Betico 1, Betico 2… Betico 3 ? Rendez-vous à la gare maritime de Nouméa, récemment en travaux pour le bonheur des prochains passagers du navire en partance pour les Iles Loyauté (et l’Ile des Pins !). C’est dans ses bureaux qu’Edouard Castaing, Directeur Général de Sudiles, nous a reçu pour partager avec nos lecteurs les dernières nouvelles du Betico 2, après sa remise en beauté du mois dernier. Mais pas que ! Edouard, passionné par son métier, partage ce qui fait l’âme de l’entreprise : cohésion, dévotion et animation, un triptyque des valeurs de l’équipage. Ah oui, et lisez son interview jusqu’à la fin : Edouard vous annonce un heureux événement !
__
Bonjour Edouard et bienvenu sur NeOcean ! Alors, le Betico s’est refait une beauté ?
Bonjour NeOcean ! Oui, une beauté en profondeur puisqu’il a été hors de l’eau pour le carénage pendant plusieurs semaines… Mais pas seulement ! Tous les cinq ans, la quinquennale du navire doit être effectuée, à savoir sa révision de fond en comble.
Lors de ce contrôle, les experts vérifient que tout fonctionne parfaitement. Ils font aussi de la maintenance préventive pour assurer un niveau de sécurité optimal. Le Betico fait partie d’une catégorie de navires hautement surveillée puisqu’il transporte plus de trois-cents passagers.
__
Comment devient-on directeur d’un emblème aussi fort en Nouvelle-Calédonie ?
J’ai fait ma carrière professionnelle dans le secteur maritime parce que c’est un domaine qui me plaît beaucoup. En arrivant sur le territoire, j’ai travaillé chez Prony Ressources où j’étais en charge de la section maritime. Puis, j’ai eu l’opportunité de prendre la direction de Sudiles, il y a un peu plus de quatre ans déjà…
C’est un superbe challenge d’être à la tête de cette institution calédonienne ! Il y a un lien particulier qui se développe avec les clients, notamment les habitués. De plus, je suis quotidiennement témoin de l’implication des cinquante-sept membres de l’entreprise et c’est vraiment agréable de travailler avec des équipes si soudées et dévouées à leur travail.
__
Le Betico 2 était en carénage du 15 février au 29 mars 2023, pouvez-vous expliquer pourquoi et comment il faut prendre soin “de la bête” ?
Le carénage d’un bateau s’effectue tous les ans. Caréner consiste à nettoyer la coque du bateau et passer une ou plusieurs couches d’antifouling pour empêcher les organismes aquatiques de s’y fixer. C’est une étape essentielle dans la vie du bateau car les coquillages et algues qui se logent sur la coque peuvent l’endommager et font perdre au bateau son potentiel de vitesse…
Ces opérations durent habituellement 10 à 15 jours. Comme cette année nous procédons à la grande révision des quinze ans, l’opération est beaucoup plus longue et elle s’étale sur 7 semaines.
__
Pas trop peur des cyclones pendant le carénage ? Comment avez-vous sécurisé le bateau ?
Sortir le Betico de l’eau est un sacré défi ! C’est un bateau de 350 tonnes et s’il tombe, il est bon pour la casse ! Habituellement, l’opération d’entretien du navire s’effectue en juillet. Cette année, nous avons dû le sortir plus tôt parce que la date anniversaire du navire est le 7 avril et juridiquement, il n’aurait plus le droit de naviguer sans cette révision.
En amont, nous avons donc étudié les risques en cas de cyclone majeur. Les résultats fournis par les experts étaient assez rassurants pour se lancer pendant cette période. Toutefois, pour plus de sécurité, deux bras de renfort ont été positionnés de chaque côté de la coque afin de s’assurer qu’il ne bouge pas.
__
On nous dit dans l’oreillette que la Sudiles-Betico va avoir un troisième enfant ! Pouvez-vous nous en parler ?
Le Betico 2 fête ses quinze printemps cette année ! Ça commence à compter pour un navire à haute vitesse de cette taille ! La question du renouvellement du navire est actuellement en pourparlers et différentes options se présentent.
