McIrvine, commodore du RORC à l’époque (la plus haute fonction au sein de cet organisme), a alors la lourde responsabilité de retarder pour la toute première fois le départ de la prestigieuse course. De nombreuses voix s’élèvent alors contre cette possibilité mais, la sécurité de tous à cœur, McIrvine prend ses responsabilités. Quelque chose nous dit qu’il a quand même bien fait… 

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En 2023, la Fastnet retourne à Cherbourg

En cette fin de mois de juillet, la Rolex Fastnet Race célèbrera en grandes pompes sa cinquantième édition ! Pour l’occasion – et comme en 2021 -, la ligne d’arrivée se situera à Cherbourg. Si l’engouement populaire chez les Anglais a quelque peu diminué avec cette « délocalisation », il demeure que nous avons, en France, le chic pour transformer les arrivées de régate en véritables spectacles. Il ne reste alors plus qu’à espérer un vainqueur bleu blanc rouge à l’arrivée ! 

D’ailleurs, le premier français à damner le pion aux britanniques était Éric Tabarly en 1967 (on vous parlait déjà du bonhomme dans notre épisode 4). Il a alors fallu attendre 1999 pour voir une nouvelle victoire française au temps compensé. C’est alors Catherine Chabaud, à ce jour la seule femme à avoir remporté la course au classement général. Plus récemment, les bateaux français ont remporté le général des éditions 2013, 2015 et 2017 soit la première fois qu’une nation s’assure trois victoires consécutives depuis les Britanniques dans les années 1950. Voilà qui devrait encore leur plaire… 

Bienvenue à Cherbourg pour la 50ème Rolex Fastnet Race ©  Paul Wyeth/Rolex

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