Les échouages d’animaux marins sont depuis toujours un phénomène intriguant que les scientifiques tentent de comprendre. La Nouvelle-Calédonie n’est pas exempte de ces échouages de mammifères marins

Une étude de l’IRD vient d’ailleurs d’être publiée, offrant un aperçu exhaustif de ces évènements. Outre l’importance capitale de ces données pour en apprendre plus sur notre biodiversité, cette étude est avant tout un levier pour mettre en place des mesures de sensibilisation et de conservation… Retour sur un travail de plus de trente ans.  

échouages
© Canva

__

Trois décennies d’observations et d’échantillonnages

Si la recherche est un travail de longue haleine, cette étude sur les échouages des mammifères marins en Nouvelle-Calédonie en est la preuve. Dix-huit scientifiques sont impliqués dans cette étude sur les échouages autour du Caillou. Et ces évènements sont largement étudiés puisque depuis 1991, ils sont enregistrés et documentés. 183 échouages impliquant 322 individus d’espèces différentes ont été signalés. Les dugongs, les cachalots et les dauphins, en particulier les globicéphales, figurent parmi les espèces les plus touchées. 

« C’est une étude qui n’est pas facile à faire, nous avons 30 ans de données éparses, nous sommes 18 personnes à écrire sur le sujet et dans 80% des cas, nous ne savons pas pourquoi les animaux se sont échoués. Il ne faut pas oublier qu’en cas d’échouage, les animaux peuvent aussi être remis à l’eau. Et quand ils meurent, nous ne sommes pas vétérinaires, c’est difficile d’analyser les causes… ». 

Claire Garrigue
échouages
Près de trente espèces observées dont les Dugongs sont les plus concernés… © IRD Solène Derville

Cette analyse longitudinale a révélé une tendance à la hausse ces quinze dernières années, « avec une moyenne autour de dix par an ». Mais la chercheuse assure que c’est tout de même moins qu’en métropole. Bien que les causes exactes restent difficiles à déterminer, il est évident que les activités humaines jouent un rôle, notamment pour nos vaches des mers qui subissent encore du braconnage dans nos eaux. 28% des dugongs sont attribués à des causes humaines. 

Des « points chauds » ont aussi été identifiés, notamment sur la côte ouest de la Grande Terre, vers Bourail, Ouano, Nouméa, dans la Baie de Prony ou à l’Île des Pins. Des cas ont été aussi signalés à Ouvéa. Dès que cela a été possible, des autopsies ont été faites, apportant ainsi des informations précieuses sur les espèces en elles-mêmes. Par exemple, Claire a pu affirmer que le grand cachalots est bien plus présent que supposé dans les eaux de Calédonie puisque c’est la deuxième espèce la plus communément échouée ici.

__ 

Sensibilisation, formation, conservation 

Bien que le nombre d’échouages en Nouvelle-Calédonie ne soit pas considéré comme alarmant en comparaison à d’autres régions, la tendance à la hausse et l’impact humain sur certaines espèces soulignent la nécessité de vigilance et d’action. La protection des mammifères marins est non seulement un impératif écologique mais aussi un défi pour la conservation à l’échelle mondiale. Cette situation met en évidence l’urgence de comprendre et de mitiger les impacts anthropiques de la vie marine

échouages
© IRD Solène Derville

Ainsi depuis 2016, pour mieux gérer ces événements, de nombreuses formations sont dispensées aux gardes nature et aux bénévoles. Ces initiatives visent à améliorer la surveillance, la compréhension et la réaction aux échouages. Une plateforme « RESCUE » a été créée par l’IRD pour permettre aux gestionnaires et au grand public de se documenter sur ces échouages et les signaler. 

« Nous avons réussi à récolter beaucoup de données sur des espèces très variées. Le travail n’est pas fini mais cela nécessite aussi des moyens humains et financiers ! Notre objectif dans tous les cas est de donner des pistes de réflexion et d’action aux pouvoirs publics afin qu’ils prennent les décisions adéquates pour conserver notre biodiversité locale et mondiale ». 

Claire Garrigue

__