Comme le Betico transporte des passagers entre la Grande Terre et les Îles Loyauté, plusieurs acteurs sont impliqués dans l’équation : la Province des Îles, la Province Sud, le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie mais aussi Air Calédonie ! Nous devons collectivement définir un plan d’action cohérent et complémentaire. L’objectif est d’arriver à des solutions communes qui couvrent un maximum de services pour les usagers.
__
Que va-t-il advenir du Betico 2 ?
Le sujet fait partie des discussions. Il y a deux options : soit le bateau est vendu sur le marché international de façon à dégager des liquidités, soit il reste sur le territoire, en réserve. Néanmoins, cette dernière option engendre des coûts supplémentaires puisque le bateau doit être continuellement entretenu.
__
2h30 pour aller sur l’île des Pins en bateau, ça passe vite, enfin… quand on n’a pas le mal de mer ! Donnez-nous des détails techniques : vitesse de pointe, nombre de moteurs, puissance qu’ils dégagent…?
Le Betico 2 est un catamaran rapide, avec quatre moteurs couplés à des jets ; une vitesse moyenne de vingt-huit nœuds – environ 51 kilomètres par heure – et une capacité de trois-cent-cinquante passagers et cinq voitures.
Il existe quelques constructeurs spécialisés de ce type de catamarans. Leur technologie est fiable et confirmée ! Le marché se développe de plus en plus, y compris pour le voyage en haute mer. Ce sont des beaux bébés : ils peuvent mesurer jusqu’à cent-dix mètres de long, avec une capacité de mille passagers pour une vitesse de pointe de quarante nœuds, soit 74 kilomètres par heure !
__
Il y a souvent de l’« ambiance » sur le pont du Betico. Quelles sont les règles en place sur le navire ?
Nous tenons à cette ambiance ! En plus du snack, nous proposons souvent des distractions pendant les voyages. 2h30 pour l’île de Pins, c’est relativement rapide mais quand il faut aller sur les autres Îles Loyauté, c’est un peu plus long. Nous avons instauré des partenariats avec des groupes de musique locaux comme la fanfare Malawi. Ils embarquent pour la traversée et proposent un concert sur le « sundeck ». C’est toujours un moment très sympa qui plait bien aux clients !
Niveau consignes de sécurité, elles sont rappelées à chaque départ. Le personnel du bateau est en charge de les faire respecter pendant la traversée. Par exemple, l’alcool est strictement interdit à bord, il y a une fouille et une saisie à la gare maritime avant d’embarquer.
__
Au sujet du Betico, est-ce que vous pouvez nous raconter une anecdote qui s’est déroulée durant un trajet ?
Un jour, sur une traversée, au niveau du canal de la Havannah, une femme a fait un malaise… Il s’avère qu’elle avait perdu les eaux ! Il a fallu opérer un demi-tour pour qu’elle soit prise en charge rapidement à Nouméa.
Pendant les navigations, nous sommes en contact permanent avec le centre de coordination de sauvetage maritime (MRCC). Nous effectuons régulièrement des exercices de cellules de crise en inventant des scenarios de ce genre-là.
__
Une dernière actu ?
Plusieurs même ! La première concerne la rénovation du parking de la gare maritime. Il sera plus accueillant pour les usagers. Normalement, il sera prêt pour la remise à l’eau du Betico.
Ensuite, nous avons deux nouveaux partenaires : l’OPT et Avis. Le premier a permis la mise en place d’un distributeur de billets dans la gare. Plus de sérénité pour partir sur les îles avec ce qu’il faut dans le porte-monnaie ! Avec Avis, nous avons mis en place un système permettant aux clients de nous restituer les clés des voitures de location directement à la gare.
Nous avons d’autres idées en cours de réflexion… Nous retravaillons actuellement l’espace de la cafétéria du bateau de façon à améliorer son efficacité et sa rapidité. L’idée serait de pouvoir passer sa commande, aller se rassoir et revenir une fois prête afin d’éviter les longues files d’attente. Enfin, nous aimerions mettre en place un système de navette pour les clients, entre leur domicile et la gare maritime des îles. Nous sommes toujours en recherche de nouvelles idées pour améliorer le service client !
__
