Alors que ce week-end, le Cercle Nautique Calédonien organisait la deuxième étape de son challenge offshore en vue de la Groupama Race 2024, nous avons rencontré Christine Gaillard, la co-capitaine de l’équipage 100% féminin Dove-Syrius Défi des Filles. Dans la petite cabine de Blue Dude, le bateau acheté il y a une dizaine d’années avec Sandrine Gravier, Christine nous raconte les étapes de cette aventure au féminin.
Tombée amoureuse de la voile sur le tard, Christine a décidé de se lancer dans l’achat d’un bateau alors qu’elle connaissait peu l’univers de la voile. De l’apprentissage de la navigation avec sa compère Sandrine, aux galères pour financer ce projet, elle nous relate surtout l’histoire d’une passion et d’un équipage. Entre solidarité, performance, amitié et régates, la « numéro 1 » garde le cap de Défi des filles qui vogue tranquillement sur les eaux cristallines de la Nouvelle-Calédonie.
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Salut Christine et bienvenue sur NeOcean ! Alors plutôt Dove ou Narta ? 😉
Salut NeOcean, bienvenue sur Blue Dude ! Réponse facile : plutôt Dove, évidemment !
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Bon ok, la blague était nulle… Peux-tu te présenter à nos lecteurs en quelques grands moments clés ?
Je m’appelle Christine Gaillard, je suis enseignante en mathématiques et ma grande passion c’est la voile. J’ai découvert cette pratique ici, je n’avais jamais fait de voile avant. C’est donc assez tard, en 2006, que je m’y suis véritablement mise. C’est un copain qui m’a proposé de venir naviguer sur son bateau et j’ai tout de suite adoré.
Puis, j’ai rencontré Sandrine Gravier, nous nous sommes vraiment bien entendues. À cette époque, il n’y avait pas beaucoup de femmes qui naviguaient. Nous avions l’envie d’acheter un bateau et bien que nous n’ayons presque pas navigué ensemble, nous avons acheté Blue Dude toutes les deux ! Nous sommes des femmes de défis, nous avions la même envie et les mêmes visions pour ce bateau.
L’idée de créer un équipage féminin nous est venue en même temps. C’était la bonne occasion pour valoriser la pratique de la voile auprès des femmes. C’était aussi une autre manière d’aborder les choses : il y avait déjà eu des équipages 100% femmes mais cela faisait longtemps. C’est en 2009 que nous nous sommes lancées dans ce projet. Il y a eu des mésaventures, nous sommes rentrées dans un autre bateau, nous avons démâté, et nous avons eu beaucoup d’équipages différents avant de nous stabiliser.
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Comment fait-on sponsoriser un bateau ? Comment as-tu trouvé votre sponsor ? Que vous apporte-t-il ?
Nous avons cherché des partenaires mais ce n’est pas si facile ! Beaucoup de personnes nous ont soutenus matériellement au début. La voile est un sport couteux et nous avons eu du mal à trouver un partenaire qui nous suive à la hauteur de nos besoins financiers. C’est en ça que notre participation à la Groupama Race a changé les choses.
Nous l’avions déjà fait sur différents équipages et quand nous avons eu l’envie de créer cet équipage 100% féminin, il nous fallait trouver un vrai sponsor. C’est à partir de là que nous avons donné un autre essor à l’association Défi des Filles et à la voile féminine en Calédonie.
Pour trouver un sponsor, il faut déjà croire très fort en son projet ! En premier lieu, nous avons monté un dossier de sponsoring. Puis vient le travail de démarchage. Il faut aller taper aux bonnes portes… Une fille de l’équipage, Sophie, était dans la communication et donc elle a fait ça de manière plus professionnelle que nous le faisions avant. Elle a donné une ampleur plus grande à nos recherches. Défi des Filles et la Groupama pouvaient avoir des retombés en termes de visibilité et de notoriété importante pour des sponsors. Quand on est une entreprise, ça donne envie d’avoir son nom associé à cet événement. C’est Dove qui a répondu en premier et qui nous a soutenues en répondant à nos besoins financiers.
Nous sommes en concertation avec Dove, il y a une grande partie autour des marquages, avec des contreparties précises. En revanche, ils nous font confiance sur la partie voile, ce qui est très agréable. C’est un partenariat gagnant-gagnant ! Depuis cette année, nous avons un nouveau partenaire qui va nous suivre pour la Groupama Race : Syrius Solar. C’est important pour nous puisque nous avons souvent des frais et avec ce nouveau sponsor, nous allons pouvoir pérenniser notre projet sur la Groupama et l’affiner. À chaque fois, nous avons un bateau de « prêt » car Blue Dude est trop petit ou en tout cas pas adapté pour participer à cet événement. Ces parrainages nous permettent d’équiper le bateau que l’on prend pour gagner en performance.
