Lancée dès 2019, la collaboration autour du risque requin entre la Mairie, l’État, le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, la province Sud et le Port autonome, a pris une nouvelle tournure vendredi 5 mai dernier. Les partenaires ont signé un accord-cadre visant à mettre en œuvre le plan destiné à réduire les risques d’attaque.
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Un front commun face au risque requin
C’était le samedi 25 mai 2019 : le petit Anthony, alors âgé de dix ans, était victime de la morsure d’un requin bouledogue dans la marina de la Baie de l’Orphelinat. L’attaque avait non seulement laissé le pays en émoi mais également mis en lumière la problématique de la prolifération de requins bouledogues sédentarisés aux alentours de Nouméa. Quatre ans plus tard, les partenaires et les collectivités mobilisés pour réduire le risque requin se réunissaient à l’hôtel de ville pour ratifier une « convention de partenariat accord-cadre ».
Baptisé « P3R » pour « plan de réduction du risque requin », cet accord-cadre doit notamment détailler sur le papier les engagements de chacun dans le but de réduire la probabilité d’une attaque, en particulier dans les baies de Nouméa et plus généralement en Nouvelle-Calédonie. L’idée est alors de coordonner les compétences des acteurs réunis autour de la table à travers un comité de pilotage, sans pour autant oublier d’impliquer les scientifiques et experts du sujet requin à travers la mise en place d’un autre comité technique. En effet, il est important de rappeler que les requins jouent un rôle majeur dans les écosystèmes aquatiques… Un expert venu de La Réunion – où on ne déplore plus aucune attaque depuis cinq ans – est ainsi attendu à la fin du mois.
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Filières sèches pour les déchets, barrières anti-requin pour les baigneurs
Pour en revenir aux engagements pris par les partenaires, la Province Sud agit depuis maintenant quatre ans à différents niveaux et se positionne comme le principal relai d’informations scientifiques pour les différentes collectivités, notamment grâce à des conventions avec l’IRD ou l’étranger. Le Port autonome, quant à lui, est déjà un appui logistique grâce à ses moyens nautiques d’ampleur. Il a surtout pris la décision forte d’éliminer tous les rejets liés aux pêcheries dans la petite et la grande rade de Nouméa, dont il a la responsabilité. Désormais, tous ces déchets sont traités dans des filières sèches et ne terminent donc plus à l’eau…
L’État français, représenté par le Haut-Commissaire Louis Le Franc, s’est également engagé dans cette démarche de front commun. Son accompagnement sera d’abord financier avec une participation à hauteur de 61 millions de francs CFP dans la mise en place des premières barrières anti-requin ardemment souhaitées par Sonia Lagarde. Pour rappel, le déploiement de ce dispositif est espéré autour de fin octobre ou début novembre dans la baie des Citrons. Une mise à disposition de personnels – certainement issus du service civique – afin de surveiller la baignade dans les baies de Nouméa a également été évoquée.
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Bientôt une filière de valorisation ?
Alors qu’une zone de baignade surveillée de 200 mètres par 20 a été inaugurée en fin de semaine dernière par la mairie à la Baie des Citrons, la gestion du risque requin reste un dossier brulant de cette année 2023 pour nos institutions. Rassemblés autour de cet accord, les partenaires ont également évoqué leur volonté de mettre en place une filière « requin » de valorisation. Pour l’heure, un arrêté interdit la vente de produits issus des requins (chair, mâchoire, …). Il pourrait être prochainement modifié pour permettre la mise en place de cette filière sur les espèces récemment déprotégées : les requins tigre et les requins bouledogue.
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