Pour qui aime la plongée sur le Caillou a forcément déjà testé une plongée avec un club de la place. Parmi ceux-ci, Iatok Diving Paradise, un club adapté aux débutants comme aux experts. Leur Facebook donne envie de tout lâcher et de passer ses journées à plonger. Que ce soit des photographies ou des vidéos, Vincent Albert, le gérant, ne lésine pas sur les moyens pour partager la beauté du lagon calédonien.

En effet, c’est l’une des choses qui le motive le plus dans son métier après tant d’années de plongée : le partage de sa passion. D’abord auprès des curieux qui veulent découvrir et vivre un moment « suspendu » dans l’eau. Ensuite, auprès des plus aguerris, qui souhaitent obtenir des certifications. Centre de plongée et centre de formation, Vincent s’adapte aux pratiques et aux niveaux de chacun pour partager la richesse sous-marine du Caillou !

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Bonjour Vincent et bienvenue sur NeOcean. On rentre dans le vif du sujet : que signifie Iatok ?

Salut NeOcean, bienvenue dans notre salle de repos et de formation ! Iatok a été créé il y a un peu plus de vingt ans à Maré. Le club est resté 6 mois sur l’île avant de revenir sur Nouméa. Iatok est le nom local de la carangue grosse tête, un poisson qui été réservé au Grand Chef.

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Iatok est une institution depuis plus de vingt ans sur le Caillou. Est-ce que tu peux nous raconter son histoire au travers de la tienne ?

Je suis arrivé sur le Caillou il y a huit ans. À l’époque, je suis d’abord devenu mono à Iatok. Il y avait trois associés, deux sont partis et ils m’ont proposé de reprendre leur part. Il y a sept ans, je suis donc devenu le deuxième associé de Iatok. Puis, il y a quatre ans, le dernier associé est parti. Je suis devenu le dieu suprême et incontesté de Iatok Diving Paradise ! Je rigole bien sûr…

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Iatok est donc un club de plongée : est-ce qu’un plongeur non expérimenté peut venir te voir ? Et qu’en est-il du plongeur expérimenté ?

On accueille tout le monde chez Iatok, du débutant qui n’en a jamais fait jusqu’au moniteur expérimenté. Nous sommes le seul centre de l’île qui formons jusqu’au monitorat, en passant par tous les diplômes, qu’ils soient français ou internationaux. Le diplôme international prend le pas sur le diplôme français d’ailleurs…

Les palanquées se font par niveau. Il y a trois niveaux dans le système français, qui se basent sur la profondeur à atteindre en plongée. Ensuite, le niveau 4 permet d’encadrer les gens en exploration qui ont déjà des niveaux et les moniteurs vont former les plongeurs.

Dans le système international – qui est le système américain -, il y a un niveau de base qu’on appelle l’« open water ». En plus de ça, il y a des formations complémentaires qui sont des spécialités précises, formant les plongeurs sur des aspects plus précis. Être centre SSI signifie que nous délivrons ces formations.

Iatok
Sympa la rencontre fortuite ! © Iatok

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Est-ce que tu es le seul instructeur/moniteur de Iatok ? Peux-tu expliquer la particularité de ton club (SSi) ?

SSI est la plus grande école de formation internationale au monde. Avec mon expérience, j’ai voulu donner un angle différent. J’ai plus de trente ans de plongée, j’ai passé tous les niveaux et diplômes qui puissent exister. À la base, à Iatok, on se basait sur les diplômes français. Nous sommes les seuls à avoir un diplôme différent, qui n’est pas forcément reconnu partout…

Pour autant, à l’époque en tout cas, ils correspondaient aux pratiques des plongeurs dans le temps. Alors qu’aujourd’hui, la plupart des plongeurs sont sur du ponctuel, pour la plupart, les gens « testent » plus la plongée en fonction des lieux qu’ils visitent. Ils vont pratiquer une fois tous les six mois ou une fois par an. Bien entendu, il y a les plongeurs passionnés comme en Nouvelle-Calédonie, qui vont plonger tous les mois par exemple. Sans forcément pour autant vouloir performer !

Nous sommes devenus centre SSI il y a sept ans pour correspondre à toute la réalité des pratiques et nous sommes sans doute l’un des plus gros centres de France ! Nous sommes cinq formateurs. Je vais bientôt accueillir le sixième ! Il y a deux bateaux de dix-sept personnes. Nous plongeons entre la fausse-passe de Uitoé et la passe de Boulari.

Iatok
© Iatok

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Quel est le conseil NUMÉRO UN que tu donnes aux plongeurs qui apprennent ? Pourquoi celui-ci plus qu’un autre ?

Faites-vous plaisir et prenez votre temps ! Après tout, n’est-ce pas le but de la plongée ? Il ne s’agit pas de passer des diplômes à la chaîne mais de voir des poissons. Nous avons la chance en Nouvelle-Calédonie d’avoir des sites très faciles et qui permettent de voir des choses vraiment incroyables. Il n’y a pas besoin de descendre profond, la plupart des choses à voir restent dans les dix premiers mètres. Un niveau de base suffit amplement.

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En tant qu’instructeur, quel est l’endroit que tu préfères faire découvrir ? En tant que plongeur passionné as-tu un spot que tu aimes plus que les autres ? Pourquoi ?