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Est-ce important pour toi de faire un équipage 100% féminin ? Pourquoi ? Y a-t-il une femme qui t’inspire plus que d’autres ?
L’équipage féminin c’est vraiment important pour moi. Je pense que c’est comme ça que nous sommes constituées ; le côté équipage uniquement féminin nous permettant à chacune de nous exprimer. Peut-être qu’avant nous avions aussi moins de compétences et donc moins de place sur un autre équipage. Aujourd’hui, nous montons toutes en compétences ensemble et nous trouvons plus facilement notre place.
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Qui fait partie de l’équipage ? Comment vous organisez-vous à bord ? Quelle est ta place au sein de cette petite famille ?
On a un équipage fixe depuis la précédente Groupama. Il y a Sandrine, la deuxième propriétaire du bateau qui est à la barre et qui est un peu notre « mère supérieure » comme disent les filles de l’équipage. Elle apporte le calme, la réflexion et la sérénité, indispensables au bon fonctionnement du bateau. Puis, il y a Shirley, qui fait tout le temps des blagues et qui est notre personne-ressource en tant que savoirs ! Elle a une expérience de fou car elle a beaucoup navigué, notamment récemment sur la Fastnet. C’est aussi notre doyenne et la petite nouvelle de notre équipe.
Il y a Alizée, qui a fait du catamaran à haut niveau au Cata Club de Nouméa et qui a participé à plusieurs championnats de France et du monde ! Une vraie compétitrice, ça lui tient à cœur et elle nous pousse à nous surpasser. Il y a Laura, qui connait très bien la mer, qui vit sur un bateau et qui est à l’embraque avec Sophie, notre madame communication ! Elle nous a beaucoup apporté niveau sponsoring ! Sans oublier qu’elle est très bonne navigatrice. Enfin, il y a Céline, son énergie et ses paillettes : une passionnée de bateau, qui vient de s’en acheter un pour y vivre. Elle a beaucoup navigué en Nouvelle-Calédonie sur différents bateaux.
Avec Céline nous sommes toutes les deux numéro 1, c’est-à-dire qu’on est sur le devant du bateau. Notre rôle est de préparer les voiles d’avant, de les envoyer, de les ranger pendant la course.
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Qu’est-ce que tu aimes le plus dans la navigation ? De quelle manière cette passion pour la voile s’est-elle développée ?
Comme j’ai commencé tard, je n’ai pas eu le temps d’apprendre à aimer en quelque sorte, c’est devenu une passion très vite ! Le bateau a toujours été un rêve. La voile est un savant mélange entre le côté liberté de la croisière et le côté tactique de la régate. C’est un sport complet, à la fois physique et intellectuel : tu es obligé de réfléchir à ce que tu fais en temps réel et t’adapter tout le temps, d’intégrer les données météo à ta navigation, de t’occuper en même temps de ton bateau et des manœuvres assez physiques… Il y a aussi la dimension équipage où tu dépends toujours des autres. Tu ne peux pas faire tout seul. Nous progressons ensemble et on ne peut laisser personne sur le côté ! Je dirais que c’est ce mélange de tout ça qui me plait le plus.
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As-tu une anecdote ou un meilleur souvenir à nous partager après ces nombreuses régates et entrainements ?
J’en ai plein ! Je ne sais pas trop comment choisir… Ces dernières années, je dirais que mes meilleurs souvenirs sont pendant la Groupama ! Les deux que nous avons réalisés en équipage 100% féminin ont été extraordinaires. Il y a eu des moments suspendus et magiques, tu es au Nord de la Calédonie, en train de contourner le Caillou, avec des paysages incroyables et dans des conditions qui nous soudent les unes aux autres… C’est indescriptible.
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Un dernier mot ou une dernière actu pour nos lecteurs ?
L’actualité de ce mois c’est simplement qu’on a décidé de s’entrainer au moins une fois par mois sérieusement. Non que nous ne le faisions pas avant mais c’est toujours un peu compliqué d’avoir tout le monde en même temps sur le bateau le mercredi avec nos boulots respectifs. Maintenant, nous avons un planning et nous nous y tenons. C’est important que nous puissions nous entraîner ensemble pour plus de performance. Cap sur la New Caledonia Groupama Race 2024 !
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