Parce qu’on n’en finira jamais de parler de nos tortues calédoniennes – et qu’on est absolument fan d’elles -, nous nous sommes rendu mardi soir à la conférence C’Nature portant sur nos petits animaux à carapaces. C’est bien installé dans les fauteuils molletonnés de l’auditorium de la Province Sud que nous avons assisté à la conférence gratuite, 100% féminine, organisée en partenariat avec le CRESICA.

Au micro de cette session : Claire Goiran, enseignante-chercheuse à l’UNC, Solvène Solal, stagiaire de Master 2 à l’UNC auprès de Tyffen Read, adjointe au chef de service de prévention de proximité et d’accompagnement technique à la Province Sud. Ensemble, elles nous ont présenté le dispositif TORSOOI, un outil d’identification photographique pour reconnaître les tortues qui peuplent l’Ansa Vata, la Baie des Citrons et les îlots proches de Nouméa. Une conférence remplie de bonne humeur et de beaucoup d’humour !

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Un outil pour reconnaître les tortues calédoniennes

« Imaginez-vous nageant dans les eaux limpides de l’îlot Signal, quand soudain vous apercevez une tortue marine. Est-ce la même que la semaine dernière ? Laissez-nous vous présenter un outil pour les identifier : TORSOOI ! ».

Solvène Solal

Voilà comment la jeune et dynamique Solvène a commencé sa présentation, soutenue par une vidéo d’une tortue marine. Nous sommes directement plongés dans le thème : la reconnaissance et l’identification de ces espèces.

En effet, cette conférence visait à présenter le fonctionnement d’un logiciel nommé TORSOOI et son utilisation pour comprendre la répartition des populations de trois espèces de tortues dans les zones de l’Anse Vata, de la Baie des Citrons et des îlots alentour (Signal, Amédée, Maître, Canard, Larégnère). Cet outil de photo-identification permet de reconnaître les individus grâce à leurs écailles faciales. C’est à partir de ce dispositif que Solvène a pu réaliser son enquête, dans le cadre de son stage de M2. Il avait pour objectif principal d’estimer les habitudes des tortues imbriquées, vertes et grosse tête, en fonction notamment de facteurs météorologiques tels que le vent ou les marées.

En outre, l’idée était d’utiliser les photographies des têtes des tortues pour pouvoir les identifier. Car leurs écailles faciales sont comme nos empreintes digitales : elles sont uniques pour chaque individu. Une fois cette identification réalisée, les espèces ont été suivies et observées par rapport aux indicateurs environnementaux. Au total, ce sont 768 tortues qui circulent autour de ces zones et qui ont leurs petites habitudes. Et elles ont des noms en fonction de leur site préféré ! Vous pourrez donc croiser Colgate ou Powersmile si vous barboter en PMT à Signal. On vous l’a dit, une conférence pleine d’humour…

« Comme l’îlot Signal nous faisait penser à un dentifrice, nous avons nommé les tortues avec des prénoms associés ! Nous avons donc Colgate, Aquafresh, Powersmile… » Malin !

Solvène, le sourire aux lèvres !

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Les tortues, fidèles au lagon !

Pour identifier ces 768 tortues, il a fallu du temps. C’est sur une période de cinq ans que toutes ces tortues ont pu être identifiées et suivies. Notamment grâce à des chercheurs mais aussi par l’aide de bénévoles comme les Fantastiques Grands-Mères, présentes pour l’occasion et largement applaudies pour leur engagement. Outre la collecte de ces données précieuses, les photographies trouvées sur les réseaux sociaux sont aussi utilisées.

Entre surveillance et identification, Tyffen est de tous les réseaux sociaux ! Attention à vous… © NeOcean

Une manière de rappeler illico presto la réglementation stricte sur l’observation des tortues marines ! C’est Tyffen qui s’en ai chargé. Et on ne rigole pas avec la loi. Si aujourd’hui les tortues sont aussi des sujets de droit en Provinces des Îles, elles disposent aussi d’une protection juridique spéciale en Province Sud. On ne le dira jamais assez : ne vous approchez pas à moins de dix mètres et ne les touchez pas… Sous peine de vous faire épingler par Tyffen, présente sur les réseaux et qui poursuit les individus assez idiots pour se photographier en infraction… Tyffen à l’amende facile apparemment !

En tout cas, les résultats sont sans appel. Les tortues sont des animaux fidèles à leur site d’alimentation ! C’est en tout cas vrai pour 743 tortues, soit 93% d’entre elles. Ces résultats offrent un argument de plus pour mettre en place des plans de conservation des zones où elles se trouvent. En effet, pour protéger ces animaux emblématiques, il faut protéger leur zone de vie et ne pas les empêcher d’y accéder. Une belle façon de rappeler que la pose de filets à la Baie D pourrait être un grand danger pour les tortues qui y vivent…

« Si on les empêche d’accéder à leur zone de repos à la Baie D, elles ne sauront pas où aller. Elles n’ont jamais été observées ailleurs ! Ce sont des animaux qui ont beaucoup de mal à trouver et à s’adapter à un nouvel environnement. »

Claire qui fait un clin d’œil dirigé à la Commissaire enquêtrice chargée d’examen des dossiers des filets à la Baie D…

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tortue
© Canva

C’Nature, C’cool et C’gratuit !

La conférence s’est terminée avec une session de questions-réponses, au moins aussi longue que la présentation en elle-même. Preuve s’il en faut que le sujet fascine toujours autant ! Au-delà de cette conférence, le programme existe depuis deux ans. En effet, la Province Sud et le CRESICA ont à cœur de proposer ces conférences mensuelles, gratuites et rediffusées sur Caledonia. Elles sont l’occasion de valoriser les travaux scientifiques locaux auprès du grand public et de donner envie de s’engager pour la préservation de l’environnement. Prochain sujet ? « Les tsunamis en Nouvelle-Calédonie : du mythe à la réalité » ; rendez-vous le 5 septembre à 18h dans l’auditorium de la Province Sud !

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