Ce n’est pas vraiment possible d’avoir un spot préféré ici. En plongée, c’est vraiment la surprise. On peut voir tout, sur tous les sites. Il y a des gens qui vont préférer la quantité de poissons, d’autres les coraux, d’autres le petit, d’autres le grand… Nous sommes l’un des seuls spots au monde où nous pouvons quasiment tout voir. Que ce soient des raies, des requins… Alors oui, ça n’arrive pas tous les jours non plus de voir du requin-baleine, mais tout de même, la faune marine est exceptionnelle.

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Ta page Facebook est une mine de photos et vidéos d’animaux fantastiques : raies, baleines, requins-baleines, nautiles… Est-ce à chaque sortie comme ça ?

Oui, bien sûr, c’est tout le temps comme ça ! Trêve de plaisanteries, c’est vraiment fou la chance que l’on a au niveau de la biodiversité. C’est marrant car les plongeurs expérimentés se lassent parfois. Ils terminent leur plongée en disant « oh, aujourd’hui, il n’y avait rien ! », alors qu’ils ont vu des centaines d’espèces de poissons, quatre tortues, trois pointe blanche, des coraux en super forme… Certes il n’y avait pas quatorze raies Manta, de requin-baleine, de dauphins dansants et sautant au-dessus du bateau, mais tout de même ! C’est extraordinaire de voir ça… 

Pour ma part, au bout de trente ans, ce ne sont plus forcément les poissons qui m’animent. J’en ai vu des milliers, je crois que j’ai quasiment tout vu. Je ne suis pas du tout blasé, je suis réaliste sur la chance et la beauté des choses que j’ai pu voir. La seule chose que je n’ai pas encore vue, ce sont des orques. Au bout d’un certain temps, je ne fais plus ce métier pour voir les beautés sous-marines mais parce qu’on aime faire découvrir la plongée aux gens pour qu’ils sortent avec un sourire jusqu’aux oreilles.

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Quel est ton plus beau souvenir en plongée ? As-tu une anecdote à nous raconter ?

J’en ai des centaines ! J’ai plongé à La Réunion, à quelques mètres d’une baleine. Au bout d’un moment, je me retourne et il y en avait une autre, à moins de cinq mètres de moi qui me regarde avec ses grands yeux. J’ai joué pendant trois quarts d’heure d’avec des dauphins face à face : je me mettais sur le dos, ils se mettaient sur le dos… Ils nous imitaient, il y avait une belle interaction avec eux. En Bretagne, j’ai découvert un site formidable. J’ai plongé sur une épave alors que c’était la première fois que quelqu’un la visitait… Ici, j’ai vu un banc de cent raies aigles… Franchement, j’ai trop de souvenirs pour n’en choisir qu’un seul.

Ce qui me marque beaucoup dans ce métier, ce sont les gens qui ont peur avant de plonger. Ils ne sont pas à l’aise avec l’univers, les sensations, ils pensent que ce n’est pas pour eux, quelles que soient leurs raisons. Et puis pour certains, la plupart en général, ils ressortent en disant « oh mais c’est génial ! ». Voilà, ce sont des petites choses qui me font généralement très plaisir.

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On peut lire sur le site « La mer est notre terrain de jeu, protégeons-la ! ». Quel est ton lien à la nature et à la mer ? D’où te vient-il ?

Je suis Breton, je crois que nous sommes souvent très proches de la mer. Il y a plus de trente-cinq ans, j’ai fait un baptême en piscine. Pas super sexy dit comme cela. Mais ça m’a plu et c’est comme ça que j’ai commencé à plonger dans un club, j’ai commencé par passer mes diplômes. Je suis passé encadrant rapidement et j’ai eu la chance de tomber sur un gros centre de plongée avec le gérant qui m’a pris pour bosser avec eux.

Puis les études supérieures sont arrivées, je me suis rendu compte que ce n’était pas trop mon truc et j’ai réfléchi à mon plan B. C’est comme ça que je suis véritablement lancé dans l’aventure plongée. J’ai envoyé des CV à droite, à gauche. C’est la Guadeloupe qui m’a répondu en premier. Je suis parti et j’y suis resté dix ans.

C’est normal pour moi d’aimer la mer et de vouloir la protéger. C’est notre terrain de jeu. Le jour où il n’y aura plus de coraux ou de poissons, il n’y aura plus de plongée tout simplement ! C’est bien de protéger, il faut le faire intelligemment !

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Un dernier mot ou une dernière actu ?

Ce qui fait la différence de Iatok avec d’autres centres de plongée c’est peut-être que nous sommes des passionnés de la plongée et du partage qu’il entraîne. Je crois que c’est quelque chose qui nous tient tous à cœur, c’est le fait de voir les gens heureux à la sortie d’une plongée.

Je pense que nous avons réussi à créer une ambiance chez Iatok, qui est appréciée des personnes qui viennent chez nous. Nous sommes là pour nous faire plaisir, tous ensemble. Nous travaillons beaucoup avec les locaux, qui sont des clients plus exigeants que les touristes. Ils se lassent plus vite. Il nous faut donc créer de nouvelles choses, de nouvelles formations, proposer un bon service. Il n’y a pas de train-train chez nous. On part à l’aventure quand on part avec Iatok, qu’on soit deux ou quinze !

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